Série Dans les coulisses de l’UQAM
Des employés de l’UQAM, ceux qui, dans les coulisses, assurent le bon fonctionnement de l’Université, parlent de leur rôle au sein de notre institution.
En septembre dernier, la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal, Montréal International, les universités montréalaises et leurs partenaires rendaient public un avis sur l’urgence d’agir pour attirer et retenir les meilleurs étudiants étrangers à Montréal. Présent à cette conférence de presse, le recteur de l’UQAM, Robert Proulx, avait déclaré: «L’internationalisation des savoirs est essentielle pour assurer la qualité de l’enseignement et de la recherche et la mobilité étudiante est l’une des facettes de cette internationalisation.»
Lysange Gervais comprend bien le sens de ces paroles. Depuis trois ans, elle est conseillère à l’accueil et à l’intégration des étudiants étrangers au Centre des services d’accueil et de soutien socioéconomique des Services à la vie étudiante (SVE). «L’UQAM compte plus de 3 200 étudiants étrangers, provenant de quelque 90 pays, dit-elle. Plusieurs arrivent de la France et de la Belgique, mais nous en recevons aussi d’Afrique du Nord, d’Afrique centrale, d’Asie et d’Amérique latine. Ces dernières années, la tendance est à la hausse, à l’UQAM comme dans l’ensemble des universités québécoises.»
Celle qui se décrit comme un pur produit de l’UQAM a obtenu un baccalauréat en sciences de l’éducation, avant de compléter une maîtrise dans la même discipline. «Je me suis spécialisée en éducation à la citoyenneté, avec un profil en éducation interculturelle.»
Son diplôme de maîtrise en poche, en 2009, Lysange Gervais se retrouve dans une commission scolaire, où elle remplace temporairement une conseillère pédagogique en développement professionnel. «J’offrais des ateliers de formation à de nouveaux arrivants qui se destinaient à l’enseignement.» En 2012, elle obtient un poste de conseillère aux Services à la vie étudiante de l’UQAM et s’implique rapidement dans un projet pilote d’intégration d’étudiants étrangers intitulé Camaïeu.
Accueil personnalisé
Comment s’établit le premier contact avec les étudiants étrangers ? En collaboration avec le Bureau du recrutement, le Centre des services d’accueil et de soutien socioéconomique a créé une page Facebook qui leur est dédiée. «Les étudiants peuvent s’y abonner depuis leur pays, avant même de soumettre une demande d’admission à l’UQAM», note la conseillère.
Une fois leur demande acceptée et dès leur arrivée à Montréal, un service d’accueil personnalisé est mis en place. «Nous avons formé une équipe d’étudiants québécois et étrangers, déjà inscrits à l’UQAM, qui sont préparés à accueillir les nouveaux arrivants, explique Lysange Gervais. Ces étudiants ressources orientent les nouveaux, individuellement ou en petits groupes, et organisent des séances d’information ainsi que des visites guidées de Montréal et de l’UQAM. Notre rôle consiste à les former et à les encadrer.»
«Plusieurs ont quitté leur pays et leur famille pour la première fois. Pour eux, tout est nouveau: le milieu de vie montréalais, le rythme des études, la façon d’enseigner, les relations avec les professeurs.»
Lysange Gervais,
conseillère à l’accueil et à l’intégration dse étudiants étrangers
Les SVE tiennent des rencontres individuelles, s’étalant de juillet à la mi-septembre et de la fin décembre à la mi-janvier, au cours desquelles les étudiants peuvent poser des questions sur des sujets variés: vie universitaire, recherche d’un logement, permis d’études, ouverture d’un compte bancaire, assurance maladie, aide financière, etc. «C’est une étape importante qui nous permet d’établir un contact direct avec les étudiants en vue de mieux les connaître», souligne la conseillère.
Une période cruciale
Les difficultés d’adaptation des étudiants étrangers à leur nouvel environnement se manifestent souvent au premier trimestre, une période cruciale pour eux. «Plusieurs ont quitté leur pays et leur famille pour la première fois, observe Lysange Gervais. Pour eux, tout est nouveau: le milieu de vie montréalais, le rythme des études, la façon d’enseigner, les relations avec les professeurs. Certains ont un conjoint ou une conjointe, voire des enfants. D’autres, qui ont grandi en Afrique ou en Asie, peuvent être déstabilisés par le contraste entre le style de vie nord-américain et celui de leur pays d’origine. Leur intégration sera facilitée si tout se déroule bien durant les premiers mois.»
L’an dernier, la conseillère et ses quatre collègues de travail ont tenu plus de 500 rencontres individuelles avec des étudiants étrangers. «Nous sommes un point de référence, dit-elle. Le plus difficile, pour eux, est d’apprendre à connaître les rouages de la vie administrative et académique. Des étudiants sont à la recherche de la secrétaire qui solutionnera tous leurs problèmes. D’autres viennent nous voir avec de nouvelles questions. Où faire ses emplettes ? Comment repérer un local sur le campus ?»
Pour favoriser l’intégration, le Centre des services d’accueil et de soutien socioéconomique a mis en place plusieurs mesures. Le programme Allô !, auquel sont inscrits plus de 500 étudiants, a été revitalisé l’an dernier. «Il consiste à jumeler un étudiant étranger à un étudiant québécois ou d’une autre origine, qui fréquente l’UQAM depuis au moins un an, précise Lysange Gervais. Des activités sociales et culturelles – promenades dans des quartiers, balade au Jardin botanique, séjours à Québec et à Ottawa, visites de musées, repas à la cabane à sucre – sont proposées pour aider les étudiants à créer des liens.» Le Centre a également mis sur pied l’activité Parrainage du temps des Fêtes, en collaboration avec le Bureau des diplômés, invitant les étudiants étrangers à participer à des soupers familiaux, à visiter des lieux touristiques et à pratiquer des sports d’hiver. Enfin, un comité formé d’étudiants de diverses origines organise, depuis deux ans, une semaine interculturelle.
La conseillère à l’accueil et à l’intégration insiste sur le fait que les besoins des étudiants étrangers sont grands. «Pour y répondre adéquatement, il faut faire preuve de sensibilité et d’ouverture, dit-elle. Il y a toujours des choses à améliorer et à inventer. C’est ce que j’aime dans mon travail.»
L’autre jour, un étudiant qu’elle avait suivi durant plusieurs mois lui a envoyé un courriel. «Il m’informait qu’il avait enfin obtenu son diplôme et réussi à se trouver un emploi. Pour moi, c’est la meilleure des récompenses.»