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Revenu minimum au doctorat

La Faculté des sciences met sur pied un programme d’appui financier pour ses doctorants.

Par Pierre-Etienne Caza

19 mars 2014 à 14 h 03

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Photo: Nathalie St-Pierre

Bonne nouvelle pour les doctorants en sciences naturelles de l’UQAM: le vice-doyen à la recherche de la Faculté des sciences, Luc-Alain Giraldeau, a annoncé le 19 mars un nouveau programme d’appui financier qui fournira à chacun un revenu minimum de 13 000 $ pour toute la durée de ses études, soit trois ans.

«Dans la plupart des universités canadiennes, les étudiants à la maîtrise et au doctorat en sciences naturelles sont payés pendant leurs études, affirme Luc-Alain Giraldeau. La nature du travail qu’ils doivent exécuter, dans un laboratoire ou sur le terrain, exige leur présence constante, ce qui les empêche d’avoir un travail à l’extérieur de l’université.»

Un tel programme n’existait pas à l’UQAM et ce projet pilote, qui débutera en mai, vient répondre à cette lacune. Les 170 doctorants qui en sont à leurs trois premières années dans l’un des programmes de sciences naturelles sont éligibles. Le vice-doyen à la recherche espère également que ce nouveau programme d’appui financier permettra d’attirer plus de candidats au doctorat en biochimie, en biologie, en chimie, en informatique, en informatique cognitive, en mathématiques, en sciences de l’environnement, et en sciences de la Terre et de l’atmosphère. «Nous évaluons être en mesure d’attirer au moins 35 étudiants de plus d’ici trois ans, ce qui représenterait des revenus de près de deux millions de dollars additionnels pour l’université», note Luc-Alain Giraldeau.

Montage financier

Le nouveau système fonctionne ainsi: un professeur doit s’engager à fournir 10 500 $ à chaque doctorant. La Faculté s’engage en échange à remettre 4 000 $ au professeur. «Les sommes remises pourraient permettre à certains d’entre eux d’encadrer d’autres étudiants», espère le vice-doyen.

Le montant de 2 500 $ manquant pour atteindre 13 000 $ sera attribué sous forme de contrat d’auxiliaire d’enseignement. «Après de nombreuses consultations, nous estimons que chaque département est en mesure d’offrir ce montant en contrat d’auxiliaire d’enseignement, explique Luc-Alain Giraldeau. Cela représente environ 115 heures de travail. Nous demanderons aux doctorants de signer un formulaire à l’effet qu’ils s’engagent à faire des demandes pour devenir auxiliaires d’enseignement et à accepter ce qui leur sera offert dans la mesure du raisonnable.»

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Luc-Alain Giraldeau, vice-doyen à la recherche à la Faculté des sciences. Photo: Nathalie St-Pierre.

Bien sûr, ce montant n’empêche pas les doctorants de poser leur candidature pour d’autres bourses. «Beaucoup de doctorants obtiennent plus que 13 000 $, mais il y en a aussi qui n’ont rien ou très peu. Ce sont eux que nous voulons aider», précise le vice-doyen.

La Faculté des sciences est fière d’implanter ce programme, mais elle ne peut pas l’imposer aux professeurs, précise Luc-Alain Giraldeau. «Idéalement, j’aimerais que soient admis uniquement les étudiants que nous sommes en mesure d’aider financièrement, mais ce sont les comités de programme qui établissent les modalités d’admission. La décision leur appartient.»

Il y a aussi certains professeurs qui ne veulent pas que leurs étudiants soient auxiliaires d’enseignement parce que cela leur prend trop de temps, mais qui aimeraient tout de même les voir bénéficier du montant de 13 000 $. «Ils devront alors débourser le montant de 2 500 $ de plus à même leurs fonds de recherche», précise le vice-doyen.

Au total, il s’agit d’un investissement de plus de deux millions de dollars par année, dont 640 000 $ proviennent de la Faculté des sciences, qui a aboli la partie doctorale du programme de bourses d’excellence pour les étudiants de cycle supérieur (FARE) pour financer ce projet (le reste provenant des subventions des professeurs et des contrats d’auxiliaire d’enseignement).

Obtenir plus de subventions

Ce programme d’appui financier aux doctorants a une autre visée. «En tant que vice-doyen à la recherche, mon rôle est d’aider les professeurs à augmenter leur compétitivité afin d’obtenir davantage de subventions, explique Luc-Alain Giraldeau. Or, au CRSNG, par exemple, on attribue trois notes de valeur égale afin de déterminer les projets subventionnés: une pour le curriculum vitae du prof, une pour la valeur et l’originalité de sa demande, et une pour le nombre et la qualité des étudiants et/ou du personnel qu’il a formés. Cette dernière composante est la seule sur laquelle je peux avoir un impact. Voilà pourquoi j’ai eu l’idée de mettre sur pied ce programme d’appui financier aux doctorants.»

Un coup de pouce institutionnel?

L’institution a également une responsabilité envers les étudiants de cycles supérieurs, conclut Luc-Alain Giraldeau. «Nous aimerions que l’UQAM nous épaule et contribue aussi au montant afin que nous puissions non seulement attirer plus de candidats, voire éventuellement augmenter le montant offert, mais aussi étendre le programme aux candidats à la maîtrise, qui devraient aussi bénéficier d’un appui financier.»