Série «Titres d’ici»
Justice et espaces publics
Lier justice et espace public dans une même réflexion paraît tout naturel, tant la couverture médiatique de l’activité policière, judiciaire ou carcérale est omniprésente dans nos sociétés. Le crime occupe une place prépondérante dans cette couverture et les affaires particulièrement crapuleuses ou révoltantes exercent une fascination sur l’ensemble de la population. Mais d’autres enjeux sociaux ou politiques – pensons au phénomène de la corruption – en font également partie, sans doute parce que le spectre d’intervention de l’appareil judiciaire s’est considérablement étendu depuis l’avènement de l’État de droit. L’ouvrage collectif Justice et espaces publics en Occident, du Moyen Âge à nos jours, publié sous la direction des professeurs Pascal Bastien et Jean-Philippe Garneau, du Département d’histoire, ainsi que de Donald Fyson et de Thierry Nootens, de l’Université Laval et de l’Université du Québec à Trois-Rivières, explore plusieurs facettes du lien entre justice et espaces publics, en Europe comme au Canada. On y trouve une vingtaine d’études couvrant les usages politiques de la justice, les enjeux sociaux révélés par l’intervention judiciaire, les échos médiatiques des palais de justice et la mobilisation de l’opinion publique, le rôle de la presse dans les représentations du crime et des criminels, les critiques du pouvoir judiciaire et des forces policières. Paru aux Presses de l’Université du Québec.
Soulager les enfants en fin de vie
En raison des avancées de la médecine, les enfants gravement malades survivent aujourd’hui plus longtemps. Cette situation complique toutefois le quotidien des familles. L’ouvrage Le soutien aux familles d’enfants gravement malades présente différentes mesures de soutien mises en place par l’organisme Le Phare Enfants et Familles. Entre autres pratiques novatrices, celui-ci a créé la Maison André-Gratton (MAG), le premier centre de soins palliatifs pédiatriques au Québec, où l’on prodigue des soins médicaux aux enfants, tout en offrant des ateliers d’art, de la zoothérapie ainsi que du répit aux parents. «L’ensemble des activités offertes lors des séjours à la MAG constitue pour l’enfant ou l’adolescent une occasion de se développer, de transcender ses limites et de modifier le regard qu’il porte sur lui-même et sur le monde dans lequel il vit», écrivent les professeures Manon Champagne (Ph.D. éducation, 2007), de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, et Mona Trudel, de l’École des arts visuels et médiatiques, en collaboration avec des membres du personnel de l’organisme Le Phare. Sous la direction des professeures Manon Champagne et Suzanne Mongeau, de l’École de travail social, ainsi que de Lyse Lussier, directrice générale du Phare, le livre s’adresse aux chercheurs universitaires, aux intervenants du milieu ainsi qu’aux parents d’enfants malades. Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Démocratie de proximité
La revue institutionnelle Nouvelles pratiques sociales, dirigée par le professeur Michel Parazelli de l’École de travail social, a publié dans son dernier numéro (vol. 26, no 1) un dossier consacré aux enjeux de l’intervention sociale territoriale. Coordonné par Jacques Caillouette (Université de Sherbrooke), Jean-François Roos (Réseau québécois des intervenantes et intervenants en action communautaire) et Jean-François Aubin (Réseau québécois de revitalisation intégrée), ce dossier explore l’émergence d’une démocratie de proximité, au sens de pratiques participatives au sein de communautés locales. Il s’agit d’un «défi important à relever pour assurer le développement de prestations de services et de transformations sociales ouvrant sur l’amélioration des conditions de vie et l’accroissement du pouvoir d’action des populations.» Développement local communautaire, revitalisation urbaine intégrée, participation citoyenne pour développer un quartier, politique de la ruralité, toutes ces appellations renvoient à l’action territoriale. Selon les coordonnateurs du dossier, cinq enjeux représentent autant de défis lancés à l’intervention sociale territoriale: la psychologisation des problèmes sociaux; la participation des personnes et des groupes marginalisés; la redéfinition du concept de communauté; le croisement des engagements citoyens locaux et sociétaux; l’inscription des interventions dans une continuité historique. Le numéro de NPS comprend également une entrevue sur les problèmes d’intimidation dans les médias sociaux et la description d’une expérience d’intervention auprès de personnes vivant des problèmes de santé mentale.
Penser les lieux autrement
Dans le cadre d’un séminaire, le professeur Daniel Chartier, du Département d’études littéraires, a avancé l’idée qu’un lieu, qu’il existe géographiquement ou non, est avant tout «une idée de lieu», une construction imaginaire qui existe d’abord et avant tout comme un réseau discursif, comme une série et une accumulation de discours fictifs (romans, films, chansons, poèmes, pièces de théâtre, légendes) ou documentaires (reportage, guides de voyage, récits de vie, histoires personnelles), fixés (par l’écrit, l’enregistré, la mémoire collective) ou passagers (conversations, racontars). «Par le biais de la patrimonialisation, de la muséographie, du tourisme et des médias sociaux, les lieux finissent par s’enrober d’une enveloppe discursive qui en oriente l’interprétation et en balise les possibilités», écrit-il dans L’idée du lieu, qu’il dirige avec la doctorante Marie Parent et la candidate à la maîtrise Stéphanie Vallières. Les articles rassemblés dans cet ouvrage proposent une lecture inédite de différents sites – le quartier DIX30, le Café Campus, le village historique de Val-Jalbert, le Styx, la rue Ontario, le Chinatown de Québec, Spirit Lake (Abitibi) et Uluru (Australie) –, tout en adoptant une méthode d’analyse originale. Ils montrent comment le lieu est susceptible de révéler les valeurs et les contradictions de ceux qui le pensent, l’érigent, l’habitent, le pratiquent ou l’évoquent. Publié par l’UQAM et Figura, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire.
Psychologues à la barre
Les tribunaux québécois ont de plus en plus recours à l’expertise de psychologues lors de litiges, de poursuites et de revendications diverses, que ce soit pour évaluer les capacités parentales, des allégations d’agression sexuelle, des séquelles psychologiques d’accidents ou de traumatismes ou la dangerosité d’un individu. Chacun de ces domaines d’expertise psycholégale exige une formation poussée de la part du psychologue ainsi que le recours à une méthodologie éprouvée qui s’accorde avec les développements récents de la psychologie, de la psychopathologie et des techniques d’évaluation. Et les connaissances évoluent vite! La deuxième édition de L’expertise psycholégale, un ouvrage initialement paru en 1999 et abondamment cité autant devant les tribunaux que devant le comité de discipline de l’Ordre des psychologues, sera donc la bienvenue. «Tous les chapitres ont été revus à la lumière des connaissances les plus récentes en expertise psycholégale ainsi que du nouveau code déontologique présenté par l’Ordre des psychologues en 2008, écrit le professeur Louis Brunet, du Département de psychologie, qui dirige l’ouvrage. Deux nouveaux chapitres ont également été ajoutés, l’un sur la notion de capacité parentale, l’autre sur la question des évaluations partielles et asymétriques.» Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Traverser la Méditerranée
La professeure Rachel Bouvet, du Département d’études littéraires, s’intéresse aux liens entre la littérature et la géographie. Sa «géopoétique» fait une place importante aux imaginaires du désert et au paysage méditerranéen. Dans son plus récent ouvrage, un carnet de voyage intitulé Le Vent des rives, elle nous raconte ses pérégrinations autour de la Méditerranée, tout en évoquant son passé de nomade, de sa Bretagne natale en passant par l’Égypte ─ où elle a rencontré l’homme de sa vie ─ et le Québec, où le couple arabo-français, jusqu’à alors victime de racisme, s’est installé à la recherche d’une vie meilleure. «C’est ainsi que ma vie s’est déroulée, d’une vague à l’autre, d’un pays à l’autre; elle a dérivé selon les courants, les vents et les humeurs, écrit Rachel Bouvet. J’ai le sentiment d’avoir d’abord écrit la terre avec mes pas, en me laissant guider par une boussole intérieure.» Ce retour vers la Méditerranée, à la recherche de sa «géographie intime», l’amènera notamment au Maroc et ne manquera pas au détour de faire surgir en elle de nombreux questionnements: À quel territoire appartient-on? Comment refuser cette géographie qui condamne à l’exclusion et au racisme? Quel héritage léguer aux enfants issus de cette vie nomade? Publié chez Mémoire d’encrier.