Série «Titres d’ici»
L’art de la collection
Dans Un imaginaire institutionnel. Musées, collections et archives d’artistes, la professeure de l’École des arts visuels et médiatiques Anne Bénichou s’intéresse à un phénomène en émergence depuis les années 1960, celui des œuvres d’art qui prennent la forme d’archives ou de collections. Dans des registres extrêmement variés, on retrouvera, par exemple, des objets de la société de consommation rassemblés par des artistes du Pop Art, des photos tirées de la presse populaire ou d’albums de famille, ou encore des classifications d’énoncés. C’est à travers cinq projets, dont The Great Wall of 1984 de Glenn Lewis, les Inventaires des objets ayant appartenu à un habitant de… de Christian Boltanski et la constitution d’espaces consacrés à ce type d’œuvres au sein de la collection du Musée d’art moderne et contemporain de Genève que cet ouvrage interroge ce phénomène, que l’auteure refuse d’aborder sous l’angle du genre artistique, en raison de sa diversité. Aujourd’hui, l’artiste n’est plus tant un producteur d’objets qu’un manipulateur de signes. Cette affirmation prend tout son sens dans les pratiques examinées dans cet ouvrage, qui contribuent également à définir de nouveaux modes de transmission des œuvres et à renouveler les rapports entre les artistes et leurs intermédiaires. Publié chez L’Harmattan.
Construire l’innovation sociale
Il y a 30 ans, l’innovation était synonyme d’innovation technologique et s’inscrivait dans une vision du monde qui privilégiait la croissance économique. Dans les années 80, des groupes sociaux ont expérimenté de nouvelles façons de produire de la richesse et des chercheurs proches de ces milieux ont construit l’approche québécoise de l’innovation sociale, qui a fait école. Ce sont les étapes de cette trajectoire qui sont exposées dans L’innovation sociale. Les marches d’une construction théorique et pratique, un ouvrage publié sous la direction de Benoît Lévesque, professeur émérite au Département de sociologie, et de ses collègues Jean-Marc Fontan (sociologie) et Juan-Luis Klein (géographie). Ses auteurs présentent les bases conceptuelles de l’innovation sociale, puis le rôle qu’elle a joué dans la transformation du modèle québécois. D’autres analysent l’utilité de cette approche qui intègre le social et l’économique. Une partie du livre, consacrée à l’économie sociale, montre comment cette dernière participe d’une nouvelle configuration des rapports État-marché-société civile. L’ouvrage appelle au renouvellement de la réflexion sur l’innovation sociale, en réponse à la crise financière de 2008 qui a révélé les limites d’une logique du développement orientée vers la compétitivité, la rentabilité à court terme et la croissance illimitée. Paru aux Presses de l’Université du Québec.
Passeur entre les générations
Le tour du jardin est un livre d’entretiens dans lequel le romancier et cinéaste Jacques Godbout, âgé de 80 ans, raconte son parcours à Mathieu Bock-Côté, essayiste et chargé de cours au Département de sociologie. C’est le portrait d’un intellectuel québécois qui, pendant 60 ans de vie publique, a tenu à assumer son rôle dans la cité, celui d’éveilleur de consciences et de passeur entre les générations. Pour Mathieu Bock-Côté, l’auteur de Salut Galarneau! est l’un des grands interprètes du Québec de la Révolution tranquille, comme l’ont été, chacun à leur manière, Gaston Miron, Fernand Dumont et Denys Arcand. C’est à l’occasion d’un repas avec Jacques Godbout que le chroniqueur du Journal de Montréal a eu l’idée de lui poser des questions sur la littérature, la culture, la politique, la religion et, bien sûr, sur le Québec. Mathieu Bock-Côté ne s’adresse pas à son aîné comme à un vieux sage à qui on demanderait une leçon de vie. «Non, je lui ai parlé comme à un interlocuteur de premier plan, écrit-il. Le tour du jardin représente peut-être, du moins je l’espère, une porte d’entrée dans une œuvre qu’il vaut la peine de découvrir ou de redécouvrir. Je vous parle d’une œuvre que les moins de 20 ans devraient connaître.» Paru chez Boréal.
Anarchie 101
Qu’est-ce que l’anarchie? Pendant plus de 200 pages, Francis Dupuis-Déri, professeur au Département de science politique et militant anarchiste convaincu, et son père Thomas Déri, un humaniste curieux, homme de lettres et ancien professeur, tentent de répondre à la question. Dans L’anarchie expliquée à mon père, les deux hommes remontent aux racines des notions d’anarchie et de démocratie. Ils évoquent certaines figures de l’anarchisme, analysent les différents courants du mouvement ainsi que la critique anarchiste des grands systèmes de domination (l’État, la religion, le patriarcat, le capitalisme et le racisme), tout en truffant leurs propos d’exemples tirés du monde actuel. «Aujourd’hui, les anarchistes sont en général antinationalistes et cosmopolites, et plusieurs se mobilisent concrètement par solidarité avec les immigrants ou les réfugiés, victimes de lois d’immigration racistes», écrit Francis Dupuis-Déri. La très grande majorité considère «qu’aucune révolution ne se profile à l’horizon». Leur engagement politique est plutôt modeste et réaliste: ils contestent entre autres l’État et le capitalisme et encouragent le développement d’une pensée critique radicale face à ces systèmes. Pour Thomas Déri, l’exercice de rédaction lui a permis de prendre ses «distances avec le côté traditionnellement et uniquement négatif rattaché à l’anarchie» et de se débarrasser de nombreux préjugés. Publié chez Lux Éditeur.
Mouvements étudiants et relations publiques
Le recours aux relations publiques peut-il mener à une plus grande participation démocratique et à des changements politiques profonds et durables? Est-il possible de concilier l’action politique et les stratégies médiatiques? Josianne Millette (B.A. histoire, 2005; M.A. communication, 2010), doctorante en communication et professeure adjointe à l’Université Laval, porte un regard critique sur les stratégies de communication déployées par les groupes de revendication à partir des mouvements étudiants québécois de 2005 et de 2012. Le mouvement étudiant de 2005, auquel «j’ai pris part, a été le point de départ d’une démarche de réflexion sur les enjeux éthiques et politiques de la pratique des relations publiques, en particulier avec les thèmes de la relation avec les médias et de l’activisme politique», explique-t-elle dans De la rue au fil de presse. Grèves étudiantes et relations publiques. Pour les groupes de contestation, le jeu des relations publiques n’est jamais facile et crée de nombreuses tensions. Selon l’auteure, les activistes gagneraient toutefois à faire entendre leurs voix discordantes en trouvant de meilleurs moyens de communiquer leurs messages sans renier les stratégies de communication traditionnelles. Il en va de la santé et de l’avenir de la démocratie participative. Publié aux Presses de l’Université Laval.
Autisme: la parole aux parents
Aujourd’hui, presque tout le monde connaît, dans son entourage éloigné ou immédiat, un enfant ayant reçu un diagnostic d’autisme, de troubles envahissants du développement (TED), ou de troubles du spectre de l’autisme (TSA). Dirigé par la professeure Catherine Des Rivières-Pigeon, du Département de sociologie, et la doctorante Isabelle Courcy, Autisme et TSA. Quelles réalités pour les parents au Québec? n’a pas pour objectif de décrire ces conditions ni d’analyser les effets des interventions auprès des enfants. L’ouvrage, qui présente une synthèse de quatre recherches menées à l’UQAM, met plutôt en lumière les difficultés que les parents rencontrent ainsi que les ressources qu’ils mobilisent pour leur enfant. Il aborde des aspects peu documentés, comme l’implication des parents dans le programme de stimulation de leur enfant, leur expérience de la conciliation travail-famille, ou encore le soutien que peuvent leur procurer des intervenantes ou d’autres parents actifs dans des forums de discussion sur le Web. Il propose enfin des solutions concrètes pour que soient mises en place des pratiques d’intervention qui correspondent véritablement aux besoins des parents. À noter: les redevances de la vente de cet ouvrage sont entièrement remises à l’organisme AUTISME MONTRÉAL. Publié aux Presses de l’Université du Québec.