Sans tambour ni trompette, Orbicom, le Réseau international des chaires UNESCO en communication, a célébré cette année son 20e anniversaire. «À l’interne, il est normal que l’on entende peu parler de nous, car notre mission est de rayonner sur la planète», observe Yves Théorêt, professeur à l’École des médias et secrétaire général d’Orbicom.
Créé conjointement en 1994 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’UQAM – la professeure Thérèse Paquet-Sévigny avait piloté le projet et fut la première secrétaire général –, Orbicom est un réseau de plus de 250 membres associés et de 36 chaires UNESCO en communication, présent dans toutes les régions du monde. Il rassemble l’élite des cercles académiques, médiatiques et corporatifs en communication avec pour projet de stimuler l’échange d’informations et le développement de projets conjoints en communication.
«À l’époque, les “nouvelles technologies” faisaient leur apparition, le Web en était à ses débuts et Orbicom s’est positionné favorablement afin d’étudier ces bouleversements», se rappelle Pierre Giguère, secrétaire général adjoint d’Orbicom et ambassadeur à la retraite du Service extérieur du Canada.
L’influence de la communication ne s’est pas démentie au cours des 20 dernières années. «Je connais très peu de réseaux de cette envergure, souligne Yves Théorêt, car Orbicom, en plus d’être multidisciplinaire, est multiculturel: les échanges s’effectuent en trois langues – français, anglais et espagnol.»
Un club sélect
Pour être membre d’Orbicom, une chaire de recherche, affiliée à une université, doit faire une demande d’accréditation auprès de l’UNESCO. «Celle-ci s’assure qu’il y ait convergence entre les travaux de la chaire et les siens, en plus de vérifier que ladite chaire possède un financement récurrent pour quelques années», explique Pierre Giguère.
À l’UQAM, c’est la Chaire UNESCO en communication et technologies pour le développement qui fait partie du réseau Orbicom. Les cotitulaires sont les professeurs Magda Fusaro, du Département de management et technologie, et Charles Perraton, du Département de communication sociale et publique.
Lors de son récent colloque annuel, le réseau Orbicom a inauguré sa plus récente chaire, la Chaire UNESCO en pratiques émergentes des technologies et communication pour le développement, située à l’Université Bordeaux-Montaigne, sous la direction du professeur Alain Kiyindou.
Le secrétariat général
Basé à l’UQAM depuis sa création, le secrétariat général d’Orbicom compte quatre employés: Yves Théorêt, Pierre Giguère et deux étudiants – l’UQAM finance le Secrétariat général, mais pas les activités du réseau qui bénéficient parfois d’un appui financier de l’UNESCO. «Notre travail consiste essentiellement à organiser des rencontres internationales, des think tanks et des visites bilatérales, explique le secrétaire général, qui a succédé en 2011 à Claude-Yves Charron. «Chaque secrétaire général a teinté Orbicom, souligne Yves Théorêt. Thérèse Paquet-Sévigny avait un intérêt pour la formation en communication et Claude-Yves Charron pour les nouvelles technologies. Mon apport se situe au niveau des politiques publiques.»
Un colloque par année
Chaque année, le secrétariat général met de l’avant une thématique et convie à un colloque les chercheurs qui s’y intéressent. Les thématiques témoignent de l’évolution des technologies au fil des ans. Ainsi, la fracture numérique entre le Nord et le Sud, entre l’Occident et les pays en développement, a donné lieu à de fructueux échanges au début des années 2000.
L’année dernière, le colloque avait lieu au Maroc sous le thème de la diversité culturelle, dans le contexte de la convention de l’UNESCO sur la promotion et la protection des biens culturels. «Les 6 et 7 novembre derniers, à Bordeaux, nous avons traité des médias sociaux en compagnie de 32 conférenciers provenant de 4 continents et ceux-ci se sont déplacés à leurs frais, précise Yves Théorêt. Les chercheurs qui se déplacent le font par intérêt et cela transparaît dans la qualité des échanges et des publications qui en résultent.»
Grâce au soutien financier de l’UNESCO, des professeurs du Nigéria, de Madagascar, du Kenya, du Sénégal et de l’Angola ont pu participer cette année, pour la première fois, au colloque annuel d’Orbicom. «Tous ces professeurs étaient spécialisés en journalisme, précise Yves Théorêt, et ils ont apporté une vision totalement différente du métier. C’était fascinant!»
Les recommandations contenues dans les rapports d’Orbicom sont transmises directement à l’UNESCO, insiste Yves Théorêt. «Nous avons donc un impact réel sur l’un des grands organismes internationaux des Nations Unies, avec lequel nous sommes constamment en contact.»
Le prochain rendez-vous, au printemps 2015, aura lieu au Mexique et portera sur l’open data.«En 2016, à Paris, nous nous pencherons sur la communication et la créativité. Aucune thématique n’a été choisie pour 2017, mais on sait que le colloque se tiendra à Djakarta.», souligne Yves Théorêt.