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Une première à Montréal

L’UQAM reçoit la 25e édition de l’International World Wide Web Conference.

Par Claude Gauvreau

4 avril 2016 à 16 h 04

Mis à jour le 7 avril 2016 à 14 h 04

 Photo: Istock

Quelque 1 500 participants venus de partout dans le monde sont attendus, du 11 au 15 avril, à la 25e édition de la prestigieuse International World Wide Web Conference  (WWW 2016), qui se tiendra pour la première fois au Québec. Organisé par l’UQAM en collaboration avec l’International World Wide Web Conferences Steering Committee (IW3C2) et commandité, entre autres, par Google, Microsoft et Yahoo! Research, ce méga événement se déroulera au Palais des congrès de Montréal.

Cette conférence est prestigieuse à plusieurs égards, soulignent les professeurs du Département d’informatique Roger Nkambou et Petko Valtchev, co-présidents du comité organisateur qui planifie l’événement depuis 2012. «La conférence réunit chaque année des scientifiques de haut niveau, des développeurs, des ingénieurs et des représentants de l’industrie dans le domaine du Web, facilitant ainsi l’échange de connaissances entre les chercheurs universitaires et ceux du monde industriel, observe Roger Nkambou. Elle est aussi très sélective. Sur plus de 1 000 demandes, seulement 10 à 15 % des communications scientifiques sont acceptées. Et il ne s’agit pas de simples résumés, mais d’articles élaborés, dont plusieurs proviennent de services de recherche industriels.»

«Le WWW 2016 sera le lieu par excellence pour discuter de l’avenir du Web, de ce qu’il sera dans 10 ans, dit Petko Valtchev. Il permettra de faire le point sur l’évolution du Web dans toutes ses dimensions et rendra compte des récentes découvertes et innovations ainsi que de leurs impacts sur la société et la culture.»

L’International World Wide Web Conference a été conçue par Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web, qui sera d’ailleurs à Montréal (voir encadré). Celui-ci a fondé, au tournant des années 1990, le World Wide Web Consortium (W3C), partenaire de la conférence, qui est chargé de définir les standards (langages uniformisés) du Web.

Sous le signe de l’ouverture

«Ouvert» est le thème central du WWW 2015. «Cela renvoie à l’ouverture, à l’ubiquité, à la polyvalence du Web, de même qu’à ses multiples applications, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la gouvernance électronique», explique Roger Nkambou.

Les conférences et communications scientifiques se répartissent entre 11 grandes thématiques – Web Science, Economics and Markets, Mobility, Security and Privacy, Semantics and Big Data, Web Research Systems and Applications. Une vingtaine d’ateliers porteront sur des sujets tels que les technologies du Web en éducation, l’accessibilité comme principe d’utilisation du Web, la sécurité et la protection des renseignements personnels.

Le WWW 2016 proposera également des panels de discussion, des stands d’information et d’exposition, plus de 70 affiches scientifiques et une trentaine de démonstrations par des acteurs du monde industriel. Des chercheurs de Google, de Yahoo et d’IBM présenteront des systèmes de tutoriels intelligents.

Conférenciers de marque

L’International World Wide Web Conference  accueillera Tim Berners-Lee, qui a inventé le Web en 1989. Celui-ci donnera une conférence le 13 avril, à 9h. Tim Berners-Lee est le fondateur et le directeur du World Wide Consortium (W3C), chargé du développement technique du Web. Son groupe de recherche au Massachusetts Institute of Technology (MIT), le Laboratory for Computer Science and Artificial Intelligence (CSAIL), travaille à la re-décentralisation du Web. Il est aussi professeur à l’Université de Southampton, en Grande-Bretagne.

Autre tête d’affiche, Peter Norvig, directeur de recherche pour Google, présentera une communication, le 15 avril, à 9h, intitulée «The Semantic Web and the Semantics of the Web: Where Does Meaning Come From?». Ancien chercheur à la NASA, Peter Norvig a publié, entre autres, Artificial Intelligence: a Modern Approach, considéré par plusieurs comme l’ouvrage de référence dans le domaine de l’intelligence artificielle.

La chancelière de l’Open University, en Grande-Bretagne, Martha Lane-Ford, prononcera une allocution le 13 avril, à 18h, ayant pour titre «Dot everyone – power, the Internet and you». Depuis 2015, elle est membre de la Creative Industries Federation et de l’Open Data Institute.

Mary Ellen Zurko,  ingénieure principale chez Cisco Systems, présentera une conférence intitulée «La sémantique ouverte – How are we doing so far?», le 14 avril, à 9h. Membre du National Academics of Sciences Forum on Cyber Resilience, elle a été l’une des architectes de la sécurité chez IBM.

Fracture numérique

On a beaucoup parlé, ces dernières années, de la fracture numérique entre les pays riches et les pays en développement, où des populations demeurent faiblement connectées au Web. «Le fossé existe toujours, mais il s’est rétréci, soutient Roger Nkambou. Dans plusieurs pays africains, comme au Cameroun, presque tout le monde possède un téléphone intelligent permettant de naviguer sur Internet. Par contre, Internet n’est pas toujours accessible dans les universités en province. Dans de telles conditions, il est impossible de développer des cours en ligne au moyen d’un système comme Moodle, par exemple.»

Selon le professeur, l’Afrique a brûlé des étapes. «Nous sommes passés rapidement d’un contexte où les infrastructures de base, comme le système de téléphones fixes, étaient quasi absentes à un monde où chaque personne possède trois téléphones de trois opérateurs différents. Avec l’essor du Web mobile, la fracture n’existe plus sur le plan populaire, mais elle subsiste au sein de grandes organisations. Il est difficile, par exemple, de développer des applications Web en santé, parce que la réseau demeure fragile et instable.»

L’avenir du Web

Il est toujours un peu hasardeux d’identifier les directions dans lesquelles le Web se développera au cours des prochaines années. Certains pointent du doigt le développement du Web sémantique et sa capacité de saisir les nuances, les sous-textes et les associations qu’opère la pensée humaine. D’autres insistent sur les enjeux entourant la protection de la vie privée.

«On parle de plus en plus du Web des objets, note Roger Nkambou. À l’origine, le Web était perçu comme un réseau de communication dont les ordinateurs constituaient les nœuds. Aujourd’hui, n’importe quel type d’objet – un téléphone, une montre, une paire de lunettes – peut être un nœud, lequel génère de nouvelles applications. Des applications qui peuvent se déployer à grande échelle, comme dans le cas des villes dites intelligentes, dont les infrastructures seraient interconnectées.»

Il faut aussi mentionner le phénomène des méga données (big data), l’un des défis informatiques de la prochaine décennie. «Au début, on a pensé le Web comme une immense bibliothèque, un hypertexte global, rappelle Petko Valtchev. Maintenant, nous sommes passés du Web des documents au Web des données.»