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Prix Guy-Mauffette

Bernard Derome obtient un Prix du Québec pour l’ensemble de sa carrière journalistique.

7 novembre 2016 à 10 h 11

Mis à jour le 7 juin 2022 à 10 h 23

Bernard DeromePhoto: Nathalie St-Pierre

L’ex-chef d’antenne de Radio-Canada et président du Conseil de l’Institut d’études internationales de Montréal Bernard Derome obtient le Prix du Québec Guy-Mauffette, décerné annuellement depuis 2011 à une personne pour l’ensemble de son œuvre ou de sa carrière dans les domaines de la radio et de la télévision. La candidature de M. Derome avait été soumise conjointement par l’UQAM et Radio-Canada.

Journaliste  et intervieweur de grande renommée, Bernard Derome est une figure de proue de l’information télévisée au Québec et au Canada. Il est devenu, dès les années soixante-dix, une référence pour le public francophone, qui l’associe aux grands événements de notre histoire des quatre dernières décennies.

Après des études classiques à l’externat Saint-Viateur et au collège Saint-Laurent, Bernard Derome n’a pas encore 20 ans lorsqu’il obtient son premier emploi à la télévision, en 1963, à la station CJBR de Rimouski, qui était alors le poste-école de Radio-Canada au Québec. Il a alors pour mentors Michèle Tisseyre et Wilfrid Lemoyne, avec qui il apprend les rudiments du métier, mais aussi Miville Couture, qui le premier découvre en lui des talents de communicateur, et Pierre Nadeau, avec qui il anime sa première soirée électorale.

Le jeune Derome entre à Radio-Canada en 1965 et travaille en premier lieu pour le service de l’information de la SRC à Ottawa, avant de contribuer pendant les quatre années suivantes à des émissions d’information nationale à partir de Montréal, telles Présent et Aujourd’hui.

À l’automne 1970, en pleine Crise d’octobre, à 26 ans, Bernard Derome devient chef d’antenne du Téléjournal, un poste qu’il occupera pendant 28 ans avant de s’éclipser pour quelques années, puis de  reprendre l’antenne en 2004 pour les cinq années suivantes. Appelé en 1970 à animer toutes les émissions spéciales consacrées à la Crise d’octobre, la rigueur et la concentration dont il fait preuve dans ces circonstances difficiles l’établissent, dans l’esprit du public, comme l’homme des grands rendez-vous en information télévisuelle. Il couvrira ensuite des événements charnières tels que les référendums québécois de 1980 et de 1995, et quelque 23 élections provinciales et fédérales.

Bernard Derome tire sa révérence du Téléjournal en décembre 2008, mais continue d’animer la plupart des émissions spéciales à la télévision, tant au national qu’à l’international. En 2008, il présente Les années Derome, une série où il évoque certains grands événements qu’il a couverts durant les quatre dernières décennies au Téléjournal. En 2011, on le retrouve sur la chaîne Historia comme animateur d’une série documentaire  sur les religions monothéistes. Plus récemment, à Télé-Québec, il dirige Les Grands Moyens, une série documentaire multiplateforme de quatre épisodes qui propose, en dépit de certains tabous, une réflexion collective sur le rôle et le rapport à l’argent des gens fortunés qui ont bâti le Québec Inc.

Son parcours professionnel a été mis en relief par plusieurs prix. Ainsi, il obtient en 1981 le prix Olivar-Asselin, décerné par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal à un journaliste québécois exceptionnel. Il reçoit également le Grand Prix de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision en 1992. Fait Officier de l’Ordre de la Pléiade en 2000, il est aussi lauréat du prix Couronnement de carrière décerné par la Fondation pour le journalisme canadien. Membre de l’Ordre du Canada et chevalier de l’Ordre national du Québec, il reçoit, en mai 2009, la médaille d’honneur de l’Assemblée nationale du Québec, qui souligne l’ensemble de sa carrière journalistique. Il est aussi récipiendaire de deux doctorats honorifiques, un de l’Université du Québec à Rimouski en 2009 et un autre de l’Université de Montréal en 2013.

Des réalisations novatrices et d’envergure

On lui doit, à l’instar de ce que le journaliste René Lévesque avait fait avec Point de mire, d’avoir jeté les bases des techniques du direct appliquées à la nouvelle d’actualité. Ainsi est né le ton posé et la posture à la Bernard Derome devant l’événement qui fait la nouvelle. D’octobre 1970 aux grands référendums nationaux, des drames collectifs comme celui de la tuerie à l’École Polytechnique aux entrevues avec les dirigeants d’ici et d’ailleurs, le style simple, sobre et calme du bulletin direct de Bernard Derome s’impose comme une référence et fait encore école dans les cours de journalisme, les salles de nouvelles et les studios de télévision.

Bernard Derome fut aussi le premier véritable chef d’antenne de la salle des nouvelles de Radio-­Canada. Alors que, jusqu’au début des années soixante-dix, c’est un lecteur de nouvelles du service des annonceurs qui présente le Téléjournal, c’est le journaliste et non simplement le lecteur Bernard Derome qui entre à la salle des nouvelles et prête non seulement sa figure et sa voix à la nouvelle, mais aussi sa culture, son intelligence critique et son jugement. Il organise alors les premières réunions de production du Téléjournal. Il réussit, dès 1972, à convaincre Marc Thibault, qui dirige alors le service de l’information de Radio­Canada, de fusionner le service des nouvelles et celui des affaires publiques. Sur le plan éthique, il fit en sorte que, désormais, les présentateurs de radio et de télévision auraient à choisir entre présenter les bulletins d’information et prêter leur voix à des publicités qui, bien que fort rémunératrices, les plaçaient en conflit d’intérêt face aux événements dont ils avaient à rendre compte. Bernard Derome avait déjà compris que la séparation entre les sphères privée et publique au sein du quatrième pouvoir menaçait la crédibilité des informations et de leurs porteurs. La suite de l’histoire des médias au Québec et dans le monde lui a donné raison.

Un apport considérable à la vie culturelle québécoise

L’intérêt de Bernard Derome pour les grands enjeux internationaux ne s’est jamais démenti au fil des ans, et c’est ce qui explique que, peu après son départ de Radio Canada, la direction de l’Institut d’études internationales de Montréal, avec le soutien de la direction de l’UQAM, a entamé les démarches qui ont conduit à son élection à titre de premier président de l’Institut, le 27 janvier 2010, pour un mandat de trois ans, renouvelé en janvier 2013. Comme il l’a reconnu lui-même au lendemain de son élection, «ma collaboration avec l’Institut d’études internationales de Montréal s’inscrit directement dans le souci que j’ai toujours eu de livrer au public une information pertinente et de haute qualité.»

Depuis lors, Bernard Derome s’est impliqué sans relâche dans les activités de l’Institut en participant aux nombreuses activités publiques organisées d’année en année, qu’il s’agisse des colloques internationaux, des cycles de conférences ou des entrevues avec des personnalités de renom. En retour, l’Institut a pu bénéficier de l’implication et de l’expertise d’un professionnel de haut niveau, qui a contribué de manière significative à la diffusion et à la promotion de ses activités, et qui a, par le fait même, contribué à raffermir la réputation de l’UQAM, à son rayonnement national et international ainsi qu’au rayonnement du Québec dans le monde.