En collaboration avec le Wapikoni mobile – un studio ambulant de création audiovisuelle et musicale fondé par la cinéaste Manon Barbeau (B. Sp. animation culturelle,74) – , l’École des médias et le Service aux collectivités de l’UQAM offrent depuis quatre ans une session intensive de formation en cinéma à des membres des Premières nations. Huit autochtones, provenant de communautés de l’Ontario et du Québec, anglophones comme francophones, prennent part à l’activité qui, cette année, se déroule du 17 au 26 octobre. Ils doivent réaliser un film d’animation d’une durée de deux minutes environ. La session se termine avec une projection des films réalisés par les apprentis cinéastes.
L’atelier a ceci de particulier qu’il se donne à l’UQAM. «La formule est différente de celle du Wapikoni mobile, lequel se déplace dans les communautés autochtones, explique la réalisatrice Françoise Lavoie-Pilote, chargée de cours à l’École des médias et responsable de la formation depuis les débuts du partenariat. Comme les jeunes vivent souvent des situations difficiles dans leur milieu, nous nous sommes rendus compte qu’il était plus efficace de les faire sortir de leur communauté pour qu’ils puissent se concentrer davantage sur leur formation et être présents aux cours.»
Une formation clé en main
Les jeunes autochtones, dont l’âge varie entre 18 et 40 ans, n’ont pas de formation préalable en cinéma. «Le principal critère de sélection est la motivation», lance Françoise Lavoie-Pilote. Les participants réalisent leurs films de A à Z. «Ils font leurs propres trames sonores, leurs images, etc. Comme c’est un film d’animation, il n’y a pas de tournage.» Fait étonnant: ils imaginent d’abord la trame sonore de leur film, «question de sortir des sentiers battus, d’aller ailleurs», précise la chargée de cours. L’UQAM prête gracieusement ses locaux et son équipement tout en offrant du soutien académique (aides pédagogiques). Des étudiants en communication viennent également donner un coup de main. «Pour les étudiants et les participants, c’est une occasion de confronter ses idées et de s’ouvrir à d’autres cultures», croit Françoise Lavoie-Pilote. Guy Gendron, chargé de projets technopédagogiques au Service de l’audiovisuel, participe lui aussi à l’activité.
Selon la chargée de cours, la qualité des films est impressionnante d’année en année. «Les participants autochtones ont une manière très poétique d’aborder le monde et un langage complètement différent de celui que l’on retrouve dans le cinéma occidental, remarque-t-elle. Ils ont beaucoup de choses à raconter!»
Pour le Service aux collectivités (SAC), qui assure la coordination du projet de formation tout en cherchant à développer d’autres avenues, l’activité permet aux participants des Premières nations de se familiariser avec l’université. «L’UQAM joue non seulement un rôle dans la formation d’une relève de cinéastes autochtones, mais elle peut aussi les motiver à entreprendre des études postsecondaires, à leur donner le goût d’étudier », dit Josée-Anne Riverin, agente de développement au SAC. Selon la jeune femme, plusieurs participants suivent une seconde formation afin de se perfectionner. «Chaque année, la formation offre la possibilité d’explorer un genre cinématographique et d’apprendre de nouveaux logiciels (réalisation, animation, montage, etc.).»
Plusieurs des films réalisés durant ces sessions de formation ont été projetés dans des festivals aux quatre coins de la planète et ont remporté des prix. C’est le cas du film Micta (2012), un court métrage expérimental de Marie-Pier Ottawa, qui a reçu, entre autres, le prix Vidéographe (2013) au Gala Talent tout court des Rendez-vous du cinéma québécois, tout en étant sélectionné au Festival international de film de Guadalajara, au Mexique, en 2014. Le petit film coloré d’une minute et demie a été présenté en première partie à la première montréalaise du long métrage Le règne de la beauté, de Denys Arcand, en mai dernier.