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Muséologie événementielle

Pour attirer le public, les musées créent des événements autour de leurs collections permanentes.

Série

Acfas 2016

Par Marie-Claude Bourdon

3 mai 2016 à 11 h 05

Mis à jour le 3 mai 2016 à 11 h 05

Série Acfas 2016
Un nombre record de chercheurs de l’UQAM ont organisé des colloques en vue du Congrès de l’Acfas 2016, qui se tiendra en nos murs du 9 au 13 mai. Actualités UQAM propose une sélection des événements scientifiques présentés par des Uqamiens dans divers domaines de la connaissance.

Le projet de rénovation du Musée d’art de Joliette a donné lieu à un redéploiement des collections permanentes. Photo:Nathalie St-Pierre

En 1911, le vol de la Joconde au musée du Louvres crée tout un émoi dans le public. Tablant sur l’intérêt suscité dans les médias par la disparition du tableau, puis par son retour, en 1914, le musée attire de nombreux visiteurs. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la National Gallery de Londres, qui a ses mis ses collections à l’abri, expose une œuvre par mois, créant l’événement. Les visiteurs se déplacent en masse pour voir cette œuvre unique. «Au 20e siècle, l’événement historique devient médiatique, souligne la professeure du Département d’histoire de l’art Marie Fraser, et les musées commencent à se rendre compte de l’intérêt qu’il y a à profiter des événements médiatiques pour attirer des visiteurs.»

Marie Fraser est coresponsable du colloque Les usages événementiels des collections muséales (9 mai), qui s’inscrit dans le cadre des activités du groupe de recherche et de réflexion CIÉCO (Collections et impératif événementiel/The Convulsive Collections). «Y a-t-il  une origine commune ou est-ce que différents usages événementiels ont différentes origines?, demande Marie Fraser. Et à partir de quel moment les musées commencent-ils à fabriquer l’événement? Cela fait partie des questions qui intéressent notre groupe de recherche.»

Les grandes expositions temporaires de type blockbuster sur lesquelles les musées misent pour augmenter leur fréquentation sont aussi de nature à créer l’événement. «Mais ces grandes expositions temporaires ont eu pour effet de détourner l’intérêt des musées, que ce soit en termes de budget ou de communication, et de les amener à délaisser leurs collections permanentes, remarque la professeure. Or, on observe depuis un certain temps un renouveau d’intérêt pour les collections permanentes.»

Différentes stratégies visent à inscrire l’événement au cœur des collections muséales. Ainsi, on donnera «carte blanche» à une personnalité ou à un artiste contemporain invité à réactualiser une collection, comme le Musée McCord l’a fait avec l’artiste Kent Monkman et sa collection de photographies de William Notman. L’opération a remporté un tel succès qu’on l’a reconduite avec d’autres artistes. Dans d’autres cas, on choisira d’insérer des œuvres ou des expositions contemporaines dans des salles historiques, on mettra en vedette une œuvre ciblée ou une acquisition exceptionnelle, ou on profitera d’un projet architectural d’envergure pour redéployer les collections, comme au Musée d’art de Joliette l’année dernière. «Le fait de déplacer les œuvres, de les inventorier et de les redéployer peut ainsi avoir des effets sur la conservation et sur la recherche», observe Marie Fraser.