Auditions ou Me, Myself and I raconte les tribulations d’une metteure en scène, dans le cadre d’une audition visant à trouver des comédiens pour jouer les personnages de Richard III de William Shakespeare. «Les névroses, l’égo surdimensionné, la soif de pouvoir et la tyrannie de la metteure en scène finiront par anéantir son projet, décrit la professeure Angela Konrad, de l’École supérieure de théâtre, qui signe l’adaptation et la mise en scène de la pièce, présentée au théâtre de Quat’sous. Par ses travers, elle finira par ressembler en tout point au roi Richard III.»
Cette «lecture critique» de Richard III, une pièce historique relatant la fin de la Guerre des Deux-Roses et celle d’un roi ne reculant devant rien pour accéder au pouvoir, prend la forme d’une «dramaturgie en miroir», où l’on vient superposer des extraits de la pièce originale de Shakespeare à des textes originaux mettant en vedette la metteure en scène, interprétée par Dominique Quesnel, et ses déboires. «Je voulais d’abord présenter l’intégralité de la pièce, mais pour une question de budget, j’ai plutôt choisi de faire entendre des extraits clés, en lien avec le rapport aux femmes et au pouvoir», explique Angela Konrad. Outre la comédienne Dominique Quesnel, la distribution comprend entre autres les diplômées Lise Roy (M.A. art dramatique, 06) et Stéphanie Cardi (B.A. art dramatique, 08). William Durbau, assistant à la mise en scène et candidat à la maîtrise en théâtre, a effectué pour sa part un travail sur les textes et une recherche dramaturgique autour de l’œuvre du célèbre britannique.
Auditions ou Me, Myself and I pose un regard sur les coulisses de la création. «C’est une mise à nu de la contradiction qui existe entre la fabrication d’une œuvre et l’œuvre en elle-même», exprime la professeure qui enseigne la théorie et la pratique de la mise en scène. «Ce qui compte, c’est l’œuvre en soi, bien sûr, mais le cheminement pour y arriver peut connaître plusieurs péripéties dont on ne parle pas toujours au théâtre. C’est une pièce sur les mécanismes du pouvoir, on y parle de stratégies de manipulation et de jeux de domination entre les acteurs.»
La pièce est produite par La Fabrik, une compagnie théâtrale fondée par Angela Konrad, dont les productions proposent une lecture du monde actuel et de ses contradictions à travers des textes anciens et nouveaux. En présentant la pièce dans la salle de répétition de Quat’Sous, lieu même de la tenue des auditions générales permettant à de jeunes comédiens de se faire connaître auprès de metteurs en scènes, de réalisateurs et d’agents d’artistes et de casting reconnus du milieu, Auditions ou Me, Myself and I fait ainsi un clin d’œil à la vocation particulière de ce théâtre.
Le projet, qui a été rendu possible grâce à une subvention du Programme d’aide financière à la recherche et à la création (PAFARC), versée par la Faculté des arts afin d’appuyer les professeurs-créateurs, est présenté du 20 au 31 janvier, à 19h30.