Un groupe d’étudiants à la maîtrise en communication (concentration recherche-création en média expérimental) présenteront deux installations et une performance à l’occasion du lancement de la 5e édition du Printemps numérique, le 22 mars prochain, au musée McCord. Ces projets ont été développés dans le cadre du cours «Laboratoire – Atelier en pratiques performatives et inter-médias», sous la direction des professeurs Éric Létourneau et Alexandre Saint-Onge, de l’École des médias.
«Le musée McCord nous a invités à soumettre des projets, souligne Éric Létourneau. Avec les étudiants, nous avons choisi d’adopter une posture critique à l’égard de l’intelligence artificielle et des technologies numériques. Pensons, par exemple, aux mégadonnées et aux technologies de géolocalisation qui permettent la surveillance des individus, ou à l’infiltration des systèmes d’exploitation informatique par la publicité.»
Cette année, le Printemps numérique porte sur la rencontre entre la culture et l’intelligence artificielle. Il propose une programmation comportant plus de 300 activités en créativité numérique, se déroulant du 21 mars au 21 juin.
Entre intelligence artificielle et naturelle
Les étudiants ont conçu leurs projets en s’interrogeant sur la façon dont les objets techniques, constitutifs des dispositifs d’intelligence artificielle, peuvent ou non contribuer au développement d’une pensée collective. Ils ont mobilisé des dispositifs de rétroaction – images numériques, algorithmes et capteurs – pour générer des situations en lien avec le comportement des corps et des objets dans l’espace.
Dans la performance intitulée Cat Mapping, les étudiants Claudie Lévesque, Michel Duchesne, Mely Garde et Sophia Dalouli ont imaginé deux mystérieux personnages qui se trouvent plongés dans un univers mêlant le corps et la technologie, entre intelligence naturelle et artificielle. «Moitié chats et moitié humains, ces figures hybrides sont habillées de projections et rétroprojections créées en direct à partir de citations de penseurs et d’écrivains sur la notion d’intelligence, et d’images de corps appartenant à différents courants artistiques», explique Mely Garde.
«Utilisée à des fins de divertissement dans les réseaux sociaux et dans les vidéos sur YouTube, l’image du chat est devenue l’un des sujets principaux de la culture populaire, observe Éric Létourneau. Face à ce phénomène de la “mignonitude”, qui traverse notre société, les étudiants proposent une performance qui redéfinit les frontières entre intelligence naturelle, artificielle et collective, le tout saupoudré d’une touche d’humour.»
Pour concevoir EUXLA (Extended User Experienced Licence Agreement), Marc-André Cossette et Stéphanie Dupuis se sont inspirés d’un épisode de la série télé de science-fiction Black Mirror, dans laquelle la technologie s’infiltre dans les interactions quotidiennes entre les individus. Chaque interaction entre les personnes ayant accepté de participer à l’expérience est notée sur cinq étoiles, via une plateforme informatisée ressemblant à Instagram. Les personnes enregistrant les meilleurs résultats se voient attribuer des privilèges.
Dans l’installation audio-vidéo Wachiyeh conçue par Isabelle Barzeele, le spectateur écoute une trame sonore et voit des images recueillies sur le territoire de la nation crie à la baie James. Ces éléments sonores et visuels évoquent les lois de la nature, l’énergie et le savoir traditionnel des anciens. «Les expériences offertes par le numérique au grand public obéissent souvent à des impératifs économiques et nourrissent la dimension spectaculaire et marchande de la vie quotidienne, dit Éric Létourneau. Avec cette installation, on se demande comment la notion d’intelligence artificielle s’arrime avec les notions d’intelligence naturelle et collective, telles qu’elles s’expriment dans la nation crie.»