Voir plus
Voir moins

Véhicule et scalp

Simon Beaudry, publicitaire et étudiant à la maîtrise en arts visuels et médiatiques, présente une exposition solo.

Par Valérie Martin

29 mars 2016 à 18 h 03

Mis à jour le 15 avril 2016 à 9 h 04

Simon Beaudry (B.A. design graphique, 2000), candidat à la maîtrise en arts visuels et médiatiques, présente jusqu’au 17 avril prochain l’exposition Véhicule et scalp. Une pratique artistique en mutation, au Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny.

Celui qui est aussi publicitaire poursuit une démarche artistique autour du thème de l’identité québécoise, en faisant appel à plusieurs éléments comme la langue, la culture, le folklore, l’histoire, les symboles identitaires et nationaux, les us et coutumes, etc. De ce processus naissent des œuvres reflétant une certaine vision du Québec, que l’artiste met de l’avant en utilisant des éléments traditionnels modernisés. Le travail artistique de Simon Beaudry est transdisciplinaire. Après s’être développée en photographie, en sculpture et en vidéo, sa pratique s’oriente davantage aujourd’hui vers la performance et l’installation dans l’espace public.

Simon BeaudryPhoto: Nathalie St-Pierre

Le premier volet de l’exposition, intitulé Véhicule, fait référence aux notions d’émancipation nationale et d’occupation du territoire. «On part d’un état-province, pas nécessairement réel mais dans lequel il nous manque des choses, vers une destination, soit un état-pays plus libre dans lequel on contrôlerait tout, explique l’artiste, qui a longtemps œuvré comme directeur artistique chez Dentsubos. C’est une quête à la fois personnelle et collective, où je joins le parcours national du Québec à mon propre parcours. En tant que publicitaire, je me sentais limité comme individu et comme créateur. Je suis ainsi devenu artiste par besoin de liberté.»

Le volet Véhicule présente une série de panaches de différents cervidés (orignaux, caribous, wapitis et cerfs) avec des devantures de véhicules motorisés (motoneiges, motos, scooters). La tête de l’animal est remplacée par une pièce de carrosserie. Les carcasses cyborgs ont toutes une composante sonore, laquelle permet d’entendre le son d’un moteur et celui d’un cervidé en rut.

«Le second volet, Scalp, porte sur les artifices qui nous empêchent d’être libres – la mode, le look, l’apparence, les réseaux sociaux – ainsi que sur les effets du colonialisme», souligne Simon Beaudry.

L’exposition, qui a été présentée une première fois en 2013 à la galerie BAC, à Montréal, propose également des travaux plus récents inspirés, entre autres, de l’œuvre théâtrale La charge de l’orignal épormyable, de Claude Gauvreau. «À partir de la pièce, je fais une métaphore de la situation nationale du Québec en y incluant mes codes et mon esthétisme.»

Véritable work in progress, l’exposition intègre des œuvres déjà présentées, des travaux en cours de réalisation et d’autres effectués dans le cadre du projet de maîtrise de l’étudiant, dont la plupart sont des performances déployées dans l’espace public.

Les installations performatives de la série des Nécropolitiques proposent, entre autres, des momies enroulées de ceintures fléchées dans différents chantiers de construction au Québec. «Les chantiers deviennent des tombeaux à ciel ouvert dans lesquels se trouvent des momies, explique Simon Beaudry. L’ensemble donne l’impression que l’on vient de les découvrir.» Nécropolitiques est un projet sur la recherche du passé. «Je raccommode le passé, le présent et le futur en créant une fiction dans laquelle il y a des momies venues d’un autre âge.» L’exposition présente enfin des archives vidéographiques et photographiques des performances de l’artiste. «J’évolue davantage vers des œuvres dans l’espace public afin de créer un Québec souverain par l’art, à défaut de le faire politiquement», dit-il.

Simon Beaudry terminera son projet de maîtrise cet automne, sous la supervision de la professeure Hélène Doyon, de l’École des arts visuels et médiatiques. «Il s’agit d’un projet d’art-action déployé dans l’espace public dans lequel on pourra voir autant la préparation de l’œuvre que le produit final. Je cherche à mêler l’art et la vie, je ne suis pas seulement un artiste, mais aussi un citoyen et un père de famille. Je trouve intéressant que l’art ne soit pas quelque chose d’élitiste et puisse se déployer dans l’espace public.»