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À l’heure de l’internationalisation

Le forum 2015 a permis d’ouvrir des perspectives sur le développement international de l’UQAM.

Par Claude Gauvreau

2 février 2015 à 16 h 02

Mis à jour le 2 février 2015 à 16 h 02

Le professeur Paul Bélanger au micro. À sa gauche, Benoît Bazoge, Louise Pelletier, Jean-Guy Prévost, Stevan Harnad, Johanne Saint-Charles et Philippe Jonnaert. Photo: Nathalie St-Pierre.

Par quels moyens peut-on favoriser l’internationalisation de la formation et de la recherche ? Quels sont les cas exemplaires de développement international à l’UQAM ? Comment concerter les efforts des facultés et des services en matière d’internationalisation ? Ces questions étaient au centre des discussions lors du Forum 2015 sur le développement international de l’UQAM, le 30 janvier dernier. L’événement, qui visait  à dresser un état des lieux, a réuni une soixantaine de personnes: membres de la direction, doyens et vice-doyens, professeurs et responsables des dossiers internationaux dans les facultés et les services.

Selon une enquête réalisée en décembre dernier par l’Association des universités et des collèges du Canada (AUCC), les universités canadiennes sont de plus en plus engagées dans l’internationalisation et accordent une grande importance à la mobilité internationale de leurs étudiants. L’enquête souligne que 96 % des universités canadiennes inscrivent l’internationalisation dans leurs plans de développement et que 80 % d’entre elles en font une priorité.

La mise en œuvre d’une stratégie d’internationalisation fait partie des objectifs du projet de Plan stratégique 2014-2019 de l’UQAM, rappelle Sylvain St-Amand, directeur du Service des relations internationales (SRI). «Il s’agit d’assurer le rayonnement de l’Université à l’étranger, de faire de nos étudiants des citoyens du monde et d’intégrer dans nos programmes de formation la connaissance de l’international, dit-il. Rares sont les objets d’étude qui ont une dimension purement locale. Les changements climatiques, la gouvernance des organisations, le terrorisme ou l’itinérance, par exemple, comportent des enjeux qui n’ont pas de frontières. Pour les comprendre, il faut savoir ce qui se fait ailleurs et miser sur les collaborations entre nos chercheurs et ceux de l’étranger.»

L’internationalisation de l’UQAM ne repose pas uniquement sur les épaules du Service des relations internationales, dit son directeur. «Tout le monde est concerné par l’internationalisation. Le Service est là pour soutenir les projets qui émanent des facultés.»

Se faire connaître et reconnaître

Le Projet de Plan stratégique 2014-2019 insiste sur l’importance pour l’UQAM de se positionner sur la scène internationale. Malgré son jeune âge, celle-ci est présente sur les cinq continents et a conclu des ententes avec plus de 300 établissements d’enseignement dans le monde, lesquelles concernent tant les échanges d’étudiants et de professeurs que les collaborations avec des professeurs étrangers dans des projets de recherche spécifiques. «Se positionner, cela signifie se faire connaître et reconnaître, note Sylvain St-Amand. Lors de conférences données récemment au Brésil et en Chine, le recteur, Robert Proulx, a exposé les valeurs et les principes défendus par l’UQAM: la solidarité internationale, la collaboration interuniversitaire, le partage des savoirs et la responsabilité sociale des universités. L’accueil qui lui a été réservé fut enthousiaste.»

Selon le directeur du SRI, l’UQAM est bien connue dans les pays francophones d’Europe – France, Belgique, Suisse -, dans les pays du Maghreb, en Amazonie, en Bolivie et en Haïti. «Nous avons, par exemple, des liens privilégiés avec le Brésil, qui datent d’une trentaine d’années. Des liens qui ont permis de créer à l’Université le Centre d’études et de recherches sur le Brésil (CERB). Par ailleurs, nous devons renforcer notre présence au Japon et, surtout, en Chine, un pays où le français est enseigné dans 110 universités.»

L’UQAM a justement conclu trois nouvelles ententes avec des établissements universitaires chinois, dont l’Université de Shandong, l’une des 20 meilleures en Chine, dans les domaines des lettres, de la gestion, du tourisme et de la science politique. À Pékin, une entente facilitant l’échange d’étudiants a été signée avec l’Université des études étrangères, qui forme de futurs diplomates et possède un Centre d’études québécoises. Enfin, une troisième entente, et non la moindre, a été établie avec l’Académie des sciences de la Chine, «une sorte d’amalgame entre la Société royale du Canada, le Collège de France et une université spécialisée», rapporte Sylvain St-Amand. Le Centre interuniversitaire de recherche sur les sciences et les technologies (CIRST), basé à l’UQAM, est le moteur de ce partenariat qui s’intéressera aux impacts sociaux des innovations technologiques.

En novembre dernier, des professeurs en muséologie et en arts visuels ont effectué une mission au Mexique. «Des accords ont été conclus avec des musées de la ville de Mexico et l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), qui devraient conduire à un protocole de stages pour nos étudiants en muséologie et à des partenariats de recherche-création en arts visuels», souligne le directeur du SRI.

Accueillir et bouger

L’internationalisation des universités implique également l’accueil d’étudiants étrangers, une occasion de favoriser la diversité culturelle sur les campus et d’explorer d’autres univers et référents intellectuels. Les étudiants étrangers choisissent leur destination d’études selon plusieurs facteurs: le prestige des diplômes des établissements du pays d’accueil, le coût des études, la souplesse et la durée des programmes, les possibilités d’obtention d’une bourse, les perspectives d’emploi et les liens culturels et linguistiques.

Des données du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science montrent que l’UQAM se classe au premier rang des universités francophones du Québec pour le nombre d’étudiants étrangers inscrits au deuxième cycle et au deuxième rang pour les étudiants étrangers inscrits au premier cycle. «C’est au troisième cycle que nous devons améliorer le recrutement, soutient Sylvain St-Amand. Il faut soutenir le développement de programmes conjoints avec des universités étrangères et les cotutelles de thèses. De plus, si nous faisons mieux connaître nos équipes de chercheurs à l’étranger, nous pourrons attirer davantage de doctorants et de postdoctorants.»

En 2012-2013, seulement 3 % des étudiants universitaires de premier cycle au Canada – 25 000 environ – ont eu l’occasion de vivre une expérience à l’étranger, révèle l’enquête de l’AUCC. Les faibles possibilités de financement constitueraient le principal obstacle à la mobilité. «Au Québec, heureusement, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres provinces, le gouvernement n’a pas sabré dans les programmes de bourses à la mobilité, observe le directeur du SRI. À l’UQAM, la mobilité des étudiants a beaucoup progressé au cours des cinq dernières années.» Plusieurs étudiants effectuent des stages ou des séjours d’études de un ou deux semestres. «On doit les encourager à faire aussi de courts séjours, de deux ou trois semaines, poursuit Sylvain St-Amand. C’est une option plus accessible pour des étudiants qui ont peu de ressources financières, qui ont un emploi ou des responsabilités familiales. En outre, cela permet de multiplier les échanges et de bâtir des liens pour l’avenir.»

Des exemples de succès

Une partie du Forum sur le développement international a été consacrée à la présentation de cas exemplaires en matière d’internationalisation à l’UQAM. Des exemples de bonnes pratiques qui peuvent servir de sources d’inspiration.

Professeure au Département de communication sociale et publique et directrice du Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, la société et l”environnement (CINBIOSE), Johanne Saint Charles a présenté le projet EkoSanté, une collaboration réunissant les communautés de pratique en approches écosystémiques de la santé d’Amérique latine, des Caraïbes et du Canada.

Philippe Jonnaert, professeur au Département de mathématiques et titulaire de la Chaire UNESCO de développement curriculaire, a parlé de l’appui apporté par la chaire aux réformes des systèmes éducatifs dans les pays de l’Union économique et monétaire de l’ouest de l’Afrique, notamment au Niger et en Côte d’Ivoire, en partenariat avec les bureaux locaux de l’UNESCO.

Le professeur Jean-Guy Prévost du Département de science politique a présenté le programme de baccalauréat en relations internationales et en droit international (BRIDI), créé en 2002, qui a permis à des étudiants d’effectuer des stages ou des séjours d’études dans plus de 60 pays dans le monde.

Stevan Harnad, professeur au Département de psychologie, a expliqué que, depuis 2003, les écoles d’été interdisciplinaires de l’Institut des sciences cognitives, grâce notamment au Web, ont permis à des centaines de chercheurs et d’étudiants de partout dans le monde de participer à des débats et conférences sur des thèmes variés: la cognition sociale, les origines du langage, le phénomène de la conscience, etc.

Le professeur Benoît Bazoge du Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale, a fait état des nombreux partenariats établis par l’École des sciences de la gestion en vue d’échanges bilatéraux avec divers pays en matière de formation et de recherche.

Louise Pelletier, professeure à l’École de design, a exposé les succès remportés depuis une vingtaine d’années par la Semaine design international, qui permet à des créateurs européens invités, aux étudiants et aux jeunes professionnels de débattre de productions couvrant autant les domaines du design industriel et urbain que ceux du graphisme et de l’architecture.

Le professeur Paul Bélanger du Département d’éducation et de formation spécialisés a parlé, quant à lui, des réalisations du Conseil international de l’éducation des adultes et du Réseau d’échanges Decent Learning for Decent Work.