Du 4 au 8 juillet 2016, les départements de sociologie de l’UQAM et de l’Université de Montréal seront les hôtes du congrès de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF). Organisé pour la première fois à Montréal, l’événement adoptera une posture inusitée pour ce genre d’exercice. «Habituellement, on se demande ce que la sociologie peut apporter à la compréhension des phénomènes sociaux. Cette fois-ci, nous avons opté pour l’approche inverse. Nous constatons que le monde a profondément changé depuis la naissance de la sociologie, il y environ 150 ans, et nous voulons nous pencher sur l’impact de ces grands changements sociaux sur la définition et sur la pratique de la sociologie», explique Marc-Henry Soulet, professeur à l’Université de Fribourg, titulaire de la Chaire Sociologie, politiques sociales et travail social et vice-président de l’AISLF.
Le professeur Soulet est responsable de l’organisation de ce congrès international, qui se déroule aux quatre ans dans une ville différente – l’Université Laval a déjà accueilli l’événement en l’an 2000 – et qui devrait réunir environ un millier de participants en 2016.
En compagnie d’une dizaine de ses collègues du Bureau de l’AISLF, Marc-Henry Soulet était en visite à Montréal les 11, 12 et 13 octobre derniers. «Nous avons été ravis de leur faire visiter les lieux où se déroulera le congrès, en plus de leur faire profiter d’activités périphériques à la Cinémathèque québécoise et à la Société des arts technologiques», observe Jean-Marc Larouche. Le professeur du Département de sociologie est co-responsable du comité local d’organisation en compagnie de son collègue Paul Sabourin, de l’Université de Montréal. «Nous avons été émerveillés par les conditions dans lesquelles le congrès pourra se dérouler, s’exclame Marc-Henry Soulet. Les infrastructures sont remarquables et à proximité du centre-ville. Je suis convaincu que l’événement sera une réussite.»
Trois thématiques
Le congrès de 2016, qui aura pour thème «Sociétés en mouvement, sociologie en changement», se tiendra à l’Université de Montréal lors de la première journée de plénières, puis à l’UQAM le reste de la semaine. Il s’articulera autour de trois thématiques. «Nous aborderons les “nouveaux nouveaux mondes”, comme le disait Georges Balandier, l’un des fondateurs de l’AISLF, note Marc-Henry Soulet. Il y a de nouveaux sujets difficiles à appréhender, comme le virtuel et le numérique, les droits des animaux ou l’omniprésence des émotions dans les relations sociales, et tout cela modifie notre façon de penser les rapports sociaux et de travailler comme sociologue.»
La deuxième thématique permettra aux participants de se pencher sur un débat qui dure depuis quelques temps, mais qui a gagné en virulence au cours des dernières années, rappelle le vice-président de l’AISLF. «C’est la question du socio-centrisme. On critique beaucoup l’aveuglement socio-centrique qui nous a amené à utiliser des catégories de pensée produites dans des contextes particuliers et que l’on utilise pour analyser des réalités différentes. En somme, le débat porte sur une désoccidentalisation de la sociologie, un peu à l’image des débats qui ont eu cours en histoire.»
La question des frontières disciplinaires constituera le troisième thème du congrès. «Il faut saisir en quoi et comment les savoirs des autres disciplines ainsi que leurs transformations internes contraignent et dynamisent nos manières sociologiques de penser le monde», explique le sociologue.
Toujours aussi pertinente
Le congrès de 2016 se conclura par une demi-journée de réflexion où, plutôt que de retracer les grandes tendances de la sociologie dans les 30 ou 40 dernières années, les participants tenteront d’imaginer la sociologie de l’avenir. «Ce sera une conclusion axée sur la prospective, pour tenter de cerner le type de sociologie dont la société aura besoin», précise Marc-Henry Soulet.
Le raisonnement sociologique ou certaines de ses formes vulgarisées sont aujourd’hui utilisées par bon nombre de personnes, se réjouit le spécialiste. «Cela complique notre travail, car les gens ne sont plus vierges de toute connaissance dans le domaine, dit-il en riant. Mais cela dénote également la réussite et la pertinence de la sociologie comme discipline afin de penser les phénomènes sociaux.»