PréVIEns plus est le nom d’un projet de prévention de la violence et de l’intimidation en milieu scolaire, dont l’ambassadeur est Georges Leroux, professeur émérite au Département de philosophie. Lancé le 17 novembre, en présence notamment de Nicole Ménard, députée libérale de Laporte et présidente du caucus du gouvernement, ce projet a été conçu par La Traversée, un Centre d’aide aux femmes et enfants victimes d’agressions sexuelles, en partenariat avec la commission scolaire Marie-Victorin. Il vise à permettre à des milliers de jeunes de bénéficier des effets du programme éducatif Prévention de la violence et philosophie pour enfants.
Lancé en 2005, le programme Prévention de la violence et philosophie pour enfants est implanté aujourd’hui dans une vingtaine d’écoles de la Commission scolaire Marie-Victorin, sur la Rive-Sud de Montréal, de la maternelle à la sixième année. S’inspirant des travaux du philosophe américain Matthew Lipman, il consiste à animer des discussions avec les enfants à partir de courts romans abordant les thèmes de la violence, du conflit et de la justice. Selon une étude réalisée en 2009 auprès d’enfants de sixième année du primaire, menée sous la direction de Serge Robert, professeur au Département de philosophie, ce programme aurait permis de renforcer l’aptitude des jeunes à reconnaître les manifestations de violence – harcèlement, intimidation, insultes – et à développer un raisonnement moral.
Devant les demandes grandissantes pour une implantation accrue du programme, le projet PréVIEns plus vise à en assurer le développement par la mise en place d’une offre de services élargie aux écoles de la commission scolaire Marie-Victorin et à celles d’autres commissions scolaires. Le projet prévoit la formation de nouveaux enseignants et la rédaction de quatre romans interculturels, traduits en anglais, ainsi que des guides pédagogiques afférents pour offrir du matériel adapté aux classes à forte composante multiethnique. On souhaite rejoindre 40 écoles et 20 000 élèves au total d’ici 2017.
Résister au conformisme
Lors du lancement du projet, Georges Leroux a rappelé le rôle de pionnier joué par l’UQAM dans le développement de l’approche de philosophie pour enfants et les contributions de certains de ses professeurs, comme Anita Caron, aujourd’hui retraitée, Pierre Lebuis, du Département de didactique, et son collègue Serge Robert. Le professeur émérite dit avoir tout de suite adhéré aux prémisses de départ de l’approche, à savoir que les enfants sont capables de réflexion; qu’ils développent cette réflexion et leur autonomie en dialoguant; et que la réflexion favorise le respect mutuel et prévient la violence. «La philosophie pour enfants, c’est la victoire de la parole sur le geste impulsif, sur l’insulte, sur tout ce qui, devenu réflexe à l’âge adulte, est source de violences dommageables», a-t-il déclaré.
Sur le terrain, l’approche de philosophie pour enfants offre un espace de résistance au conformisme, et en particulier à l’intimidation qui est le premier fruit du conformisme, a également souligné Georges Leroux. «On ne le dit pas assez : la violence, l’intolérance, la discrimination ne sont pas le résultat d’une méchanceté intrinsèque de nos jeunes, elles sont plutôt le fruit d’une vie collective conformiste. La solution la plus facile est de faire comme tout le monde et donc de refuser le dialogue et l’écoute. Je suis aujourd’hui persuadé que cette approche mériterait d’être étendue à toutes les commissions scolaires du Québec et qu’elle devrait faire partie de la formation initiale des enseignants du primaire.»
C’est Catherine Audrain (M.A. sociologie, 2006), lauréate d’un Prix reconnaissance de l’UQAM en 2013,, fondatrice et directrice générale de La Traversée, qui est à l’origine du programme de philosophie pour enfants. Elle et La Traversée ont remporté différents prix et distinctions pour ce programme, dont le Prix Égalité 2011 dans la catégorie Prévention de la violence, décerné par le Secrétariat à la condition féminine du ministère québécois de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, et le prix de la Fondation Marie-Vincent, en 2006.