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Léa Pool, cinéaste de l’émotion

La réalisatrice s’est imposée comme l’une des grandes cinéastes québécoises grâce à ses œuvres intimistes.

Série

L'esprit UQAM

10 décembre 2019 à 13 h 12

Mis à jour le 21 janvier 2020 à 10 h 01

Série L’esprit UQAM
On les reconnaît à leur audace, à leur esprit d’innovation, à leur sens de l’engagement. Ils ont «l’esprit UQAM». À l’occasion du 50e, des diplômés qui ont fait leur marque dans toutes les sphères de la société évoquent leur parcours uqamien. Cette série a été créée pour le site web UQAM: 50 ans d’audace.

Léa Pool.

Léa Pool (B.A. communication, 1978) s’est imposée comme l’une des grandes cinéastes d’ici avec des œuvres intimistes et empreintes d’émotion. Arrivée au cinéma par hasard, la réalisatrice a d’abord été enseignante dans son pays d’origine, la Suisse, avant de s’établir au Québec dans les années 1970. L’amour, l’exil et le déracinement comptent parmi les thèmes qu’elle a explorés. Tout au long de sa carrière, Léa Pool a placé la quête de l’identité, plus particulièrement celle des femmes, au cœur de sa démarche, comme en témoignent des films comme Anne Trister (1986), Emporte-moi (1997) et Lost and Delirious (1999).

La qualité et l’originalité de son travail ont été saluées dans de multiples festivals, tant nationaux qu’internationaux. Elle a obtenu plusieurs distinctions, dont le Prix du meilleur film canadien au Festival international de films de Toronto pour La Femme de l’hôtel – le film qui l’a lancée –, en 1984, le Prix spécial du jury œcuménique au Festival international de Berlin pour Emporte-moi, en 1998, et le prix Jutra du film s’étant le plus illustré hors Québec pour Maman est chez le coiffeur, en 2009. Léa Pool a aussi remporté, en 2006, le prix du Québec Albert-Tessier pour l’ensemble de sa carrière. L’UQAM lui a remis un Prix Reconnaissance en 2006.

La cinéaste, qui a souvent eu l’occasion de partager sa passion avec les étudiants de l’UQAM lors d’ateliers du programme de cinéma, est devenue la première femme à remporter en 2016 le prix du Meilleur film de l’année au Gala du cinéma québécois (anciennement les Jutra) pour La passion d’Augustine. Toujours active, elle a réalisé en 2017 son 20e film en carrière intitulé Et au pire, on se mariera.

Quel type d’étudiante étiez-vous?

J’étais une bonne étudiante, assidue, et j’aimais ce que je faisais. Je venais d’arriver au Québec, en provenance de la Suisse. Je prenais mes cours très au sérieux. J’étais à ma place.

Que vouliez-vous devenir?

Au début de mes études, je voulais être photographe, mais, en suivant la formation en cinéma, j’ai eu la piqûre. Jusque-là, je croyais que le cinéma était un milieu inaccessible, et que la situation était encore pire pour une femme (ce qui est toujours le cas, mais bon…). Durant mon baccalauréat, j’ai pu réaliser mon premier court métrage et cela m’a donné confiance pour la suite.

Quelle idée, quel concept, quel buzzword était à la mode dans votre domaine à l’époque de vos études?

Le tutoiement était très à la mode! J’arrivais de Suisse, où la hiérarchie est importante et le vouvoiement de mise. À l’UQAM, les professeurs me tutoyaient et je pouvais les tutoyer sans problème. C’était déroutant pour moi!

Quel était l’endroit préféré des étudiants pour se réunir?

Durant la première année, les cours du baccalauréat se donnaient au pavillon Read, sur la rue de la Gauchetière. Nous avions une salle commune. Par la suite, nous avons déménagé au pavillon Judith-Jasmin dans le campus central et les étudiants se réunissaient à l’Atrium.

Pouvez-vous nommer un professeur, une phrase ou un cours qui vous a marquée?

Le photographe Pierre Guimond. Il m’avait demandé de l’aider dans le cadre d’un shooting photo pour la pochette d’un disque du groupe Beau dommage. J’étais bien fière! André Melançon et Georges Dufaux. Ce dernier nous avait apporté des rushs de ses films, soit les images produites durant un tournage mais coupées au montage. Comme projet académique, nous devions réaliser un film de montage à partir des images récupérées. Le résultat m’avait beaucoup impressionné. C’était aussi le début de la vidéo et j’aimais le côté instantané du médium. Dans le cadre du cours de vidéo, nous partions filmer des images avec des Portapak de Sony! On pouvait regarder les images que nous avions tournées à l’instant plutôt que d’attendre qu’elles soient développées.

Que souhaitez-vous à l’UQAM pour ses 50 ans?

Que l’École des médias continue de développer et de soutenir des talents émergents. Il y a tellement de bons diplômés de l’École qui travaillent dans le milieu des communications. Des caméramans, des réalisateurs… c’est hallucinant! Et ces diplômés ont une excellente réputation. Je souhaite à l’École de conserver cette notoriété.