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Rona sous contrôle américain

La vente du quincailler au géant Lowe’s profitera aux consommateurs, estime Bruno Lussier.

Par Pierre-Etienne Caza

4 février 2016 à 9 h 02

Mis à jour le 31 janvier 2018 à 15 h 01

Série L’actualité vue par nos experts

Des professeurs et chercheurs de l’UQAM se prononcent sur des enjeux de l’actualité québécoise, canadienne ou internationale.

Photo: Wikipedia/Harfang

Après le Cirque du Soleil, c’est au tour du quincailler Rona de passer sous contrôle étranger. Le fleuron québécois, fondé en 1939, a été acheté par le géant américain Lowe’s pour la somme de 3,2 milliards de dollars. «Le commerce de détail dans le secteur de la rénovation compte trop de joueurs et la croissance n’est possible que par la voie d’acquisitions comme celle-là», souligne Bruno Lussier, professeur au Département de marketing.

Lowe’s s’est engagée à établir son siège social canadien à Boucherville et à conserver la bannière Rona, ainsi que la «vaste majorité» des employés actuels et quelques «hauts dirigeants clés». «Il y aura des bouleversements organisationnels et du mouvement de personnel, c’est inévitable après ce genre de transaction, comme on l’a vu dans le secteur pharmaceutique et de l’alimentation», souligne Bruno Lussier.

Bruno LussierPhoto: Émilie Tournevache

Il est possible que certains consommateurs québécois tournent le dos à Lowe’s au profit de ses concurrents «100 % québécois» tels que Patrick Morin et Canac, fait remarquer le spécialiste en marketing. «Pour fidéliser la clientèle, Lowe’s conservera les fournisseurs québécois. Les consommateurs retrouveront donc les produits auxquels ils sont habitués. Ensuite, la chaîne introduira progressivement des produits en provenance des États-Unis. En bout de ligne, ce sont les consommateurs qui en sortiront gagnants.»

En 2012, Lowe’s avait tenté d’acquérir Rona pour la somme de 1,76 milliard de dollars, mais le gouvernement du Québec et des marchands indépendants du quincailler avaient fait avorter le projet. «Je ne crois pas que ce soit une bonne stratégie cette fois-ci, car Rona avait besoin de ce nouveau souffle», affirme Bruno Lussier. La transaction, entérinée par les conseils d’administration des deux entreprises, doit obtenir l’approbation des actionnaires de Rona d’ici la fin du premier trimestre.

Ce n’est pas un signe de faiblesse économique que de se faire acheter par une entreprise américaine, insiste le professeur. «Les fournisseurs québécois ont les reins suffisamment solides pour continuer à approvisionner les magasins Rona. Certains vendent déjà à la bannière Lowe’s dans le reste du Canada et aux États-Unis. Pour d’autres, ce sera l’occasion de voir leurs produits distribués par Lowe’s sur le continent nord-américain. La faiblesse du dollar canadien les avantage et c’est bon pour l’économie québécoise.»

Ce type de rachat est un exemple modèle de la mondialisation de l’économie, estime Bruno Lussier. «Je vais assurément inclure cet exemple dans mes cours de marketing», conclut-il. 

La vente d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers

Faut-il s’inquiéter de la vente d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers? On peut consulter ici la liste des professeurs de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM prêts à se prononcer sur le sujet.