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Quel avenir pour l’ISE?

René Audet propose un projet académique visant à relancer l’Institut des sciences de l’environnement.

Par Claude Gauvreau

15 décembre 2014 à 11 h 12

Mis à jour le 15 décembre 2014 à 11 h 12

Selon le directeur de l’ISE, l’UQAM doit faire entendre sa voix dans les débats sur les grands enjeux environnementaux, comme celui sur l’avenir du fleuve Saint-Laurent.Photo: Istock

Fondé en 1990, l’Institut des sciences de l’environnement (ISE) de l’UQAM aura bientôt 25 ans. Cet anniversaire survient dans une période marquée par des débats portant sur l’avenir de l’ISE. «Depuis plusieurs mois déjà, sa mission, ses objectifs et ses statuts font l’objet d’un processus de réflexion et de consultation, dont l’objectif est de renforcer la recherche et l’enseignement en sciences de l’environnement à l’UQAM», souligne René Audet, professeur au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale. Nommé en octobre dernier directeur intérimaire de l’ISE par le Conseil d’administration de l’Université sur recommandation de la Commission des études, René Audet propose aujourd’hui un projet académique visant à relancer l’Institut.

Pendant plusieurs années, l’ISE a constitué un pôle important de la recherche et de la formation en sciences de l’environnement au Québec. Les diplômés de ses programmes de maîtrise et de doctorat, lesquels existent depuis 1973 et 1988, se comptent aujourd’hui par centaines et exercent une influence importante au sein de divers organismes et associations.

René Audet
Photo: Émilie Tournevache

«Cela dit, le temps est venu de redéfinir les mandats et les structures de l’ISE, observe son directeur intérimaire. Appuyé par plusieurs collègues, j’ai accepté de relever ce défi. Ma nomination fait suite, notamment, à une réflexion menée l’été dernier par un collectif de professeurs provenant de cinq facultés et aux États généraux sur la situation des sciences de l’environnement à l’UQAM, tenus en 2012, qui avaient conclu que l’ISE ne pouvait plus fonctionner comme auparavant.»

Un nouveau contexte

Pour comprendre la nature des défis auxquels l’ISE est confronté aujourd’hui, il faut tenir compte des changements survenus au cours des 20 dernières années, tant dans les recherches en sciences de l’environnement que dans la vie académique à l’UQAM, soutient René Audet. «Jusqu’au tournant des années 2000, l’Institut jouait un rôle phare en recherche. Depuis, le nombre d’unités de recherche en sciences de l’environnement s’est accru de manière importante à l’Université. On compte maintenant de nombreuses chaires et huit centres de recherche, dont quatre à la Faculté des sciences et quatre autres en sciences humaines, en sciences de l’éducation, en communication et à l’École des sciences de la gestion.»

Par ailleurs, les débats sur la définition même des sciences de l’environnement et la mise en place des nouveaux lieux de décision que sont les facultés ont forcé l’Institut à se repositionner et à s’interroger sur ses mandats et statuts, lesquels n’ont pas changé depuis 1996.

Repenser le rôle de l’ISE

Le directeur intérimaire  propose de repenser le rôle de l’ISE, son architecture ainsi que ses statuts et mandats, tout en continuant de promouvoir la qualité des programmes de maîtrise et de doctorat en sciences de l’environnement.

La réflexion sur l’architecture de l’Institut est un exercice complexe car les sciences de l’environnement se situent au croisement de plusieurs disciplines – sciences biologiques, sciences de la Terre et de l’atmosphère, géographie, sociologie, science politique, etc. –, qui logent dans différentes facultés. «Le travail de réflexion au cours de la prochaine année doit servir à inventer un espace interfacultaire pour les unités académiques en sciences de l’environnement et à codifier cette interfacultarité dans des mandats et statuts», souligne René Audet.  

Celui-ci reconnaît par ailleurs l’immense succès remporté par les programmes de maîtrise et de doctorat en sciences de l’environnement, véritable colonne vertébrale de l’ISE. «Ces programmes continuent d’attirer de nombreux étudiants. Leur identité  repose sur l’idée que les problèmes environnementaux doivent être abordés dans toute leur complexité, tant biophysique que sociale, et dans un esprit de collaboration entre les disciplines. Les deux programmes étant présentement en cours d’évaluation, nous aurons l’occasion de renforcer et d’actualiser cette identité en modernisant l’offre de cours et en intégrant davantage les contributions des professeurs de diverses provenances disciplinaires.»  

René Audet croit que l’UQAM doit se donner un porte-drapeau en environnement pour valoriser les recherches de ses professeurs sur la place publique. «L ‘Université doit faire entendre sa voix dans les débats sur les grands enjeux environnementaux, qu’il s’agisse de l’exploitation des hydrocarbures et des ressources naturelles dans le Nord du Québec ou de l’avenir du fleuve Saint-Laurent.»

Liberté académique, collégialité et ouverture

La tâche de proposer de nouveaux mandats et statuts pour l’ISE revient aux professeurs, qui devront tenir compte, toutefois, des positions des instances, des étudiants et des autres parties prenantes, ainsi que des nombreux travaux déjà réalisés sur ces questions. Ce processus repose sur trois valeurs: la liberté académique, la collégialité, et l’ouverture. «La liberté académique désigne le droit des professeurs de choisir l’orientation de leur travail et la collégialité renvoie à la prise de décision démocratique entre pairs, observe le directeur intérimaire. Enfin, l’ouverture à l’égard des différentes disciplines, approches et méthodologies de recherche est une obligation. Les approches disciplinaires, par exemple, sont aussi pertinentes et légitimes que l’interdisciplinarité.»

Le 28 novembre dernier, l’Assemblée des professeur-e-s pour la relance de l’Institut des sciences de l’environnement a réuni à l’UQAM près de 50 professeurs de différentes facultés se considérant représentatifs de ce vaste domaine de recherche. «L’assemblée m’a confié le mandat de mettre sur pied et de coordonner un comité de travail ayant pour tâche, entre autres, de rédiger un projet d’architecture, avec statuts et règlements, permettant d’articuler les mandats de formation et de recherche de l’Institut, lequel sera soumis de nouveau aux professeurs en avril prochain», explique René Audet. Le comité de travail assurera la parité hommes-femmes et sera composé de quatre jeunes professeurs, dont deux de la Faculté des sciences.

«Nous voulons bâtir l’ISE des 25 prochaines années, un ISE qui permettra à ses membres d’y faire carrière», conclut son directeur intérimaire.