Série Du côté des facultés
Les doyennes et doyens parlent des réalisations et des axes de développement des sept facultés et école de l’UQAM.
En intégrant l’École des beaux-arts dès sa création, en 1969, l’UQAM a été l’une des premières universités francophones à incorporer les arts dans ses programmes de formation et à accorder une place privilégiée à la démarche de création, aux côtés de la recherche. Depuis, sa Faculté des arts est devenue la plus importante faculté d’art francophone en Amérique et la plus imposante au Canada.
«Nous formons un regroupement assez unique, dit Jean-Christian Pleau, doyen de la faculté et professeur au Département d’études littéraires. Certains de nos professeurs et étudiants se concentrent sur la création artistique – danse, musique, littérature, arts visuels et médiatiques, théâtre, design, – tandis que d’autres se distinguent davantage par une réflexion théorique et critique, notamment en histoire de l’art, en études littéraires, en muséologie et dans l’enseignement des arts. Cette dualité est une des forces de notre faculté.»
Composée de sept départements et écoles, la faculté des arts abrite une quarantaine de programmes de premier, deuxième et troisième cycles. Elle est la seule à proposer une formation en enseignement dans les quatre disciplines artistiques offertes en milieu scolaire: arts dramatique, arts visuels, danse et musique. Quant aux recherches, elles sont fédérées au sein de huit unités institutionnelles – quatre centres, deux chaires stratégiques, une chaire de recherche du Canada et un institut – ainsi que dans des groupes rattachés aux départements et écoles.
Avec trois salles d’exposition, dont la Galerie de l’UQAM et le Centre de design, cinq salles de spectacles pour la danse et le théâtre ainsi qu’une salle de concert dotée d’une acoustique exceptionnelle, la faculté contribue à la diffusion de la culture locale et internationale. Elle tisse aussi des liens étroits avec plusieurs acteurs de la scène culturelle montréalaise, tels que le Quartier des spectacles, le Musée des beaux-arts, Bibliothèque et archives nationales du Québec (BAnQ) et la Place des arts. «Ces liens renforcent le sens de notre mission, dit Jean-Christian Pleau. Nous voulons consolider les partenariats existants et en développer de nouveaux, comme l’indique notre Plan stratégique de développement 2015-2020 adopté le printemps dernier. L’enjeu est de faire vivre les ententes par des activités communes.»
Réaffirmer l’importance des contributions des arts et des lettres à la société ainsi que la pertinence de leur enseignement constitue une priorité pour la faculté, poursuit le doyen. «Il y a une vulnérabilité inhérente aux arts et aux lettres, qui est liée à la reconnaissance de leur place dans la société. Dans les périodes économiques difficiles, les arts et les humanités en général sont toujours plus fragilisés que d’autres domaines du savoir. Défendre leur légitimité est un combat permanent.»
Répondre aux besoins du milieu
Au chapitre de la formation, la faculté entend élargir sa programmation pour répondre aux besoins spécifiques du milieu, notamment dans les domaines de l’art public et de la santé. «Nous devrons définir le visage de la formation dans le domaine de l’art public, qui intéresse plusieurs de nos professeurs», observe Jean-Christian Pleau. Des collaborations sont aussi envisagées avec différents organismes et milieux de soins, ce que favorisera la nouvelle Chaire de recherche stratégique en art, culture et mieux-être, dont la titulaire est la professeure Mona Trudel, de l’École des arts visuels et médiatiques. «Il y a un souci dans le monde de la santé d’humaniser le contexte hospitalier, notamment par l’art», souligne le doyen.
La réflexion se poursuit, par ailleurs, sur la possibilité de créer une maîtrise en design graphique et de développer une offre de formation autour du thème porteur de la nordicité, un domaine d’études auquel des professeurs de la faculté sont associés sous le leadership du professeur Daniel Chartier, du Département d’études littéraires.
Depuis l’automne 2011, une maîtrise en enseignement des arts dans les quatre disciplines artistiques s’est ajoutée à l’offre de formation.
Créer de nouveaux programmes exige beaucoup de ressources. Aussi faut-il être prudent, surtout dans un contexte de restrictions budgétaires, croit Jean-Christian Pleau. «À quoi sert-il de mettre sur pied un programme court sur un enjeu extrêmement ciblé, qui risque de ne plus être d’actualité dans 5 ou 10 ans?, demande le doyen. Peut-être vaut-t-il mieux intégrer certains nouveaux savoirs dans des programmes plus larges, dont la viabilité à long terme est assurée.»
Sous le signe de l’innovation
Dans son Plan stratégique, la faculté a identifié plusieurs axes de développement en matière de recherche: l’innovation artistique et littéraire, l’analyse, la conservation et la médiation des patrimoines, l’éducation artistique et la didactique des arts, l’imaginaire et les études culturelles au Québec, dans le Nord et ailleurs, la arts et les cultures numériques, l’intervention en art dans l’espace public et dans les communautés.
«Au sein de la faculté, la recherche et la recherche-création se développent sous le thème de l’innovation, en créant de nouvelles formes et de nouveaux objets d’art, lesquels, à leur tour, incitent à renouveler le regard sur les œuvres», souligne Jean Dubois, vice-doyen à la recherche et professeur à l’École des arts visuels et médiatiques. «Bien que la présence de la recherche-création soit de plus en plus admise dans le domaine de la recherche, ses méthodologies sont encore mal connues et peu définies, poursuit-il. Pour maintenir son leadership, la faculté devra poursuivre ses efforts d’expérimentation, de théorisation et de valorisation de la recherche-création.»
La faculté veut stimuler la culture de la recherche dans tous ses départements et écoles. Ceux qui n’ont pas une masse critique suffisante pour créer et maintenir des infrastructures de recherche et de création viables à long terme seront particulièrement soutenus. «L’un de nos défis, dit Jean Dubois, est de permettre aux plus petits départements – musique, théâtre, danse – de conjuguer leurs efforts. Nous avons ainsi mis sur pied le Groupe de recherche interdisciplinaire en arts vivants (GRIAV) pour former une masse suffisante de chercheurs et élaborer des activités communes.»
Le Centre Hexagram, le Laboratoire NT2 en littérature hypermédiatique, l’Institut du patrimoine et la nouvelle Chaire de recherche du Canada en arts et littératures numériques s’intéressent aux outils de création et de conservation numériques. «Nous devons réfléchir à la façon dont les unités de recherche évolueront dans les nouveaux environnements générés par le numérique, note Jean Dubois. C’est là que réside l’innovation. D’ailleurs, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Fonds de recherche du Québec sur la société et la culture estiment que les méthodologies numériques en arts, lettres et sciences humaines occuperont l’avant-scène au cours des prochaines années.»
Le défi du recrutement
Toutes les universités, y compris l’UQAM, sont confrontées au problème du déclin démographique québécois. «Nous savons que les cohortes en âge d’accéder aux études universitaires seront en décroissance jusqu’en 2030 environ, rappelle Jean-Christian Pleau. Que peut-on faire? On doit d’abord chercher à élargir le bassin de personnes potentielles qui ont accès à l’université, en faisant en sorte qu’il y ait une plus grande pénétration de la formation universitaire dans la société. Enfin, nous devrons nous ouvrir davantage aux étudiants francophones, tant à l’échelle nationale qu’internationale. On doit penser ensemble ces deux stratégies.»