Voir plus
Voir moins

Succès radio

L’émission des étudiants en histoire sur CHOQ.ca est écoutée jusqu’en Colombie-Britannique. 

Par Jean-François Ducharme

28 janvier 2019 à 11 h 01

Mis à jour le 28 janvier 2019 à 16 h 01

L’animateur et le régisseur accueillent trois chroniqueurs – des étudiants en histoire de l’UQAM ou d’autres universités –, qui viennent approfondir des sujets historiques, souvent en lien avec leur mémoire de maîtrise.

La popularité de l’émission de radio Histoire de passer le temps, diffusée tous les vendredis sur les ondes de CHOQ.ca, ne se dément pas. Chacun des épisodes est écouté par plusieurs centaines d’auditeurs en direct, en baladodiffusion ou sur Facebook Live. La page Facebook de l’émission compte quelque 1200 abonnés, et les commentaires élogieux d’auditeurs assidus se succèdent. «Des gens qui n’ont jamais étudié à l’UQAM nous disent qu’ils ne ratent jamais un épisode, raconte Valérie Beaulieu-Paquette (B.A. histoire, 2014), étudiante à la maîtrise en histoire et membre du comité de coordination de l’émission. Nous avons eu, par exemple, un commentaire d’un camionneur qui nous écoute sur la route en Abitibi.»

Depuis l’automne dernier, la radio communautaire francophone CILS-FM de Victoria, en Colombie-Britannique, diffuse l’émission. Ce partenariat entre l’équipe étudiante et la station qui rejoint quelque 30 000 francophones et francophiles de l’ouest du pays a vu le jour grâce à Mathieu Cordeau (B.A. histoire, 2015), qui anime l’émission matinale à la radio de Victoria tout en complétant sa maîtrise. «Nous sommes ouverts à développer des ententes similaires avec des radios communautaires qui souhaitent ajouter du contenu historique à leur programmation», affirme Amélie-Roy Bergeron (M.A. histoire, 2018), l’une des cofondatrices de l’émission.

Recréer des moments de plaisir

Amélie a démarré le projet à l’automne 2016 avec quelques collègues de la maîtrise. «Lors de séminaires ou de colloques, discuter de différents sujets historiques entre collègues nous stimulait à tel point que nous avons décidé de recréer ces moments à la radio. L’émission est donc née d’un désir un peu égoïste de se faire plaisir», dit, en riant, celle qui a continué à s’impliquer dans le projet – et à se faire plaisir – après avoir terminé ses études.

Chaque épisode dure une cinquantaine de minutes. L’animateur et le régisseur accueillent trois chroniqueurs – des étudiants en histoire de l’UQAM ou d’autres universités –, qui viennent approfondir des sujets historiques, souvent en lien avec leur mémoire de maîtrise. Certains épisodes comportent une thématique en lien avec l’actualité, d’autres ont un contenu plus éclaté. Une émission spéciale était consacrée à l’histoire des chemins de fer dans trois pays différents, le Canada, les États-Unis et la Chine. Plusieurs capsules touchant l’histoire de Montréal – le parc du Mont-Royal, le parc La Fontaine, les Sulpiciens, les Fortifications – ont été réalisées. L’une des chroniques les plus populaires diffusées à l’émission portait sur la place des femmes au sein de la discipline historique.

Histoire de passer le temps a l’avantage de faire découvrir de nouveaux sujets à tout le monde, même à ceux qui baignent dans l’histoire à temps plein. «Je ne pensais pas que l’Antiquité m’intéressait, jusqu’à ce qu’une chroniqueuse viennent raconter en ondes la fascinante saga de Toutankhamon», raconte Amélie Roy-Bergeron.

L’art de communiquer

Si les chroniqueurs maîtrisent habituellement leur sujet sur le bout de leurs doigts, certains éprouvent de la difficulté à le communiquer de façon naturelle. «Les historiens passent beaucoup de temps à consulter des archives, mais parlent rarement de leurs recherches en public, souligne Valérie Paquette-Beaulieu. Faire de la radio pour la première fois constitue une grande source de stress.» Et un excellent exercice!

«Le rôle de l’animateur est très important pour dynamiser les chroniques, ajoute Amélie Roy-Bergeron. Ses interventions et questions spontanées forcent les chroniqueurs à vulgariser leurs propos et à sortir du cadre rigide d’un exposé oral.»

Lorsque des étudiants reviennent à l’émission une deuxième, troisième ou quatrième fois, on remarque une évolution dans leurs habiletés de communication. «Ils sont beaucoup plus à l’aise dans la livraison de leur chronique, et cette confiance en soi qu’ils développent à la radio se transpose ensuite dans leurs communications orales lors de colloques, par exemple», observe Valérie Paquette-Beaulieu.

 «L’émission met aussi en valeur les compétences de recherche, d’esprit critique et de synthèse des étudiants, ajoute Amélie Roy-Bergeron. En entrevue, les étudiants peuvent faire écouter une chronique à leur futur employeur pour montrer qu’ils peuvent transférer les connaissances acquises à l’université en contexte appliqué.»

Effort collectif

Coordonner l’émission demande un grand investissement de temps, surtout en période de rédaction de mémoire. «Le comité de coordination change tous les ans selon un principe d’alternance, soulignent les jeunes historiennes. Ce même principe s’applique aussi à l’animation et à la régie de l’émission: une rotation est faite à tous les épisodes.»

Si l’émission est née de l’initiative d’une poignée d’étudiants il y a trois ans, Histoire de passer le temps est devenu un projet qui fédère tous les étudiants aux cycles supérieurs en histoire. «C’est cet effort collectif qui, je l’espère, permettra d’assurer la survie de l’émission à long terme», conclut Amélie Roy-Bergeron.