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Architectures parallèles

Le Centre de design présente une exposition consacrée à des projets de firmes belges et québécoises.

Par Claude Gauvreau

9 octobre 2018 à 16 h 10

Mis à jour le 10 octobre 2018 à 8 h 10

Dans cette exposition du Centre de design, chaque projet architectural, belge ou québécois, possède ses particularités, mais tous partagent la volonté de mettre l’architecture au service d’une meilleure qualité de vie pour les citoyens et de l’embellissement du milieu bâti urbain. Dessins, croquis, vidéos et maquettes, sans compter une collection d’objets illustrant l’histoire des projets et des pratiques architecturales, permettent de découvrir les 10 architectures mises en parallèle, tout au long d’un parcours visuel et sonore.   

Le commissariat de l’exposition Entrer en interférence: cinq architectures en Belgique / cinq architectures au Québec, produite en partenariat avec Wallonie-Bruxelles Architectures, est assuré par l’architecte belge Audrey Contesse et le professeur de l’École d’architecture de l’Université de Montréal Georges Adamczyk (B.A. design 3D, 1973), qui a enseigné à l’UQAM de 1977 à 1999.

«Audrey Contesse souhaitait que l’exposition serve à établir un dialogue entre les projets belges et québécois, explique Georges Adamczyk. Le professeur de l’École de design Börkur Bergmann, qui dirigeait alors le Centre de design, m’a demandé d’être le commissaire pour le volet québécois.»

L’acte architectural est ici associé à une mission sociale ou culturelle, qui va plus loin que la conception d’un édifice performant, souligne le commissaire. «Les projets ont souvent un caractère de reconversion ou de revitalisation, visant à donner une nouvelle vocation à des sites ou à des bâtiments chargés d’histoire.  En architecture contemporaine, on ne construit plus sur du sable, mais sur quelque chose qui a déjà existé.»

Du côté de la Belgique

Le volet belge de l’exposition invite à déambuler à travers les traces d’architectures engagées qui ponctuent depuis peu le paysage urbain de ce petit pays. On y trouve l’Artothèque de Mons, abritée dans la chapelle de l’ancien couvent des Ursulines. Les architectes ont fait de la chapelle un lieu de conservation d’œuvres d’art, doté d’une enveloppe à valeur patrimoniale. Le centre sportif Adeps La Fraineuse, à Spa, s’inscrit dans un site où la figure centrale est le château de La Fraineuse, pastiche du Petit Trianon de Versailles. Le projet Interlac, reconversion d’une ancienne laiterie en équipement culturel et commercial, se situe dans une friche industrielle dont le sort a longtemps été incertain. Un pavillon de jardin à Renaix articule cuisine professionnelle et collection d’œuvres d’art. Enfin, le réaménagement de la Place de la Cage aux ours, à Bruxelles, passe par l’implantation d’une passerelle en acier qui réunifie les deux parties de cet espace public coupé par une voie de chemin de fer.

«Tous ces projets ont été confrontés à des situations préexistantes: une chapelle ou une usine qu’il fallait transformer, ou encore un espace public que l’on devait modifier, observe Georges Adamczyk. Dans le cas de la construction de la passerelle de la Cage aux ours, le mandat consistait à faire de cet espace un lieu de rencontre, de frottement social, entre des quartiers fréquentés par des communautés différentes.»

À Montréal et à Québec

Le volet québécois, pour sa part, a pour objectif de faire connaitre au public l’apport créatif des architectes à la régénération culturelle et sociale du milieu bâti à Montréal et à Québec. Il présente cinq architectures ayant fait l’objet d’une reconnaissance par le milieu professionnel: prix d’excellence de l’Ordre des architectes et médailles du Gouverneur général en architecture.

Installé dans le paysage du site de l’ancienne carrière Miron, le stade de soccer de Saint-Michel fait d’un simple équipement sportif un monument accueillant. Sa présence sculpturale, vue depuis la rue, agit comme un grand porche public. Le recyclage de la station d’essence conçue par l’architecte Mies Van der Rohe offre deux espaces, l’un pour les personnes âgées, l’autre pour les adolescents. Le centre d’art Phi, dans le Vieux-Montréal, propose un intérieur composé d’espaces modulables. Le nouveau pont ferroviaire du campus MIL favorise l’ouverture d’une voie centrale traversant le site de l’ancienne cour de triage d’Outremont, où sont en cours de réalisation la première phase du campus des sciences de l’Université de Montréal et plusieurs projets d’habitation. Quant à la Maison de la littérature, logée dans un ancien temple méthodiste du Vieux-Québec, elle représente un exemple d’intervention contemporaine dans un environnement historique.

L’exposition permet d’apprécier les qualités proprement architecturales des projets et les défis techniques auxquels les architectes ont été confrontés. «Le projet de construction du stade de soccer, par exemple, est devenu un laboratoire de recherche sur les possibilités offertes par l’utilisation des structures de bois, note Georges Adamczyk. Pour le projet de la Maison de la littérature, le défi consistait à introduire une architecture contemporaine sans menacer le statut patrimonial de l’édifice. Enfin, la réalisation du pont ferroviaire à Outremont témoigne de la réussite des collaborations entre architectes et ingénieurs, brisant ainsi les habitudes de travail en silo.»

L’exposition Entrer en interférence: cinq architectures en Belgique / cinq architectures au Québec est présentée jusqu’au 9 décembre prochain.