Le Conseil d’administration de l’UQAM a approuvé, le 9 décembre, la création de cinq nouvelles chaires stratégiques de recherche dans les domaines suivants: l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique, la philosophie des sciences, les usages des technologies numériques et les mutations de la communication, la neuropsychotoxicologie environnementale et le développement de pratiques innovantes en art, culture et mieux-être.
Créé à l’automne 2013, le Programme des chaires stratégiques de recherche de l’UQAM vise à soutenir le développement et la structuration de la recherche et de la création à l’UQAM, en particulier dans des domaines émergents, intersectoriels ou novateurs. Parmi les critères de sélection des projets de chaires figurent le potentiel d’innovation des travaux proposés et de collaborations internes et externes, les retombées scientifiques, sociales et culturelles, ainsi que l’intégration et l’encadrement d’étudiants. Les trois premières chaires stratégiques ont été créées en janvier 2014. Il s’agissait de chaires portant sur le vieillissement de la population, la recherche nordique et la recherche partenariale participative.
Attribuées par voie de concours, les chaires stratégiques sont destinées à un seul titulaire, professeur régulier à l’UQAM, qui dispose d’un dégrèvement annuel et d’un budget de fonctionnement pour la recherche de 75 000 dollars sur trois ans. Les mandats des titulaires des cinq nouvelles chaires débuteront le 1er janvier prochain.
La nordicité
La nordicité est un domaine de recherche en émergence depuis quelques années à travers le monde. La Chaire sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique, dont le titulaire est le professeur Daniel Chartier, du Département d’études littéraires, souhaite promouvoir l’idée novatrice d’une conception circumpolaire et non plus territoriale du monde froid, posant ce dernier comme un tout qui appelle des solutions, des réflexions et des positions communes, tout en tenant compte des différentes cultures et langues qui le composent. En s’appuyant sur les concepts de «nordicité» et «d’hivernité» culturelles, la chaire préconisera donc une approche interdisciplinaire et pluriculturelle. Son programme de recherche vise à mettre en valeur et à analyser le patrimoine culturel du Nord, à étudier les représentations du Nord, de l’Arctique et de l’hiver et à établir un programme d’étude de 2e cycle sur le Nord culturel dans le cadre de collaborations avec des chercheurs en sciences, notamment avec la Chaire sur le climat de l’Arctique de la professeure Anne de Vernal, du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère.
De l’inerte au vivant
La philosophie contemporaine apparaît souvent comme une discipline abstraite, peu en prise avec le monde réel que cherchent à comprendre les disciplines scientifiques. Pourtant, de nombreuses questions philosophiques importantes naissent de la pratique de la science. L’objectif de la Chaire de philosophie des sciences, dont le titulaire est le professeur Christophe Malaterre, du Département de philosophie, est justement de mettre la science au cœur du questionnement philosophique. La chaire développera un programme de recherche sur une des questions les plus fascinantes auxquelles la science n’a pas encore de réponse aboutie, à savoir la question de l’évolution chimique et de la transition de l’inerte au vivant sur la Terre primitive, avant l’apparition de l’évolution biologique darwinienne. L’ambition est de contribuer à une meilleure compréhension des tout premiers mécanismes évolutionnaires et à notre connaissance de l’origine et de la nature de la vie. La chaire de Christophe Malaterre mènera également une activité fédératrice plus large visant à développer l’enseignement et la recherche en philosophie des sciences grâce à des échanges croisés entre scientifiques et philosophes à l’UQAM.
Les transformations de la communication
Le domaine de la communication a connu des transformations majeures depuis la naissance de l’informatique et l’explosion de la communication de masse, et encore plus depuis l’avènement du numérique. La place grandissante des pratiques amateures dans l’univers numérique bouleversent en effet la manière de produire et de diffuser l’information et la connaissance. Les activités de partage, de collaboration et de contribution en ligne deviennent des sources d’innovations sociotechniques, tandis que de nouvelles formes de sociabilité et de coordination des collectifs s’articulent autour des technologies numériques. La Chaire sur les usages des technologies numériques et les mutations de la communication, ayant pour titulaire la professeure Florence Millerand, du Département de communication sociale et publique, a pour objectif de comprendre comment les technologies numériques, et surtout la façon dont on les utilise, transforment les modes de production et de diffusion des connaissances et produisent de nouvelles cultures. Les mutations de la communication seront envisagées dans le contexte d’un double processus de mise en réseau: celui des personnes et celui des données, informations et connaissances.
Toxines environnementales et santé cérébrale
L’exposition aux contaminants environnementaux constitue un facteur de risque pour la santé, en particulier pour la santé cognitive et le bien-être psychologique. Selon l’Association canadienne des troubles d’apprentissage, près du quart des problèmes d’apprentissage au Canada seraient associés à l’exposition à des substances toxiques présentes dans notre environnement. La Chaire de recherche en neuropsychotoxicologie environnementale, dont le titulaire est Dave Saint-Amour, professeur au Département de psychologie, a pour objectif d’étudier l’impact des toxines environnementales sur les fonctions cérébrales (perception et cognition), de l’enfance jusqu’au vieillissement. Des études longitudinales seront menées auprès de plusieurs centaines de personnes provenant de différents milieux sociodémographiques – Canada, États-Unis, Nunavik, Bretagne – afin de déterminer comment les contaminants environnementaux altèrent les fonctions et les structures du cerveau. En plus d’informer la population des liens entre contaminants environnementaux et santé cérébrale, la réunion de deux disciplines traditionnellement éloignées – neurosciences et santé communautaire – devrait permettre de développer un créneau novateur en santé environnementale et pourrait attirer des chercheurs en biologie, en toxicologie, en psychologie, en kinanthropologie, en communication et en santé publique.
Art, culture, mieux-être
La professeure Mona Trudel, de l’École des arts visuels et médiatiques, est la titulaire de la Chaire de recherche intersectorielle et interdisciplinaire Art, culture et mieux-être, qui vise à ouvrir de nouvelles avenues dans un domaine émergent de pratiques et de recherches. Faisant appel aux dimensions socio-effectives, cognitives et corporelles de la personne, l’art et la culture sont appelé à jouer un rôle essentiel pour améliorer la qualité de vie des individus et des collectivités. La chaire aura notamment pour objectifs de répertorier et d’analyser les pratiques artistiques orientées vers le mieux-être, de mettre en place un cadre méthodologique et théorique qui soit propre à ces pratiques, de saisir les aspects éthiques liés aux interventions qui touchent des populations malades et en situation de vulnérabilité et de mettre sur pied un réseau national et international de chercheurs dans ce domaine. Son équipe comprendra des théoriciens de différentes disciplines artistiques, des cliniciens qui font appel aux arts, des chercheurs en éducation et en travail social, ainsi que des collaborateurs des milieux artistique, culturel et communautaire.