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Confluence nordique à la télé

Un colloque se penche sur les séries télé produites dans les petits marchés du Québec et de la Scandinavie.

Par Pierre-Etienne Caza

31 mars 2014 à 14 h 03

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Minuit le soir, Les Invincibles, 19-2, Unité 9, Série noire… Les créateurs québécois s’illustrent depuis quelques années en matière de séries télé en captivant l’auditoire avec des propositions de qualité qui sont ensuite exportables à l’étranger. «Le contexte québécois est similaire à celui des pays scandinaves», note Margot Ricard. La professeure de l’École des médias organise avec son collègue Pierre Barrette un colloque intitulé D’un écran à l’autre: confluence nordique du cinéma et de la télévision, qui aura lieu à l’UQAM les 1er, 2 et 3 avril prochains.

Ce colloque comportera une série de conférences, de tables rondes et de classes de maître regroupant des créateurs de télé québécois et suédois, ainsi que des chercheurs intéressés par  la série télé produite en situation de petits marchés dans les pays nordiques. Parmi les thèmes abordés, on retrouvera la série télé comme reflet de notre culture, le «téléroman plus», et l’exportation à l’international.

«J’ai été invitée en Suède par une productrice qui enseigne à la Stockholm Academy of Dramatic Arts (SADA), raconte Margot Ricard à propos de la genèse de l’événement. Je voulais arriver là-bas avec un projet. Comme j’avais beaucoup aimé les séries Bron (la version originale, en suédois, de The Bridge, actuellement diffusée à Télé Québec) et Äkta människor (diffusée à Addik.tv l’automne dernier sous le titre Real Humans: 100 % humain), j’ai eu l’idée de ce colloque.»

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Margot Ricard

Lors de sa visite à Stockholm, la chercheuse a pu assister à une rencontre annuelle réunissant les principaux artisans de la télévision suédoise. «Tout se déroulait en suédois, se rappelle-t-elle en riant. Heureusement qu’il y avait des présentations PowerPoint, j’ai pu déduire certains mots et j’ai rapidement su qui je voulais inviter au Québec. Je les ai ensuite approchés et ils ont tous accepté.»

Le colloque réunira donc des artisans québécois et suédois, parmi lesquels le producteur Kristian Hoberstorfer, la productrice Maria Nordenberg, le réalisateur Harald Hamrell et la productrice et professeure à la SADA, Marianne Persson. L’ambassadeur de Suède au Canada, Teppo Tauriainen, sera également présent lors du cocktail d’ouverture. Du côté québécois, on note entre autres la présence du comédien et auteur Claude Legault, qui a accepté d’agir à titre de président d’honneur de l’événement; de l’auteur, acteur et producteur Guy A. Lepage; du producteur Jocelyn Deschênes («le plus gros producteur de séries télé à Montréal», précise Margot Ricard); du scénariste Pierre-Yves Bernard; du réalisateur PodZ; de l’auteure Danielle Trottier et de la productrice Johanne Forgues.

Le colloque offrira trois classes de maître en scénarisation, en production et réalisation de «téléromans plus», et en réalisation. «Le “téléroman plus” est un genre hybride, explique Margot Ricard. C’est le cas notamment d’Unité 9, tourné en studio et en extérieur. L’écriture est légèrement différente que pour une série pure et dure, c’est-à-dire que les intrigues s’y développent plus lentement.»

Le colloque, qui se déroulera en français, offrira un service de traduction simultané. Pour les étudiants, l’entrée est gratuite.

L’avenue des coproductions

Depuis quelques années, la télévision américaine – bien que plus que le cinéma hollywoodien –  se distingue par son audace et sa créativité avec des séries comme Mad men, Breaking bad, The good wife et autres House of Cards.

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Pierre Barrette

La production d’une série télé québécoise n’a évidemment rien à voir avec ces productions américaines. Ici, un épisode d’une heure coûte environ 500 000 dollars. «Aux États-Unis, c’est entre 2 et 20 millions de dollars!» précise Pierre Barrette. Pourtant, les artisans québécois doivent concurrencer leurs rivaux du sud, car la multiplicité des canaux et des sites Internet spécialisés fait en sorte que les amateurs de séries ont l’embarras du choix.

Selon Pierre Barrette et Margot Ricard, les auteurs, scénaristes, réalisateurs et producteurs québécois réussissent avec brio à concocter des séries aussi enlevantes que celles de nos voisins américains. «Le même phénomène se produit dans les pays scandinaves, souligne Margot Ricard. Leur secret? Il y a beaucoup de coproduction entre le Danemark, la Suède et la Norvège. Ces séries sont ensuite diffusées dans tous ces pays, ce qui leur assure un auditoire intéressant.»

Des créations uqamiennes

Chaque année depuis huit ans, les finissants du programme de communication (télévision) écrivent et produisent le pilote d’une série télé. Cette production est diffusée à Canal Savoir, avec l’accord de l’Union des artistes puisque ce sont des comédiens professionnels qui participent aux tournages. Ces dernières années, il y a eu Ève Landry – découverte plus tard dans Unité 9 – et Mélissa Désormeaux-Poulin – La Promesse, Les Rescapés, Mon meilleur ami et Ces gars-là. «Chaque année, je dis aux comédiens: venez tourner avec nous, c’est une rampe de lancement!» lance Margot Ricard en riant.