Travailler à l’étranger est un rêve que chérissent de nombreuses personnes. Selon Statistique Canada, environ un Canadien sur 1000 quitte le pays chaque année, le travail constituant l’un des principaux motifs de départ.
Les diplômés de l’UQAM n’échappent pas à cette réalité. Qu’ils soient nés au Québec ou à l’étranger, plusieurs d’entre eux s’expatrient aux quatre coins du monde pour décrocher un emploi stimulant, pour apprécier une culture différente ou pour relever de nouveaux défis.
Voici 12 portraits de diplômés qui, dans divers domaines, contribuent au rayonnement de l’UQAM partout sur la planète.
Patrick Pichette, risquer pour innover
Premier vice-président et chef de la direction financière de Google depuis 2008, Patrick Pichette (B.A.A., 87) joue un rôle de premier plan dans les succès de cette multinationale, forte d’un chiffre d’affaires annuel de 60 milliards de dollars, qui se trouve à Silicon Valley, en Californie. «Je suis particulièrement fier des investissements de près d’un milliard de dollars dans les énergies vertes — notamment dans les parcs solaires photovoltaïques et dans les grands projets éoliens aux États-Unis et en Allemagne — et du développement de la nouvelle génération de réseaux sans fil», explique le grand argentier de l’entreprise.
Chez Google, la culture organisationnelle mise sur l’innovation en favorisant la diversité culturelle, l’ouverture d’esprit, le sens de l’initiative et l’implication des employés dans le développement de l’entreprise. «L’optimisme est si grand que tout le monde a envie de prendre des risques», souligne Patrick Pichette, qui trouve «presque injuste» de pouvoir faire du vélo 365 jours par année ou de cultiver son jardin même en hiver. Il faut dire que la température mensuelle moyenne à Silicon Valley oscille entre 15 et 27 degrés Celsius. «Ici, l’esprit d’innovation et la température sont en symbiose», observe le diplômé.
Bien qu’il apprécie la vie en Californie, Patrick Pichette avoue s’ennuyer de son pays natal. «Il y a une magie qui est unique au Québec et au Canada. Nos valeurs, notre culture, tout cela me manque parfois.»
Élise Racicot, représenter le Québec au Brésil
Directrice du Bureau du Québec à São Paulo, Élise Racicot (B.A. communication, 01) a pour mandat de faire la promotion du Québec au Brésil et de coordonner les relations politiques, économiques, commerciales et culturelles. Ayant à coeur le rayonnement de la culture québécoise dans ce pays d’Amérique du Sud, elle fait venir des troupes de théâtre, de danse et de cirque pour y présenter des spectacles.
La langue n’est pas un obstacle dans les relations québéco-brésiliennes, affirme-t-elle. «D’un côté, les Québécois apprennent facilement le portugais brésilien. De l’autre, les Brésiliens sont reconnus pour être francophiles. On compte un important bassin de francophones ici et l’une des principales destinations universitaires des Brésiliens est la France.»
Élise Racicot a eu la piqûre pour l’international durant ses études à l’UQAM, lesquelles lui ont permis de faire un stage de cinq mois au Costa Rica. Depuis, elle a travaillé en France, en Iran et au Brésil.
Renato Cudicio, percer le marché indien
Avec une population de plus de 1,2 milliard d’habitants, l’Inde est l’un des marchés les plus florissants de la planète. Renato Cudicio (M.B.A., 99), directeur général de Toboc India, une entreprise de Bangalore spécialisée dans les nouvelles technologies, aide des compagnies étrangères à réaliser des études de marché et à établir des contacts afin de percer le marché indien. «Même si je suis en poste uniquement depuis janvier 2014, j’ai la chance de m’appuyer sur une équipe composée à 95 % d’employés indiens», souligne celui qui termine un doctorat en communication offert conjointement par l’UQAM, l’Université Concordia et l’Université de Montréal.
Après avoir travaillé dans plusieurs pays au cours des 20 dernières années, Renato Cudicio a éprouvé un coup de coeur pour l’Inde. «C’est un pays toujours en mouvement, doté d’un immense potentiel économique et d’une grande richesse culturelle.»
Jozée Sarrazin, exploratrice des mers
Biologiste à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer à Brest, en France, depuis 2002, Jozée Sarrazin (Ph.D. sciences de l’environnement, 98) ressent toujours la même fébrilité lorsqu’elle effectue des missions en mer. «Ce sont des expériences de vie intenses, faites de stress et de découvertes, qui m’incitent à aller au bout de mes limites avec des journées de travail de plus de 15 heures.»
La chercheuse est fière d’avoir collaboré à l’installation de deux modules d’observation biologique: le premier sur la dorsale médio-Atlantique à 1700 m de profondeur, près d’une zone hydrothermale, et le second au large de l’île de Vancouver, à 2200 m sous le niveau de la mer. Jozée Sarrazin a aussi conçu une exposition permanente sur les animaux des grandes profondeurs, présentée dans un prototype d’aquarium sous pression.
Cette amoureuse de la mer et des grands espaces habite à Brest, une ville portuaire de Bretagne. «Quand je me rends au travail, je vois des levers de soleil magnifiques et des brumes d’hiver envoûtantes. Avec cette nature qui m’entoure, j’ai l’impression d’être en vacances chaque fin de semaine.»
Mic Lussier, chausser des champions olympiques
Le coureur jamaïcain Yohan Blake a remporté trois médailles olympiques aux Jeux de Londres en 2012. Les chaussures qu’il portait — des adiZero Prime SP — ont été conçues par Mic Lussier (B.A. design de l’environnement, 83), directeur de l’innovation chez Adidas. «Cette chaussure de sprint est la plus légère — 99 grammes — jamais commercialisée, souligne le diplômé. En travaillant avec des athlètes olympiques, nous cherchons dans les moindres détails de quelle façon nous pouvons influencer leurs performances pour les aider à établir de nouveaux records.»
Mic Lussier adore Portland, sa ville d’adoption en Oregon, où se trouve le siège social d’Adidas. «C’est probablement la ville américaine où la vie est la plus agréable. En plus du climat social libéral, j’adore la cuisine du Nord-Ouest américain, les micro-brasseries, les vignobles, le plein air et les paysages spectaculaires.»
Louis de Lorimier, métier: ambassadeur
Être ambassadeur dans un pays en guerre comporte son lot de risques. Au moment du conflit israélo-libanais de 2006, Louis de Lorimier (B.A. science politique, 80), alors ambassadeur canadien au Liban, a coordonné l’évacuation de 15 000 ressortissants canadiens. Transféré au Mali en 2012, il s’est retrouvé au coeur d’un conflit opposant des groupes rebelles à des forces maliennes, françaises et africaines. «Quand on est ambassadeur, chaque expérience est différente selon le pays où l’on vit. On est non seulement confronté à des enjeux politiques, économiques, culturels et d’aide au développement, mais aussi à des problèmes de sécurité.»
Après une carrière en journalisme, Louis de Lorimier a occupé diverses fonctions diplomatiques en Côte d’Ivoire, en France et en République de Corée. Il est devenu par la suite ambassadeur du Canada au Liban, en 2005, ainsi qu’en Belgique et au Luxembourg, en 2008, puis au Mali.
Stéphane Prud’homme, brasser des affaires en Asie
Stéphane Prud’homme (M.A. communication, 04) a fondé deux entreprises visant le marché asiatique : 180 degrés | stratégies numériques, qui offre des services de consultation en communication et développement des affaires, et Quebec Mall, un site de commerce en ligne pour produits québécois. «Les deux entreprises proposent des services vraiment différents. Pour gérer les deux simultanément, il faut posséder un grand sens de l’organisation et un bon réseau de consultants.»
L’homme d’affaires, qui a vécu à Beijing, Shanghai et qui est maintenant à Hong Kong, apprécie le dynamisme asiatique. «Hong Kong est au centre de l’action, entourée de plusieurs pays en pleine croissance. Quand on compare avec l’Asie, la vie semble au ralenti en Amérique du Nord.»
Manon Otto, designer à Copenhague
Spécialiste du design urbain, Manon Otto (B.A. design de l’environnement, 08 ; M.Sc. sciences de l’environnement, 13) est designer indépendante à Copenhague, au Danemark. Elle a travaillé pour le studio Sla de Copenhague jusqu’en juillet 2014, remportant notamment le concours du design d’aménagement du quartier général du Comité organisateur olympique, basé à Lausanne.
Cette Belge d’origine adore sa vie à Copenhague. «La culture danoise est très proche de la culture québécoise. Les gens sont spontanés et généreux. C’est un beau terrain de jeu pour innover.»
Marc J. Tassé, en lutte contre l’autisme
Rattaché à l’Université de l’État de l’Ohio, le Centre de recherche Nisonger offre chaque année des services à plus de 10 000 personnes atteintes d’autisme et autres troubles envahissants du développement. Le Centre a notamment conçu un outil de dépistage de l’autisme qui permet aux enfants d’obtenir plus rapidement un meilleur diagnostic. «Cet outil a été traduit dans différentes langues et pourra aider les enfants du monde entier», affirme Marc J. Tassé (Ph.D. psychologie, 95), directeur du Centre Nisonger depuis 2009.
Le psychologue a notamment pour projet de faire jouer une pièce de Shakespeare par un groupe de jeunes autistes âgés de 8 à 14 ans. «Par le théâtre, les jeunes développent leurs capacités d’expression et leurs habiletés sociales.»
Bien que la ville de Columbus ne soit pas reconnue pour ses attraits touristiques, Marc J. Tassé se plaît dans la capitale de l’Ohio. «C’est une belle métropole, sécuritaire, idéale pour élever des enfants et où la vie culturelle est particulièrement dynamique.»
Anne Sérode, l’art de se réinventer
Chef des émissions d’Espace Musique de 2008 à 2011 sur les ondes de Radio-Canada, puis directrice de la Première chaîne jusqu’en 2013, Anne Sérode (B.A. communication, 93) connaissait une carrière fructueuse à Montréal. Elle a fait un pari audacieux en quittant le Québec en juin 2014 pour devenir directrice, à Paris, de la chaîne musicale FIP — la radio musicale éclectique du groupe Radio France. «J’aime me réinventer, sentir que je suis toujours sur le bout de ma chaise, explique-t-elle. Ayant eu la chance de vivre la naissance d’Espace Musique, une radio avant-gardiste et créative, j’ai voulu relever le même type de défi chez FIP.»
Cette fébrilité, Anne Sérode l’éprouve aussi dans sa nouvelle vie dans la capitale française. «Paris est une ville grisante, d’une richesse culturelle inimaginable. C’est une ville qui ne dort jamais.»
Jacques Marquis, organisateur d’événements
Le Concours international de piano Van Cliburn, qui se tient tous les quatre ans à Fort Worth, au Texas, est l’un des plus prestigieux au monde. «Sollicitant plus de 200 candidatures de 37 pays, cet événement, que j’ai organisé pour la première fois en 2013, accueille 1200 bénévoles et une soixantaine de journalistes à travers le monde», note Jacques Marquis (B.A.A., 94), président et directeur général de la Fondation Cliburn.
Après une carrière de près de 20 ans au Québec — d’abord au sein de l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, puis des Jeunesses musicales du Canada, pour lesquelles il a organisé 11 concours —, Jacques Marquis est déménagé au Texas en 2012. «Je ne connaissais rien de cet État, sinon ses équipes sportives et les Bush! Fort Worth est un bijou méconnu. Sa nouvelle place centrale ressemble à la Grand-Place de Bruxelles, l’esprit d’entrepreneuriat y est florissant et les gens sont chaleureux.»
Stéphane Paquet, jeter des ponts entre le Québec et l’Europe
Délégué général du Québec à Londres, Stéphane Paquet (M.A. communication, 96) a accompagné en 2013 quelque 450 entrepreneurs et artistes du Québec au Royaume-Uni et dans le nord de l’Europe, un record pour la Délégation. «Ce sont autant de Québécois que nous avons mis en contact avec tantôt un producteur, tantôt un acheteur, tantôt un distributeur», explique-t-il.
Le diplômé apprécie particulièrement l’énergie de la capitale anglaise. «Londres est une sorte de pont entre l’Amérique et l’Asie, qui permet d’ouvrir des portes sur de multiples marchés à travers le monde, dit Stéphane Paquet. C’est vrai pour le monde des affaires, mais aussi pour le secteur culturel. Un succès à Londres peut rapidement vous conduire à Kuala Lumpur, à Hong Kong ou à Brasilia.»
Source:
INTER, magazine de l’Université du Québec à Montréal, Vol. 12, no 2, automne 2014.