En avril dernier, le gouvernement du Québec a annoncé des investissements de 24 millions de dollars pour rajeunir les installations du Parc Safari d’Hemmingford. Les travaux prévoient le réaménagement et la construction d’installations zoologiques, l’aménagement de nouvelles infrastructures récréatives et l’amélioration des services publics. C’est dans ce contexte que 26 étudiants en design et en études urbaines et touristiques ont participé, du 10 au 19 novembre derniers, à une charrette pluridisciplinaire visant à proposer des idées pour le réaménagement du parc.
«Les étudiants devaient réfléchir au parc animalier du XXIe siècle et à sa pertinence dans le monde d’aujourd’hui», explique François Racine, professeur au Département d’études urbaines et touristique (DEUT), qui a dirigé la charrette avec des collègues de l’École de design et du DEUT. «De nombreux parcs zoologiques ont désormais une mission de conservation des espèces, fait remarquer le professeur. Il y a lieu, par exemple, de s’interroger sur la place que prend l’humain sur la planète et sur celle qu’on laisse aux animaux, lesquels ont besoin de beaucoup d’espace pour évoluer.»
Le chercheur répondait à un appel à propositions du directeur général du Parc Safari, Jean-Pierre Ranger. «Les chercheurs du DEUT connaissent bien les problématiques du Parc Safari, puisque certains d’entre eux travaillent depuis au moins quatre ans avec le directeur et son équipe, mentionne François Racine. Le professeur Mohamed Reda Khomsi, notamment, s’intéresse à l’usage des nouvelles technologies dans l’amélioration de l’expérience des visiteurs du parc.»
Durant l’événement, les étudiants ont effectué une visite au Parc Safari, afin de se familiariser avec les infrastructures déjà en place, ils ont rencontré des vétérinaires du parc pour mieux comprendre le comportement des animaux en lien avec leurs différents habitats (safari africain, safari américain, zone aquatique, etc.) et ont discuté avec le directeur général, Jean-Pierre Ranger, qui leur a présenté les grandes orientations et les besoins du parc animalier.
Les participants sont ensuite retournés à leurs tables de travail pour plancher sur leurs propositions et concevoir des maquettes 3D. Un plan directeur annonçant les grandes lignes du projet d’aménagement du Parc Safari leur a servi de canevas de base «afin que les projets ne partent pas dans tous les sens», dit François Racine. «Comme l’équipe du Parc Safari souhaite attirer de nouveaux clients avec un projet de sites d’hébergement, les étudiants devaient, par exemple, tenir compte de cet élément dans leurs propositions», observe celui qui est aussi architecte et urbaniste. Un document préparé par l’agent de recherche Raymond Laliberté, à partir des travaux des chercheurs du DEUT, a aussi alimenté les réflexions des étudiants. Le professeur a aussi reçu l’aide de Louis Lauzier-Jobin, candidat à la maîtrise en études urbaines, qui a fait office d’assistant de recherche dans le cadre du projet.
Représenter tous les points de vue
L’exercice a par ailleurs permis aux étudiants de former des équipes multidisciplinaires, une exigence de la charrette. «Il fallait tenir compte des différents aspects du réaménagement, que ce soit en tourisme, en design, en architecture ou en urbanisme», précise François Racine. Les étudiants provenaient principalement du baccalauréat en urbanisme (3e année), du D.E.S.S. en design d’évènements et des programmes de maîtrise en design de l’environnement, en développement du tourisme et en études urbaines. «Durant leurs études, ils n’ont pas souvent l’occasion de travailler avec des collègues d’autres disciplines, rappelle François Racine, alors que dans leurs milieux professionnels, ils seront appelés, pour la plupart, à collaborer avec des ingénieurs, des designers, des urbanistes, des architectes, etc.»
Les propositions des étudiants étaient des plus variées. «Un projet visait à créer un endroit où toute la place serait laissée aux animaux et où les humains seraient des invités, décrit François Racine. Un autre était plus proche de la philosophie d’un écomusée et un autre encore misait sur la technologie, faisant appel à des simulations d’habitats africains ou boréals. Au final, les équipes les plus performantes sont celles qui ont su se rallier à une idée principale et bien exploiter les expertises de chaque membre du groupe.»
Les projets ont été évalués par un jury composé des professeurs Philippe Lupien et Thomas-Bernard Kenniff, de l’École de design, François Racine et Mohamed Reda Khomsi, du Département d’études urbaines et touristiques, de Jean-Pierre Ranger, et d’Anne-Carole Beauregard, architecte de paysage et directrice de projet, développement et modernisation, au Parc Safari, qui a également rédigé le plan directeur servant de canevas de base aux participants.
Fait inusité: les étudiants n’ont pas reçu de prix comme le veut la tradition des charrettes. Ils ont plutôt été rémunérés pour leurs efforts. Le DEUT a obtenu un fond de 25 000 dollars de la Fondation des amis du Parc Safari afin de mettre en place le projet de recherche-création. «Le montant a servi à l’achat du matériel et à rémunérer les étudiants», précise François Racine. La dernière journée de l’événement était consacrée aux échanges avec les membres du jury. «Ces derniers ont été fort impressionnés par la qualité des cinq projets présentés, et ce, malgré le court laps de temps donné à la conception des maquettes», rapporte le professeur. Reste à savoir maintenant ce que feront les dirigeants du Parc Safari avec toutes ces idées…