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Veiller à la forme des athlètes

Athanasio Destounis chapeaute une équipe de préparateurs physiques dédiée aux étudiants-athlètes.

Par Pierre-Etienne Caza

30 mai 2014 à 14 h 05

Mis à jour le 8 mars 2016 à 9 h 03

Série Dans les coulisses de l’UQAM

Des employés de l’UQAM, ceux qui, dans les coulisses, assurent le bon fonctionnement de l’Université, parlent de leur rôle au sein de notre institution.

Athanasio Destounis supervise l’entraînement de James Louis-Jeune, capitaine de l’équipe masculine de soccer des Citadins. Photo: Nathalie St-Pierre

L’époque où un athlète pouvait se fier uniquement sur son talent est révolue. La préparation physique fait désormais partie du quotidien des athlètes professionnels 12 mois par année. «C’est une réalité qui s’applique aussi aux étudiants-athlètes universitaires», affirme Athanasio Destounis, que l’on aperçoit sur les lignes de côté lors des matchs des Citadins. C’est lui qui veille, avec son équipe de préparateurs physiques, à ce que les étudiants-athlètes de l’UQAM soient au meilleur de leur forme.

Mordu de soccer

Après avoir joué au soccer au sein d’équipes élites de la rive-sud jusqu’à l’âge de 19 ans, Athanasio Destounis s’est inscrit, sans grand enthousiasme, au cégep en comptabilité. Une enseignante, au fait de sa passion pour le sport, lui avait suggéré de s’informer à propos du baccalauréat d’intervention en activité physique de l’UQAM. Dès la lecture du descriptif du programme, ce fut le coup de foudre. «J’ai su à ce moment-là que je voulais travailler comme préparateur physique auprès d’une équipe de soccer», raconte-t-il.

Au cours de ses études de bac, il effectue l’un de ses stages auprès de l’équipe masculine de soccer des Citadins, qui n’avait pas de kinésiologue à l’époque. «L’entraîneur Christophe Dutarte a d’abord tenté de me recruter comme joueur, mais je voulais uniquement faire un stage», se rappelle-t-il en riant. «L’expérience d’Athanasio comme ancien joueur, combinée à sa formation, nous a permis de concocter un programme de préparation physique adapté au soccer, raconte l’entraîneur des Citadins. C’était il y a 10 ans et nous étions alors parmi les premières équipes de la ligue à innover à ce chapitre.»

 Athanasio Destounis est demeuré avec l’équipe les saisons suivantes, peaufinant son programme en compagnie de Christophe Dutarte.

Une étude exploratoire

Un joueur professionnel de soccer court environ 12 à 14 km lors d’un match. «Compte tenu des différentes phases de jeu, le soccer exige une bonne condition physique en aérobie, en anaérobie [NDLR: un exercice qui exige de courts efforts à un taux élevé d’intensité], en vitesse, en souplesse, en force et en coordination», explique Athanasio Destounis, qui a poursuivi ses études à la maîtrise en kinanthropologie, sous la direction du professeur Alain Steve Comtois.

«Pour être compétitifs, il est aujourd’hui indispensable que nos joueurs puissent se préparer physiquement avec des spécialistes comme Athanasio, qui fait un travail formidable.»

daniel méthot

Responsable du programme d’excellence des Citadins

Sa recherche, menée auprès de 17 joueurs des Citadins durant une saison automnale, portait sur les fréquences cardiaques et la dépense énergétique des joueurs de soccer durant l’entraînement et les matchs. «La saison de soccer universitaire est particulière, précise-t-il, car les athlètes disputent souvent deux matchs en trois jours. C’était intéressant de comparer la dépense énergétique lors de ces deux matchs et d’observer à quel rythme étaient menés les entraînements la semaine suivante.»

Bâtir une équipe

Après sa maîtrise et quelques stages en Europe, Athanasio Destounis est revenu à l’UQAM en 2010. «J’ai proposé que l’on étende le programme de préparation physique à toutes les équipes de l’UQAM», se rappelle-t-il. Daniel Méthot, responsable du programme d’excellence des Citadins, a accueilli l’idée avec joie. «Pour être compétitifs, note ce dernier, il est aujourd’hui indispensable que nos joueurs puissent se préparer physiquement avec des spécialistes comme Athanasio, qui fait un travail formidable.»

Dès 2010, le préparateur physique s’est donc vu confier la forme des athlètes en basketball et en soccer. L’année suivante, l’équipe de cheerleading et celle de badminton ont adhéré au programme, puis l’équipe de volleyball l’an dernier. «Nous sommes désormais cinq préparateurs physiques, note Athanasio Destounis. Nous travaillons avec les équipes d’excellence des Citadins et aussi sur demande avec les étudiants-athlètes qui pratiquent des sports individuels d’élite, comme la nageuse Roxane Lemieux

Un défi stimulant

La saison morte n’est pas synonyme de repos pour Athanasio Destounis. «Dès le mois de mai, nous rencontrons les entraîneurs pour planifier la prochaine saison et nous évaluons  la condition physique de chaque joueur, explique-t-il. Notre objectif est que les athlètes arrivent en pleine forme en septembre et puissent se concentrer uniquement sur leurs études et leurs performances sportives, sans bobo à soigner. C’est pourquoi nous les incitions à travailler individuellement très fort durant le printemps et l’été.»

Photo

Athanasio Destounis. Photo: Nathalie St-Pierre

«La thérapeute sportive est beaucoup moins occupée depuis l’embauche d’Athanasio, car il y a moins de blessures d’usure, de mauvaise posture et de surentraînement, souligne Daniel Méthot. Et lorsqu’un joueur est sur la touche, tous les intervenants concernés travaillent ensemble pour le remettre sur pied et le garder actif, en se basant sur des données scientifiques rigoureuses. Disons que c’est très différent de l’époque où j’étais moi-même athlète et où la seule ressource était un physiothérapeute. À l’époque, ce sont les joueurs qui décidaient de leur retour au jeu. Aujourd’hui, il y a des protocoles bien établis et respectés.»

«Nous suivons les joueurs de près, notamment pour éviter que leur charge de travail, autant sur le plan sportif qu’académique, devienne trop lourde, ajoute Athanasio Destounis. Nous les aidons alors à trouver des solutions pour ne pas surtaxer inutilement leur corps et leur esprit.»

Lors de la saison, les étudiants-athlètes des Citadins s’entraînent 20 heures par semaine. «Notre but est de sauver le plus de temps possible et donc de concocter des séances d’entraînement qui combinent tous les aspects nécessaires à leur préparation physique, technique, tactique et psychologique, explique le préparateur physique. C’est un défi stimulant!»

Formateur à son tour

Heureux et comblé au Centre sportif, Athanasio Destounis supervise 10 à 12 stagiaires par année, avec les Citadins bien sûr, mais aussi à la salle d’entraînement ou au gym liquide, où il est moniteur. «Au Centre sportif, les étudiants peuvent acquérir de l’expérience en réadaptation, en musculation et en sport d’élite, souligne-t-il. Cela diversifie leur formation.»

Un projet visant à former les entraîneurs et les étudiants-athlètes des cégeps et des écoles secondaires à l’importance de la préparation physique est également en préparation. «Nous avons la chance d’avoir un département qui forment des spécialistes dans le domaine, il faut le faire savoir à ces jeunes, en espérant qu’ils choisissent de poursuivre leurs études et leur carrière sportive à l’UQAM», explique Daniel Méthot.

Athanasio Destounis confirme qu’une telle formation sera bénéfique. «Les étudiants-athlètes provenant de cégeps sans préparateur physique ont souvent du mal à s’adapter à la charge de travail du sport élite universitaire, dit-il. Plus ils commencent jeunes à prendre soin de leur corps, mieux ils s’en porteront et plus la transition s’effectuera en douceur une fois avec nous!»

Un été sous le signe du foot

Québécois d’origine grecque – ses parents sont arrivés au Québec en 1977 –, Athanasio Destounis  a joué au soccer toute son enfance avec ses deux frères et ses cousins qui habitaient sur la même rue, à Saint-Hubert. Cette passion ne s’est jamais démentie puisqu’il en a fait son gagne-pain. «J’ai eu la chance de rencontrer d’excellents professeurs et des formateurs exceptionnels en kinésiologie, qui m’ont transmis leur savoir-faire», dit-il.

Même s’il est fort occupé ce printemps et cet été, il suivra avec attention la Coupe du monde de football, qui aura lieu au Brésil du 12 juin au 13 juillet. «Je souhaite que la Grèce l’emporte, mais elle se retrouve dans un groupe avec la Colombie, le Japon et la Côte d’Ivoire. Ce ne sera pas facile», dit-il en riant.