Quelque 250 membres de la communauté africaine de Montréal ont tenu une vigile au parc Émilie-Gamelin, le 18 janvier dernier, à la mémoire des victimes du groupe islamiste Boko Haram. Serge Guidibi, technicien en approvisionnement à l’UQAM, était l’un des organisateurs de ce rassemblement. «À l’origine, nous étions un petit groupe de cinq personnes qui voulions mobiliser des membres de notre communauté pour appuyer les victimes des actions terroristes de Boko Haram et attirer l’attention de l’opinion publique sur l’escalade de la violence au Nigéria, dit-il. Je crois que nous avons atteint nos objectifs.»
Depuis cette manifestation, Serge Guidibi a accordé plusieurs entrevues aux médias. Ce dernier entend d’ailleurs poursuivre le travail de sensibilisation au sein de sa propre communauté. «Après avoir créé une page Facebook pour annoncer la manifestation, qui a été visitée par 1 800 personnes en trois jours, nous avons mis sur pied un groupe Facebook. Cela permettra de diffuser régulièrement de l’information et d’organiser d’autres actions sur une base encore plus large.»
Né au Bénin, un petit pays voisin du Nigéria, Serge Guidibi vit au Québec depuis 2001. Détenteur d’un baccalauréat en administration spécialisé en gestion des opérations et de la production, il a été embauché au Service des approvisionnements en 2009.
«Je ne prétends pas être un expert de l’Afrique, dit le technicien. Mais j’ai grandi dans une famille qui s’intéressait aux différentes cultures et aux affaires du monde. Cela m’a conduit à développer une passion naturelle pour la politique internationale et en particulier pour la situation politique en Afrique.»
Que veut Boko Haram ?
Le groupe islamiste Boko Haram, dont le nom signifie «l’éducation occidentale est un péché», a été fondé en 2002 dans l’État de Borno, au nord-est du Nigeria. À partir de 2009, ses actions deviennent de plus en plus nombreuses et violentes: enlèvements de jeunes filles dans des écoles, explosions de bombes dans des stations d’autobus, attentats suicides et attaques contre des villageois. Les bilans font état de 13 000 morts et de plus d’un million de personnes déplacées. Son objectif serait la création d’un califat, dont la capitale proclamée est Gwoza, une ville du Borno.
«Au début, les autorités nigérianes et la communauté internationale n’ont pas pris au sérieux la menace que représentait Boko Haram. Cela lui a permis de se renforcer et de s’équiper militairement», affirme Serge Guidibi.
Avec ses quelque 8 000 combattants, Boko Haram est en voie de prendre une dimension régionale en s’attaquant à des pays voisins comme le Cameroun et le Tchad. «Ces combattants sont bien organisés et très mobiles, capables de lancer de nombreuses attaques simultanées, note le technicien. Ils recrutent des jeunes, souvent pauvres et désoeuvrés, en les attirant avec de l’argent.»
Parce qu’ils répandent la terreur, les combattants de Boko Haram n’ont pas de véritable soutien au sein des populations civiles. Des groupes armés d’autodéfense se sont d’ailleurs formés dans plusieurs villages. «Difficile de dire qui les finance, même si des soupçons pèsent sur certains pays et certaines organisations, dit Serge Guidibi. Chose certaine, ils disposent de beaucoup d’argent, ce qui leur a permis de mettre la main sur un arsenal militaire sophistiqué. Même l’armée nigériane, pourtant réputée pour être la première armée du continent africain, ne parvient pas à venir à bout de Boko Haram.»