Les professeurs Mara Rosemarie Brendgen, du Département de psychologie, et Mohammad-Ali Jenabian, du Département des sciences biologiques, ont obtenu des subventions de fonctionnement totalisant plus de 1,1 million de dollars de la part des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour des projets de recherche novateurs.
Intimidation et santé mentale
Au Canada, près d’un enfant sur quatre est victime d’intimidation de la part de camarades au cours des années d’école primaire et secondaire. Les victimes d’intimidation sont à risque d’une variété de problèmes de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression, l’agressivité et l’abus de substances. «Toutefois, il n’est pas clair si ces risques augmentent proportionnellement ou exponentiellement en fonction de la chronicité des expériences d’intimidation», affirme Mara Rosemarie Brendgen, qui a obtenu 658 329 dollars sur une période de cinq ans pour son projet intitulé «Adult Health Outcomes in Male and Female Victims of School Bullying: A Longitudinal and Genetically Informed Study of Underlying Bio-Physiological Mechanisms».
Ce projet de recherche explorera la nature du lien entre la chronicité des expériences d’intimidation et les problèmes de santé mentale au début de l’âge adulte. «Ceci est primordial pour savoir sur quels enfants concentrer nos efforts de prévention, précise Mara Rosemarie Brendgen. Nous tenterons également de comprendre les mécanismes de nature biopsychosociale susceptibles d’expliquer le lien entre les expériences d’intimidation et le développement de problèmes de santé mentale chez les jeunes adultes.»
La victimisation par les pairs pourrait, par exemple, entraîner une dérégulation de certains systèmes physiologiques, notamment ceux liés au stress. À leur tour, ces dérégulations entraîneraient une dégradation de la santé mentale des jeunes chez qui ces changements surviennent. «Le rôle des biomarqueurs associés au stress dans la relation unissant la victimisation par les pairs et les problèmes ultérieurs de santé mentale demeure méconnu», souligne la chercheuse.
Son projet vise aussi l’identification de possibles facteurs de protection – tel le soutien social – et de mécanismes physiologiques sous-jacents qui atténueraient, voire annuleraient les effets délétères des expériences d’intimidation sur la santé mentale des victimes.
Pour réaliser ce projet, la chercheuse mettra à profit les observations recueillies lors d’une étude longitudinale auprès de 420 paires de jumeaux (840 individus) suivis quasi annuellement depuis leur naissance, entre 1996 et 1998, jusqu’à la fin de l’adolescence.
La lutte contre le VIH se poursuit
Le SIDA demeure l’un des défis de santé les plus importants au niveau mondial. Près de 35 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, y compris 70 000 au Canada. «L’infection chronique par le VIH est caractérisée par la persistance virale, l’activation immunitaire ainsi que la dysfonction et la baisse des lymphocytes T CD4», explique Mohammad-Ali Jenabian, qui a obtenu 458 810 dollars des IRSC pour son projet intitulé «Le rôle des cellules T régulatrices dans l’infection au VIH: implication dans l’interaction hôte-virus».
Même si la thérapie antirétrovirale a amélioré globalement la santé et la défense immunitaire des personnes vivant avec le VIH, la fonction des cellules immunitaires qui contrôlent la réplication – ou la multiplication du virus – demeure altérée. Ainsi, le vieillissement précoce, dû à l’inflammation chronique, est l’un des phénomènes qui afflige les personnes vivant avec le VIH.
«Ce projet de recherche porte sur la plasticité et la fonction des cellules T régulatrices (Tregs) – une sous-population de lymphocytes T CD4 qui possèdent des fonctions immunosuppressives, poursuit le chercheur. Il s’agit de comprendre le rôle des Tregs dans la progression de la maladie et dans le phénomène de vieillissement accéléré.» L’infection au VIH, précise-t-il, est associée à une augmentation de la proportion et de l’activation des Tregs, mais les mécanismes de ces perturbations sont mal définis et le rôle bénéfique ou délétère des Tregs demeure controversé. «Ce projet de recherche fera avancer notre compréhension de la contribution des Tregs à l’infection au VIH et aidera à concevoir de nouvelles stratégies thérapeutiques pour améliorer la santé des personnes qui vivent avec le VIH au Canada et dans le monde entier», ajoute-t-il.
Le professeur Jenabian participe à une autre recherche financée par les IRSC et portant sur l’immunité mucosale contre le VIH, à titre de cochercheur avec le professeur Jérôme Estaquier, de l’Université Laval.