
Pionnier de l’adaptation scolaire au Québec, Jean-Marie Bouchard a reçu le titre de professeur émérite lors de la Collation des grades de la Faculté des sciences de l’éducation, le 15 novembre dernier.
La carrière de professeur de Jean-Marie Bouchard a commencé à l’École normale d’Arvida, de 1963 à 1965, et à l’École normale Jacques-Cartier, de 1965 à 1969. Lorsque l’UQAM a été créée, en 1969, il est devenu le premier directeur du module d’enfance inadaptée, qui prendra par la suite le nom d’adaptation sociale. Au cours de sa carrière, il a joué un rôle central dans la création et le développement d’infrastructures de soutien. Il a notamment cofondé l’Institut québécois de la déficience intellectuelle, fondé le Groupe interdisciplinaire de recherche sur l’adaptation de la famille et de son environnement, et a été président fondateur au Québec de l’Association internationale de formation et de recherche en éducation familiale.
Reconnaître l’importance des parents
Sa plus grande contribution au domaine de l’adaptation scolaire a été de reconnaître l’importance des savoirs parentaux. «En travaillant avec des associations de parents à l’Institut québécois de la déficience intellectuelle au début des années 1970, je me suis rendu compte que les parents avaient déjà développé des façons de s’entraider, d’échanger des expériences et des connaissances, explique Jean-Marie Bouchard. J’ai souhaité appliquer ces savoirs à l’UQAM en favorisant une ouverture vers les ressources communautaires, ce qui était novateur à l’époque.»
De 1978 à 1987, il développe, en collaboration avec les directeurs de modules en psychologie et en éducation, un programme de stage pour les étudiants de 3e année du baccalauréat en adaptation scolaire. Au lieu de faire leur stage dans les écoles ou les cliniques, les étudiants qui le souhaitaient pouvaient accompagner directement les familles ayant des enfants en difficulté. «Plus de 250 étudiants et 500 familles ont participé à ce programme de coéducation, rappelle le professeur émérite. Les étudiants préparaient des activités d’apprentissage et accompagnaient les parents lorsqu’ils allaient voir des spécialistes. En retour, le milieu familial était très formateur pour les étudiants. Cela a contribué à développer chez les parents d’enfants en difficulté le sentiment d’avoir un enfant normal.»
Une autre retombée positive de ce programme a été de modifier le type de relation entre les parents et les intervenants, comme les psychologues et les orthopédagogues. «D’experts qui imposaient leurs décisions à la famille, les professionnels sont progressivement devenus des partenaires qui partageaient les informations avec les parents et qui reconnaissaient leurs compétences.»
Responsabilité collective
«L’éducation des enfants devrait être une responsabilité collective, partagée par les intervenants des milieux éducatifs, communautaires et municipaux», affirme Jean-Marie Bouchard. Après sa retraite en 2002, celui-ci a ainsi participé à différents projets à travers le monde pour rapprocher l’ensemble des intervenants. À titre de professeur invité à l’Université de Mons, en Belgique, il a contribué à mettre en place les «Cités de l’éducation», qui font du partenariat école-famille-société le substrat du processus éducatif. Il a également aidé à implanter des services pour les enfants en difficulté en Albanie.
En guise de reconnaissance pour sa contribution scientifique, l’Association du Québec pour l’intégration sociale et le Consortium national de la recherche pour l’intégration sociale ont créé en 2013 une bourse d’études et de recherche à son nom.
«Jean-Marie Bouchard est considéré comme l’un des pères de l’intervention auprès des familles dont un enfant vit avec une déficience fonctionnelle, a mentionné Monique Brodeur, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation, en faisant l’éloge du professeur retraité. Le parcours scientifique et social de cet homme d’exception a profondément marqué le domaine de la déficience intellectuelle et de l’adaptation sociale. Avec humanisme, engagement et générosité, il a su mettre de l’avant une philosophie où la personne prime sur son handicap».