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Des acquis menacés

Marie-Hélène Véronneau s’inquiète des effets des compressions budgétaires en éducation sur les enfants défavorisés. 

16 décembre 2015 à 14 h 12

Mis à jour le 16 décembre 2015 à 14 h 12

Marie-Hélène Véronneau plaide pour le maintien de l’accès aux services de psychologues scolaires, d’orthopédagogues et d’éducateurs spécialisés.

Les jeunes de milieux pauvres et ceux ayant besoin de services spécialisés pour surmonter des difficultés scolaires ou comportementales font partie des groupes les plus affectés par les coupes budgétaires actuelles dans le système d’éducation au Québec, déplore la professeure Marie-Hélène Véronneau, du Département de psychologie. Celle-ci est l’auteure principale d’une étude portant sur l’ascension sociale d’élèves de milieux défavorisés, héritiers de la Révolution tranquille, qui s’étale sur une période de 30 ans (1976-2005). Les résultats de cette recherche ont été publiés récemment dans la revue Development and Psychopathology

Les élèves provenant des familles les moins bien nanties sont les grands gagnants des réformes du système d’éducation québécois menées dans les années 60 et 70, souligne l’étude à laquelle a participé Marie-Hélène Véronneau, en collaboration avec des chercheurs de l’Université Concordia. Ces réformes ont permis, notamment, de créer les cégeps et le réseau de l’Université du Québec.

Les enfants de milieux défavorisés issus de la génération de la Révolution tranquille ont ainsi amélioré leur statut socio-économique et leur scolarisation par rapport à leurs parents. «En moyenne, ils ont fréquenté l’école trois années de plus que leurs parents, ce qui est énorme dans un parcours scolaire», souligne la professeure.

Les gains, cependant, ont été plus difficiles à obtenir pour les enfants qui présentaient des difficultés scolaires ou des problèmes de comportement.

Selon Marie-Hélène Véronneau, les résultats de la recherche montrent que les politiques sociales et un système scolaire facilitant l’accès aux études contribuent à hausser le statut social des gens d’une génération à l’autre. Mais, ajoute-t-elle, des mesures particulières doivent être prises pour que les élèves manifestant des difficultés d’apprentissage ou des problèmes de comportement puissent réaliser leur plein potentiel.

«Dans le contexte actuel où le gouvernement québécois cherche à réduire les dépenses en visant notamment les services spécialisés pour élèves en difficultés, les enfants provenant de familles à faible revenu et dont les parents ont abandonné l’école assez tôt voient leurs chances d’améliorer leur situation économique une fois adultes sérieusement compromises», soutient la chercheuse. C’est pourquoi, il est important, dit-elle, de maintenir l’accès aux services de psychologues scolaires, d’orthopédagogues et d’éducateurs spécialisés.