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Anthropologue de l’image

L’historien de l’art Georges Didi-Huberman reçoit un doctorat honorifique.

17 novembre 2014 à 10 h 11

Mis à jour le 7 juin 2022 à 12 h 14

Le recteur Robert Proulx, le nouveau docteur honorifique Georges Didi-Huberman, et la doyenne de la Faculté des arts, Louise Poissant.Photo: Jean-François Hamelin

Sur la recommandation de sa Faculté des arts, l’UQAM a rendu hommage à l’historien de l’art Georges Didi-Huberman, le 14 novembre dernier, en lui attribuant le titre de docteur honoris causa. Par ce geste, l’Université a voulu souligner sa contribution exceptionnelle à titre de philosophe, de spécialiste de l’art de la Renaissance, de chercheur et de théoricien de l’image, de pédagogue et de commissaire d’expositions remarquables.

L’événement s’est déroulé à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau, dans le cadre de la collation des grades de la Faculté des arts, organisée par le Bureau des diplômés en collaboration avec le Registrariat, les facultés, divers services et le Centre Pierre-Péladeau. Près de 200 diplômés ont assisté à la cérémonie en présence de nombreux invités, parents et amis.

Né en France d’un père artiste d’origine tunisienne qui a combattu dans les Forces françaises libres au cours de la Deuxième Guerre mondiale et d’une mère franco-polonaise survivante d’une famille décimée à Auschwitz, Georges Didi-Huberman dit devoir sa carrière d’intellectuel et d’historien de l’art à l’influence exercée par ses parents.

Maître de conférences depuis 25 ans à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, il a été invité à enseigner dans de prestigieuses universités américaines et européennes et a effectué des séjours de recherche dans trois des hauts lieux de l’art en Europe: la Villa Médicis à Rome, la Villa I Tatti de Florence, rattachée à l’Université Harvard, et le Warburg Institute d’études supérieures de l’Université de Londres.

Une figure intellectuelle marquante

Georges Didi-Huberman a publié une cinquantaine d’ouvrages et est l’auteur de centaines d’articles et de conférences sur l’histoire et la théorie de l’image, dans un champ de recherche s’étendant de l’époque gallo-romaine à l’art actuel, et ce, dans toutes les disciplines des arts visuels et médiatiques (photographie, cinéma, arts platiques, etc). Traduits dans une dizaine de langues et maintes fois primés, ses travaux ont trouvé écho au sein de diverses disciplines, l’inscrivant ainsi parmi les figures intellectuelles marquantes de sa génération.

Son domaine de recherche privilégié depuis 30 ans concerne l’image et sa puissance phénoménale lorsque conjuguée au social, à l’éthique et au politique. «Regarder n’est pas une compétence, dit-il, c’est une expérience.» C’est ainsi qu’il synthétise sa méthode d’analyse, invitant le sujet à ouvrir sa perception, à déconditionner son regard et à faire appel à la «mémoire de l’œil» pour dépasser le seuil des simples apparences.

Des expositions mémorables

L’œuvre de l’historien de l’art allemand Aby Warburg lui a inspiré plusieurs expositions mémorables, montées en collaboration avec Arno Gisinger à partir d’un concept scénographique adaptable à l’actualité des images de l’art et des médias, ainsi qu’au lieu d’exposition. Appelées diversement Fables du lieu, Atlas ou Histoire de fantômes pour grandes personnes, ces expositions toujours reconstruites et réinterprétées ont été présentées, jusqu’à maintenant, à Madrid, Tourcoing, Hambourg et Paris.

Depuis les années 80, Georges Didi-Huberman a développé plusieurs collaborations avec le milieu culturel et universitaire montréalais. Sa participation à plusieurs expositions, colloques et conférences, ainsi que sa présence à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM, à l’automne 2013, laquelle a attiré des centaines d’adeptes férus de son approche didactique, ont confirmé la vitalité de la relation que le Québec entretient avec son œuvre créatrice.