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Le rire, c’est sérieux ! 

L’UQAM accueille le congrès annuel de l’International Society for Humor Studies.

Par Pierre-Etienne Caza

4 juillet 2017 à 8 h 07

Mis à jour le 4 juillet 2017 à 8 h 07

Image: colloque ISHS

L’humour est devenu un objet d’étude on ne peut plus sérieux. Du 10 au 14 juillet, quelque 200 chercheurs, professionnels et praticiens du monde entier seront à l’UQAM pour participer au 29e congrès annuel de l’International Society for Humor Studies (ISHS), à l’invitation de l’Observatoire de l’humour, un regroupement créé en 2011 pour valoriser la recherche sur l’humour et le rire. «L’humour, comme manifestation de l’esprit, peut être analysé selon différents angles et ce congrès constitue une belle occasion de discuter des enjeux liés aux manières de l’exprimer et de le comprendre», souligne Jean-Marie Lafortune, professeur au Département de communication sociale et publique et co-organisateur de l’événement avec Christelle Paré, chercheuse postdoctorale au Centre for Comedy Studies Research de l’Université Brunel à Londres. «Dans ses multiples formes et suivant les contextes, l’humour révèle la réalité autant qu’il la façonne, si bien que suivre ses transformations et circonscrire les débats qu’il suscite permet de mieux saisir le monde contemporain», observe le professeur.

La carte des participants qui prendront part à ce congrès laisse entrevoir à quel point l’humour intéresse des chercheurs partout sur la planète, car ceux-ci proviennent des Amériques, de l’Europe, de l’Afrique, de l’Asie et de l’Australie. «Cela laisse présager une agréable confrontation de perspectives sur l’humour, un thème culturel qui varie d’un pays à l’autre, entre autres dans les façons de l’exprimer, de le recevoir et de l’autoriser dans l’espace public», note Jean-Marie Lafortune, qui s’intéresse lui-même à l’humour dans la communication contemporaine, tant dans les échanges interpersonnels, organisationnels que médiatiques.

«L’humour, insiste-t-il, est beaucoup plus vaste que le stand-up et la comédie télévisuelle ou cinématographique. C’est un thème majeur de la culture, des relations humaines et des dynamiques sociales, qui interpelle des domaines d’expertise variés, de la science politique à la sociologie, en passant par la philosophie, la communication, la littérature, la psychologie et l’histoire de l’art.»

Chacune des journées du congrès, qui a lieu tout juste avant l’ouverture du Festival Juste pour rire, sera consacrée à une thématique particulière: philosophie et théories de l’humour (10 juillet), dimensions politiques de l’humour (11 juillet), santé et pratique du clown (12 juillet), industrie humoristique et enjeux sociaux (13 juillet) et Stand-up comedy (14 juillet). «Le quart des ateliers se déroulera en français et deux ateliers du 14 juillet seront organisés par l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour», précise le chercheur, qui a cofondé l’Observatoire de l’humour.

Parmi les conférenciers, on note la présence de Sharon Lockyer, de la Brunel University London, la première directrice  d’un centre de recherche sur la comédie (le Centre for Comedy Studies Research). La professeure Delia Chiaro, présidente de l’ISHS, ironisera sur l’actualité européenne lors de sa présentation intitulée «When Brexshit Hits the Fan: May(hem)?». Mentionnons également la présence du CEO de Just for Laughs, Bruce Hills, et du recruteur du Cirque du Soleil, Yves Sheriff. Louise Richer (B.Sp. psychologie, 76), directrice et fondatrice de l’École nationale de l’humour, et Matteo Andreone, fondateur et professeur à l’Accademia Nazionale del Comico (Académie nationale du comique) de Milan, aborderont ensemble les défis de l’enseignement de l’humour. Enfin, Me Julius Grey participera à une table ronde organisée par l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour ayant pour titre «Political Correctness & Freedom of Speech».

Outre Jean-Marie  Lafortune, les professeurs Lawrence Olivier (science politique), Annie Gérin (histoire de l’art), Bernard Andrès (professeur émérite en études littéraires) ainsi que les doctorants Julie Dufort (science politique) et Martin Tétu (sociologie) figurent parmi les participants rattachés à l’UQAM. On note aussi la participation de l’historien de l’humour Robert Aird (M.A. histoire, 03).

«Les humoristes Adib Alkhalidey et Mélanie Couture assisteront au congrès à titre de praticiens de l’humour, poursuit Jean-Marie Lafortune. Ils participeront à des tables rondes et seront mis à contribution pour valoriser les études dont il sera question au cours de l’événement.»

Le congrès est ouvert à tous. Un tarif spécial est accordé aux étudiants et le grand public peut se procurer un laisser-passer sur une base quotidienne.

«Cet événement représente un moment de visibilité qui nous permettra, nous l’espérons, d’accroître la crédibilité des recherches dans le domaine de l’humour, notamment auprès des organismes subventionnaires», conclut le professeur.