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Le GIEC à l’UQAM

Des membres du Groupe d’experts sur le climat se sont réunis en présence de professeurs, d’étudiants et de journalistes.

Par Marie-Claude Bourdon

12 septembre 2017 à 11 h 09

Mis à jour le 12 septembre 2017 à 14 h 09

Les experts du GIEC ont mis la table pour le prochain cycle d’évaluation qui conduira à la publication d’un sixième Rapport de synthèse en 2022.  Photo: Nathalie St-Pierre

L’UQAM était l’hôte, le 11 septembre, d’une réunion de membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui a eu lieu devant une salle comble où s’étaient assemblés professeurs, chercheurs, étudiants et journalistes intéressés par la question du réchauffement climatique. Organisée en marge de la 46e session du GIEC, qui s’est tenue à Montréal du 6 au 10 septembre et à laquelle ont assisté des délégués provenant de 195 pays, il s’agissait de la seule rencontre publique des experts du GIEC.

Les experts ont rappelé les messages clés du cinquième et dernier Rapport d’évaluation produit par le GIEC en 2014 et ils ont mis la table pour le prochain cycle d’évaluation qui conduira à la publication d’un sixième Rapport de synthèse en 2022. Les représentants des trois groupes de travail du GIEC – le groupe I se charge des éléments scientifiques de l’évolution du climat, le groupe II des conséquences, de l’adaptation et de la vulnérabilité, et le groupe III de l’atténuation du changement climatique – ont, notamment, livré les résultats de leurs discussions des derniers jours, qui ont permis d’établir la table des matières de leurs rapports respectifs à venir. On peut consulter les grandes lignes des contributions que les trois groupes apporteront au sixième Rapport d’évaluation sur le site du GIEC.

Les experts présents à l’UQAM

Hoesung Lee et Abdalah Mokssit, respectivement président et secrétaire du GIEC, ont prononcé les allocutions d’ouverture de la rencontre. Parmi les autres membres du GIEC qui ont participé aux discussions se trouvaient les coprésidents Ko Barrett, administratrice assistante adjointe à l’Administration nationale américaine des affaires océaniques et atmosphériques, et Youba Sokona, professeur honoraire au Collège Universitaire de Londres, conseiller spécial du Groupe Africain des Leaders de l’Énergie (Afrique de l’Ouest) et du Centre Sud pour le développement durable (Suisse), ainsi que Fatima Driouech, cheffe du Centre National du Climat de la Météorologie Nationale (Maroc), et Greg Flato, professeur adjoint à l’École des sciences de la Terre et des océans de l’Université de Victoria (Canada), tous deux vice-présidents du Groupe I, Hans-Otto Pörtner, professeur et directeur du Département d’écophysiologie intégrative de l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine (Allemagne), coprésident du Groupe II, et Diána Ürge-Vorsatzm, professeure au Département des sciences et politiques de l’environnement et directrice du Centre pour les changements climatiques et la politique énergétique durable de l’Université d’Europe Centrale (Hongrie), vice-présidente du Groupe III.

Les travaux du GIEC ne consistent pas à produire de la recherche, ont rappelé les experts dans leur présentation, mais bien à évaluer la masse de travaux scientifiques publiés à travers le monde en rapport avec l’évolution du climat, afin de produire des rapports détaillés de l’état des connaissances sur le sujet. «Ces rapports visent à procurer aux gouvernements des outils pour leur permettre de baser leurs décisions sur la science», a précisé le président du GIEC, Hoesung Lee.

Un réchauffement sans équivoque

Depuis 1997, les rapports du GIEC ont toujours eu pour résultat des changements dans les politiques de différents pays. Ils influencent aussi les négociations entre gouvernements menant à des accords internationaux, comme l’Accord de Paris, en 2016. Quoi qu’en pensent certains décideurs – qu’ils se sont gardés de nommer –, le réchauffement climatique est sans équivoque, ont réaffirmé les experts présents à l’UQAM, et les données qui s’accumulent depuis la parution du cinquième Rapport d’évaluation confirment que les changements climatiques se poursuivent et même s’accélèrent.

«Sans prendre en compte l’empreinte anthropogénique, il est impossible d’avoir un modèle permettant de reproduire les changements climatiques des dernières décennies, dit la représentante du groupe I, Fatima Driouech. Les changements observés depuis 1950 sont sans précédent depuis des millénaires.»

Vu le scepticisme à l’égard des changements climatiques entretenu par certains gouvernements, les experts du GIEC se montrent soucieux de mieux communiquer les résultats de la recherche. «Comment illustrer les risques et les niveaux de risque? C’est une question à laquelle nous devons nous attarder», a mentionné Hans-Otto Pörtner, représentant le groupe II.

L’apport des sciences humaines

Diána Ürge-Vorsatzm, du Groupe III, a notamment insisté sur la nécessité d’accorder une plus grande importance aux aspects humains de la lutte contre le réchauffement climatique. «Nous avons les connaissances scientifiques, nous avons les solutions technologiques, nous savons que les mesures à prendre pour lutter contre le réchauffement ne vont pas faire s’écrouler le système économique. Au contraire, nous savons qu’elles ont un potentiel d’effets bénéfiques pour la société beaucoup plus important que leurs effets négatifs, a-t-elle martelé. Pourtant, il est très difficile de faire bouger les décideurs et les institutions. C’est pourquoi nous devons mettre l’accent, dans le sixième Rapport, sur les sciences humaines et sociales afin de pouvoir relever ce défi.»

Comme les autres experts du panel, Diána Ürge-Vorsatzm a lancé un appel aux chercheurs présents dans la salle afin qu’ils participent aux travaux du GIEC. L’animateur de la rencontre, le vice-doyen à la recherche de la Faculté des sciences humaines Jean-Philippe Waaub, trouve ce message très mobilisateur pour les chercheurs de la Faculté, mais aussi pour tous les autres. «Les experts ont montré avec beaucoup de limpidité que le processus du GIEC est ouvert sur le monde», dit-il.

En plus des appels aux chercheurs intéressés à participer à une équipe d’auteurs, tout expert intéressé est invité à s’inscrire en tant qu’examinateur afin des soumettre des observations sur les versions préliminaires des rapports soumises par les équipes d’auteurs. «Toutes les observations sont prises en compte et obtiennent des réponses écrites, souligne Jean-Philippe Waaub. C’est très stimulant. Un groupe d’étudiants mené par un professeur pourrait, par exemple, décider de se pencher sur telle ou telle question et ainsi contribuer aux travaux du GIEC.»

La rencontre du GIEC à l’UQAM s’est tenue à l’invitation de la Faculté des sciences humaines et de la Faculté des sciences. Pour Jean-Philippe Waaub, la disponibilité des experts qui ont accepté de participer à cette rencontre «alors qu’ils avaient travaillé la veille jusqu’à 11 heures du soir» est une belle reconnaissance de l’importance de la recherche qui se fait à l’UQAM sur les changements climatiques, et de l’UQAM comme plateforme de recherche ouverte sur les autres universités. «Nous avions invité non seulement les chercheurs et les étudiants de l’UQAM, dit-il, mais aussi ceux des autres universités ainsi que les ONG et les institutions qui s’intéressent aux changements climatiques comme Ouranos, Future Earth et la Maison du développement durable. Et tous étaient présents dans la salle.»

Toutes les présentations PowerPoint des experts sont disponibles à l’adresse suivante, sous l’onglet Slides: http://ipcc.ch/apps/outreach/eventinfo.php?q=388