Louise Dandurand et Hélène P. Tremblay ont commencé cette semaine leurs consultations avec divers acteurs de la communauté universitaire en vue d’aider l’UQAM à progresser dans sa démarche de décentralisation organisationnelle. Ce sera la première étape d’un processus que ces deux consultantes souhaitent ouvert et transparent. Les autres étapes prévues à leur mandat comprennent un examen de différents modèles de décentralisation explorés au sein d’autres établissements universitaires, la présentation d’un diagnostic, des recommandations pour d’éventuels scénarios, de même qu’une feuille de route pour la mise en œuvre de ces derniers. Elles devront déposer un rapport d’étape à la réunion du Conseil d’administration de l’Université de juin prochain puis un rapport final au début du mois de septembre.
«Notre principal objectif, c’est que l’UQAM puisse faire en sorte que ses facultés et école aient le sentiment d’avoir un bon contrôle sur leurs orientations académiques, le tout dans le respect d’une identité institutionnelle indispensable à préserver, dit Louise Dandurand. Le défi que nous avons à relever dans le cadre de ce mandat est de trouver le juste équilibre entre cette autonomie des facultés, assortie des outils dont elles auront besoin pour déployer leur mandat académique, et le respect d’une cohérence et d’une cohésion institutionnelles qui demeurent, à mon avis, très importantes.»
Hélène P. Tremblay rappelle que leur mandat s’inscrit en droite ligne avec les orientations du Plan stratégique adopté par le Conseil d’administration de l’UQAM, le 12 janvier dernier. «Nous devons donner corps aux intentions de décentralisation exprimées dans le cadre du Plan stratégique en ce qui concerne un nouveau partage des responsabilités entre les instances centrales et, prioritairement, mais non exclusivement, les facultés et l’École», dit-elle.
Les deux expertes ont été choisies pour leur vaste connaissance du monde universitaire. Titulaire d’un doctorat en sciences politiques de l’Université de Toronto, Louise Dandurand a, entre autres, occupé le poste de secrétaire générale du Conseil de recherches en sciences humaines. Elle a également présidé le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture ainsi que l’Association francophone pour le savoir, en plus d’avoir occupé des postes à la haute direction de l’UQAM et de l’Université Concordia. Docteure en sciences économiques de l’Université Laval, Hélène P. Tremblay a notamment occupé les postes de vice-rectrice à l’enseignement et à la recherche, puis de rectrice par intérim à l’Université du Québec à Rimouski, avant d’être nommée à la direction scientifique de l’Institut national de la recherche scientifique. Elle a aussi présidé le Conseil de la science et de la technologie et occupé le poste de sous-ministre adjointe pour l’enseignement supérieur au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Depuis sa retraite, elle a rempli de nombreux mandats, dont celui de coprésidente du Chantier sur la politique de financement des universités lors du Sommet sur l’enseignement supérieur en 2013. Leur contrat de consultation prévoit un montant total maximal de 87 000$ (pour les deux), qui leur sera versé en fonction des heures travaillées.
Des attentes élevées
«Notre mandat est large, mais nous devons tenir compte du fait que les délais qui nous sont impartis ne sont pas indéfinis, mentionne Louise Dandurand. Nous avons un échéancier à respecter, et cela constitue un défi sérieux, considérant les attentes très élevées à notre endroit, que ce soit de la part du Conseil d’administration, de la direction, des facultés et école, des corps constitués, des cadres ou des employés.»
Les deux consultantes promettent d’effectuer leur travail en tenant compte de la culture uqamienne, que Louise Dandurand connaît très bien, ayant œuvré à l’Université à titre de vice-rectrice à la planification stratégique et financière et de secrétaire générale, puis de vice-rectrice à la recherche, à la création et à la planification, entre 1997 et 2001. «Nous aurons un très grand souci de réalisme dans la formulation de nos recommandations», précise sa collègue Hélène P. Tremblay.
Tout le mois d’avril sera consacré à recueillir les opinions et positions de la communauté. Des rencontres sont prévues avec les principaux acteurs des vice-rectorats, des décanats, des syndicats, de l’association des cadres et des associations étudiantes ainsi qu’avec un échantillon de représentants des directions de départements, de centres de recherche, d’instituts et de programmes.
«Nous voulons que cette consultation soit la plus ouverte possible, dit Hélène P. Tremblay. Si des personnes que nous ne rencontrons pas souhaitent nous transmettre leurs préoccupations, elles pourront nous les communiquer par courriel.» Louise Dandurand renchérit: «Nous serons toujours ouvertes aux rencontres, dit-elle, même pendant l’été. On veut que le processus soit clair, transparent et que la communauté ait le sentiment que nous sommes à son écoute.»
Une question à l’ordre du jour
La littérature sur la question de la décentralisation universitaire n’est pas très étendue, indiquent les deux consultantes. Mais, selon elles, l’UQAM est loin d’être la seule institution à s’interroger sur différents modèles de décentralisation. «La question de la décentralisation est une préoccupation partagée par un très grand nombre d’universités, soutient Hélène P. Tremblay. Il est normal, après 40-50 ans, qu’une université qui a énormément grossi se remette en question et cela, peu importe le contexte.»
«Il faut ajouter que, dans un contexte de rétrécissement des budgets, toutes les institutions essaient de trouver des solutions pour optimiser les ressources dont elles disposent», précise Louise Dandurand. Selon elle, toutes les universités sont à la recherche d’un juste équilibre entre, d’une part, les ressources et les responsabilités qui doivent être dévolues à l’administration centrale et, d’autre part, ce qui doit être remis aux facultés pour qu’elles puissent s’acquitter de leur mission.
La tâche qui attend les deux expertes ne sera pas des plus faciles. Pourquoi avoir accepté un tel mandat? «L’UQAM est une université que j’aime beaucoup, à laquelle je crois et qui a une place unique dans le paysage universitaire du Québec, répond Louise Dandurand. Si nous pouvons l’accompagner dans son cheminement, ce sera pour moi une grande satisfaction.»
Très complices, les deux consultantes se montrent heureuses d’avoir accepté ce mandat en tandem. Cela leur permettra, disent-elles, de confronter idées et perspectives. Elles abordent leur travail sans idées préconçues, affirment-elles, mais elles insistent sur le fait que leur mandat ne prévoit aucune option de statu quo. «Nous proposerons différentes hypothèses de décentralisation organisationnelle, avec leurs avantages et leurs inconvénients et les conséquences d’allocation des ressources qui en découleront», précisent-elles.
Quant à la feuille de route qui accompagnera ces recommandations, elle indiquera à l’UQAM un processus à suivre pour en maximiser les retombées. «Nous sommes redevables au Conseil d’administration, souligne Hélène p. Tremblay. Quelles que soient nos recommandations, leur mise en œuvre appartiendra à l’UQAM.»
Les personnes qui souhaiteraient communiquer avec les deux consultantes peuvent le faire par courriel aux adresses suivantes: