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Trois boursiers Vanier

Des doctorants de l’UQAM obtiennent la plus prestigieuse bourse d’études supérieures au Canada.

Par Valérie Martin

15 octobre 2014 à 16 h 10

Mis à jour le 20 octobre 2014 à 10 h 10

Les lauréats Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, Martin Robert et Élise Chaperon, en compagnie de Diane Demers, vice-rectrice aux Études et à la vie étudiante.Photo: Denis Bernier

Les doctorants Martin Robert (histoire), Jean-Philippe Ayotte-Beaudet (éducation) et Élise Chaperon (psychologie) ont obtenu la bourse Vanier. D’une valeur de 50 000 dollars par année pour une durée de trois ans, il s’agit de la plus prestigieuse bourse d’études supérieures au Canada. Les candidats à ce programme de bourses sont évalués et sélectionnés selon trois grands critères : l’excellence du dossier académique, le potentiel de recherche et les capacités de leadership.

Martin Robert

Dans le cadre de sa maîtrise, sous la direction du professeur Martin Petitclerc du Département d’histoire, Martin Robert s’est intéressé aux débuts de la crémation au Québec. Son mémoire à peine déposé, le voilà déjà inscrit au doctorat en histoire, cette fois sous la codirection de Martin Petitclerc et de Rafael Mandressi, professeur à l’École des Hautes études en sciences sociales de Paris et auteur d’un ouvrage sur l’histoire de la dissection en France. Le titre provisoire de sa thèse a de quoi intriguer: Gouverner la mort. Dissection, spiritisme et assurance-vie dans le Québec du XIXe siècle.

«Je m’intéresse cette fois aux rituels funéraires et aux modes de disposition des cadavres», souligne le chercheur. L’assurance-vie est en effet un nouvel instrument financier qui apparaît dans le rituel funéraire à la fin du XIXe siècle et qui heurte les pratique religieuses traditionnelles, explique-t-il. Le spiritisme, qui nous semble aujourd’hui ésotérique, consistait à invoquer avec d’autres personnes des esprits pour leur poser des questions dans le but de développer un savoir positif sur le monde des morts. «Au XIXe siècle, le spiritisme avait pourtant une prétention scientifique, note Martin Robert. Ses adeptes ont même contribué à l’essor de la psychologie comme discipline et à la tenue des premiers congrès dans ce domaine.»

Le doctorant se penchera également sur la dissection sous l’angle des vols de cadavres par les étudiants en médecine. «Ces vols étaient fréquents – il y avait tout un réseau de trafiquants de cadavres en Amérique du Nord – jusqu’à l’adoption d’une loi, en 1883, qui force le transfert des cadavres non réclamés aux salles de dissection des facultés de médecine», précise Martin Robert.

Jean-Philippe Ayotte-Beaudet

L’enseignement des sciences à l’école se déroule traditionnellement dans un laboratoire ou dans une salle de classe. «Pourtant, l’environnement extérieur immédiat d’une école pourrait servir de milieu d’apprentissage et constituer une source d’inspiration pédagogique pour les enseignants, soutient Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, doctorant en sciences de l’éducation. Les élèves pourraient classer les espèces animales en collectant des insectes dans la cour d’école, constater les îlots de chaleur en examinant la température de différents matériaux lors de journées de canicule, étudier l’adaptation des êtres vivants en observant les arbres ou encore acquérir des notions de physique en analysant la réflexion des rayons du soleil.»

Dans le cadre de sa thèse, dirigée par Patrice Potvin, professeur au Département de didactique et cotitulaire de la Chaire de recherche sur l’intérêt des jeunes à l’égard des sciences et de la technologie, Jean-Philippe Ayotte-Beaudet effectuera une recherche-action collaborative avec des enseignants du secondaire dans le Grand Montréal qui accepteront de sortir à l’extérieur des murs à proximité de leur école avec leurs élèves. «Je souhaite déterminer les conditions nécessaires pour que l’enseignant puisse non seulement susciter l’intérêt des élèves, mais également leur permettre d’apprendre dans un environnement authentique.»

Le doctorant a déjà eu la chance d’expérimenter cette approche novatrice en donnant le cours Projets pédagogiques et ressources du milieu à de futurs enseignants du primaire, à titre de chargé de cours. «C’est la première fois qu’un cours offert à l’UQAM se concentre uniquement sur des ressources extérieures, observe-t-il. Je crois que diversifier les milieux d’enseignement et les approches pédagogiques est la meilleure façon d’intéresser les élèves aux sciences.»

Élise Chaperon

Quels sont les mécanismes qui font en sorte que les personnes éprouvant un attachement anxieux (insécure) envers leur conjoint vivent une relation amoureuse moins harmonieuse? Afin de mieux comprendre ces mécanismes, la doctorante en psychologie Élise Chaperon (B.Sc. psychologie, 2011) s’intéresse au biais attentionnel. «Il s’agit d’une mauvaise habitude cognitive, automatique et inconsciente, qui consiste à ignorer les signes d’acceptation, comme un visage souriant, tout en accordant trop d’attention aux indices de rejet, tel un visage renfrogné», explique la doctorante. Il a déjà été démontré que cette mauvaise habitude peut conduire à des problèmes d’estime de soi et à un plus grand stress, mais il reste encore à mieux comprendre quels sont ses effets sur la satisfaction du couple.

Dans le cadre de ses études doctorales sous la supervision de Stéphane Dandeneau, professeur au Département de psychologie et pionnier dans le domaine de la modification du biais attentionnel, Élise Chaperon a réalisé des analyses entre autres auprès de 150 couples. «Nous mesurons par exemple les temps de réaction aux stimuli visuels grâce à des tâches simples que les personnes effectuent à l’ordinateur, explique la doctorante. Mes travaux cherchent à cerner les éléments précurseurs au biais attentionnel et à mieux comprendre ses conséquences sur le couple.»

Après son doctorat, Élise Chaperon souhaite poursuivre sa pratique professionnelle à titre de psychologue clinicienne auprès des couples.