Série L’UQAM et la Chine
À l’occasion du Nouvel An chinois, Actualités UQAM présente un dossier spécial sur les liens entre l’UQAM et la Chine, l’une des trois zones prioritaires identifiées par l’Université dans sa stratégie de développement international.
Le Centre interuniversitaire de recherche en science et technologie (CIRST) a accueilli en novembre dernier le professeur chinois Mu Rongping, directeur général du Centre pour l’innovation et le développement, président de la Société de promotion de l’industrie chinoise de haute technologie et vice-président de l’Institut de la science et du développement, des regroupements de recherche qui sont tous rattachés à l’Académie des sciences de Chine (Chinese Academy of Sciences, CAS). Le but de sa visite? Explorer de nouvelles possibilités de collaboration – travaux de recherche, conférences, échanges de professeurs – entre les membres de la CAS et du CIRST.
Lors d’une conférence donnée à Montréal, le professeur Rongping a déclaré que «la Chine était en voie de mettre en place tous les éléments d’un système national d’innovation».
«L’axe de recherche du CIRST sur la production, la diffusion et l’appropriation des innovations et des technologies intéresse particulièrement nos partenaires de l’Académie des sciences de Chine», souligne Majlinda Zhegu, professeure au Département de management et technologie et membre du CIRST.
Depuis 2014, la chercheuse travaille à un projet de recherche sur les changements numériques, en collaboration avec une équipe chinoise, dont la tête dirigeante est la professeure Fang Xin, membre du présidium de la CAS. Elle collabore aussi sur le plan individuel avec un chercheur chinois sur les politiques d’éducation à l’heure du numérique.
L’émergence, depuis quelques années, de nouvelles plateformes numériques – Amazon, Uber, RBNB – a entraîné le développement de modèles d’innovation en affaires, rappelle Majlinda Zhegu. «Les changements numériques affectent les organisations et les entreprises dans plusieurs secteurs d’activités, comme ceux de l’éducation, de la santé et des finances, observe-t-elle. Par ailleurs, le phénomène des mégadonnées (big data), dont les impacts sur la propriété intellectuelle et le respect de la vie privée commencent à se faire sentir, constitue l’un des grands défis informatiques de la décennie 2010-2020. Ce sont là des enjeux majeurs en matière d’innovation et de développement auxquels sont confrontés la plupart des pays, y compris la Chine.»
Diffuser les sciences et les technologies
«Le CIRST a également accueilli, en novembre et décembre, la chercheuse Zhang Zhimin, du China Research Institute for Science Popularization (CRISP), lequel est rattaché à la China Association for Science and Technology (CAST), pour y poursuivre des travaux sur la diffusion des sciences et des technologies», souligne Bernard Schiele, professeur à l’École des médias et membre du CIRST. «Cela l’a conduite à prendre contact avec les principales organisations de diffusion et de valorisation des sciences et des techniques – ACFAS, ACSQ, Centre des sciences de Montréal… – en vue d’élargir la collaboration avec le CIRST et d’organiser à Beijing un séminaire sur la diffusion des sciences où le Québec pourrait faire valoir son expertise.»
Le séjour de la professeure Zhang était le troisième après celui des professeurs Li Honglin et Yin Lin. Leur venue s’est inscrite dans le cadre d’une collaboration formelle établie entre le CIRST et le CRISP, reconduite l’an passé, depuis la signature de l’accord initial.
Bernard Schiele poursuit une collaboration avec des chercheurs chinois depuis près de 20 ans. Sa collaboration avec le CRISP et la CAST lui a ainsi permis d’intervenir fréquemment en Chine sur les questions de diffusion de la culture scientifique – un objectif central du gouvernement chinois. Il a notamment été invité à présider, de 2006 à 2009, le comité scientifique international du Musée de science de Beijing. Il a aussi participé à la publication de trois ouvrages en collaboration avec des chercheurs du CRISP et a été conférencier d’honneur dans deux colloques internationaux tenus en octobre à Beijing.
«À la suite des échanges que j’ai eus en octobre avec Wang Kangyou, le nouveau directeur du CRISP, qui succède à Hui Luo, présidente de la National Academy of Innovation Strategy, nous développons un programme de recherche sur l’impact du développement des technologies de l’information et de la communication sur les pratiques de diffusion des sciences en Chine, note Bernard Schiele. Ce programme de travail sera discuté lors d’une rencontre qui se tiendra dans le cadre du PCST-14 à Istanbul en avril prochain.»
Un ouvrage sur la Chine
En dehors du CIRST, d’autres chercheurs de l’UQAM comptent la Chine parmi leurs objets de recherche. Ainsi, le professeur Éric Mottet, du Département de géographie, s’intéresse à la Chine principalement sous trois angles : les enjeux géopolitiques (et la diplomatie) de la Chine, particulièrement avec les pays de l’Asie du Sud-Est; les conflits frontaliers et maritimes en mer de Chine méridionale et orientale, notamment la «course» aux ressources naturelles; et la politique et les stratégies de l’industrie minière chinoise dans les pays de l’Asie du Sud-Est.L’an dernier, il a fait paraître La Chine et le monde. Quelles nouvelles relations, quels nouveaux paradigmes? aux Presses de l’Université du Québec, un ouvrage codirigé avec Barthélémy Courmont, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, en France, et Frédéric Lasserre, professeur à l’Université Laval. Cette publication aborde la montée en puissance de la Chine. Pour la première fois dans l’histoire récente, la plus grande puissance économique mondiale ne sera pas un pays occidental et, surtout, ne se réclamera pas de la démocratie tout en n’adhérant pas, du moins officiellement, au capitalisme. Les auteurs s’interrogent: Quel sera le visage de la Chine en tant que première puissance mondiale? Comment le reste du monde réagira-t-il devant cette nouvelle réalité? «La société chinoise dans son ensemble […] impose une nouvelle manière de penser la gouvernance dans un pays où l’intérêt pour la politique ne fait que croître et où la participation citoyenne se décline sous de multiples formes, parfois au risque de faire chanceler le pouvoir, écrivent-ils. Ces trajectoires devraient se confirmer et même se conforter, parallèlement à la montée en puissance économique, et avoir un impact sur l’ensemble de la planète.»
Environnement et changements climatiques
Changhui Peng, professeur au Département des sciences biologiques et à l’Institut des sciences de l’environnement, mène depuis quelques années avec des collègues chinois des recherches portant sur les gaz à effet de serre et les changements climatiques en Chine. Il a publié des articles dans les prestigieuses revues Science, Proceedings of the National Academy of Science et Nature Climate Change. Il s’est notamment intéressé aux forêts tropicales du sud de la Chine, aux émissions de méthanes des rizières et des lacs et aux bénéfices de la construction de milieux humides artificiels, lesquels permettent, par l’entremise de procédés physiques, chimiques et biologiques, de traiter les eaux usées, tout en produisant des biocarburants. Les milieux humides artificiels sont de plus en plus populaires en Chine, où la pollution de l’eau et la crise de l’énergie (ainsi que la pollution liée aux émissions de gaz à effet de serre) constituent des enjeux environnementaux majeurs, en raison de la croissance effrénée de l’économie au cours des 20 dernières années. Le plus récent article de Changhui Peng, publié l’an dernier dans Global Ecology and Biogeography, portait sur les émissions de méthane des milieux humides naturels.
Droit chinois
Professeure au Département des sciences juridiques, Hélène Piquet est la titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit chinois et mondialisation, dont le finacement vient d’être renouvelé. Elle poursuit l’étude des transformations de la justice en Chine: impacts des discours des autorités judiciaires en matière de résolution des conflits, rôle du juge et accès à la justice. Le thème sous-jacent sera les avancées ou les régressions dans la marche vers un État de droit. Un autre volet traitera de la condition des femmes en Chine.