Voir plus
Voir moins

Dans la peau d’un étudiant

Le comédien Gilles Renaud amorce un baccalauréat en histoire. Juste pour le plaisir d’apprendre.

Par Pierre-Etienne Caza

18 septembre 2014 à 15 h 09

Mis à jour le 3 mars 2015 à 10 h 03

Gilles RenaudPhoto: Nathalie St-Pierre

«Je ne veux pas m’endormir intellectuellement», lance Gilles Renaud, qui célébrera son 70e anniversaire le 25 septembre prochain. Le lundi suivant, ce nouvel étudiant au baccalauréat en histoire assistera de 9 h 30 à 17 h aux deux cours auxquels il est inscrit, puis se rendra en soirée au Théâtre Jean-Duceppe, où il répétera de 19 h à 23 h. «On dit aux vieux qu’ils doivent rester en forme, aller au gym et faire du taï-chi, mais il faut aussi s’ouvrir l’esprit. Or, il n’y a rien de plus stimulant que d’être dans une classe pour y apprendre des choses.»

Gilles Renaud n’a plus besoin de présentation. En 50 ans de carrière, il a joué dans une vingtaine de films, une trentaine de pièces de théâtre et une quarantaine d’émissions de télévision. On peut le voir présentement dans la télésérie Mémoires vives sur les ondes de Radio-Canada et il sera de la distribution de la pièce Août – Un repas à la campagne, de Jean-Marc Dalpé, présentée au théâtre Jean-Duceppe du 29 octobre au 6 décembre prochains, dans une mise en scène de Martine Beaulne, professeure à l’École supérieure de théâtre.

Ce sera donc un automne occupé pour le comédien. «Je n’ai pas d’objectif précis, je ne vise pas le doctorat, dit-il. Je souhaite mieux comprendre la situation mondiale et l’histoire me semble la matière tout indiquée pour y arriver.»

«Des amis m’ont dit à la blague: “Va t’acheter des livres si tu veux apprendre!” Mais ce n’est pas ce que je recherchais. J’avais le goût d’écouter un professeur et de faire des travaux pour approfondir le contenu vu en classe.»

Ce n’est pas la première fois que Gilles Renaud retourne sur les bancs d’école depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre (ÉNT) en 1967. Il a déjà suivi un cours de mathématiques et un cours de philosophie au cégep. En revanche, il s’agit de sa première expérience d’étudiant universitaire. «J’ai toujours été tenté par l’université, surtout après avoir vu mes trois filles y faire leurs études. Je les enviais tellement! Des amis m’ont dit à la blague: “Va t’acheter des livres si tu veux apprendre!” Mais ce n’est pas ce que je recherchais», souligne celui qui a enseigné pendant plus de 15 ans à l’ÉNT et qui a même donné un cours d’improvisation à l’UQAM en 1979. «J’avais le goût d’écouter un professeur et de faire des travaux pour approfondir le contenu vu en classe.»

Comme tout nouvel étudiant, il suit l’inévitable cours de méthodologie intitulé «Initiation au travail historique». «Ma plus jeune fille, âgée de 29 ans, m’a dit que c’était un mauvais moment à passer, mais que c’était essentiel», dit-il en riant. Son autre cours est «Introduction à l’histoire du Proche-Orient». «Il y a beaucoup de lectures pour ce cours et je lis moins vite qu’avant», observe le comédien, qui passe en outre une à deux heures par jour à mémoriser ses textes pour la télévision et le théâtre.

Une initiation ?

En début de trimestre, Gilles Renaud a reçu une invitation pour participer aux activités d’intégration en compagnie des étudiants de sa cohorte. «Mes filles m’ont dit: “N’y va pas!”, raconte-t-il en riant. Son initiation, il l’a vécue autrement. «J’ai passé la première semaine au laboratoire d’informatique à poser des questions sur Moodle, sur les logiciels dont j’avais besoin, etc. Disons que je me débrouille avec un ordinateur, mais ça me demande des efforts, reconnaît-il. Ma plus jeune m’appelle tous les jours pour m’offrir son aide, mais je refuse. J’ai de la broue dans le toupet mais je vais m’en sortir!»

Le grand gaillard aime les défis et n’a pas l’intention de se défiler. «Dans l’un de mes cours, on a le choix entre un travail oral et un travail écrit. J’aurais pu choisir le travail oral, mais ce serait trop facile parce que c’est mon métier de parler devant un public. Alors je vais me forcer pour rendre un bon travail écrit!»

Une pause durant l’hiver

L’acteur participera l’hiver prochain au tournage du prochain film du réalisateur Louis Bélanger, avec lequel il a déjà travaillé par le passé – Gaz Bar Blues en 2003, Le génie du crime en 2006 et Route 132 en 2010. Le film, qui s’intitule Les mauvaises herbes, raconte l’histoire d’un comédien (Alexis Martin) criblé de dettes de jeu qui se sauve à la campagne et qui est forcé de s’associer à un cultivateur rustre (Gilles Renaud).

Le tournage devrait s’échelonner de janvier à mars. L’étudiant Gilles Renaud prendra donc une pause l’hiver prochain avant de revenir en force à l’UQAM à l’automne 2015. «Mon intérêt pour les études est plus grand que mon intérêt pour le jeu, car je n’ai plus grand-chose à découvrir après 50 ans de métier, dit-il. Et ça tombe bien, puisque j’ai l’intention de travailler moins au cours de la prochaine année. L’idée de passer plus de temps dans les salles de cours m’enchante.»