Voir plus
Voir moins

Protéger les eaux souterraines

La cartographie de cette importante source d’eau potable favorisera sa protection.

Par Claude Gauvreau

10 février 2014 à 14 h 02

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Photo

Les étudiants Frédéric Roberge, Marili Vincent-Couture, Simon Hébert et Florence Gagnon participent aux recherches en géologie dans la région de la rivière Nicolet.

Parce que ses eaux de surface – lacs, rivières – sont particulièrement abondantes, le Québec a longtemps négligé la connaissance de ses eaux souterraines.

À l’occasion d’une tournée en Mauricie et dans le Centre-du-Québec, Martine Ouellet, ministre des Ressources naturelles, a rendu publique, le 3 février dernier, une entente de collaboration scientifique entre des chercheurs de l’UQAM et son ministère visant à localiser et à cartographier les réservoirs d’eaux souterraines des bassins versants des rivières Nicolet et Saint-François. «Il s’agit d’un projet de recherche déjà en cours, dans lequel le ministère a investi dernièrement 130 000 dollars», explique Michel Lamothe, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère et responsable du projet. Cette recherche s’inscrit dans le cadre du Programme d’acquisition des connaissances sur les eaux souterraines (PACES), dirigé par sa collègue Marie Larocque, professeure au même département, avec l’appui financier du ministère de l’Environnement, du Développement durable de la Faune et des Parcs (MEDFP).

Photo

Le professeur Michel Lamothe. Photo: Nathalie St-Pierre.

Importante source d’eau potable pour plusieurs municipalités du Québec, l’eau souterraine est une richesse naturelle essentielle à l’équilibre des écosystèmes aquatiques. Son écoulement alimente le niveau d’eau des rivières, des lacs et des zones humides. Les poissons et autres espèces dépendent des eaux souterraines pour le maintien de leur habitat et de la qualité de l’eau. «Le fait de dresser un portrait clair de ces ressources en les cartographiant permettra de mieux les protéger et de les gérer de façon responsable», souligne Michel Lamothe.

Des outils d’aide à la décision

Aidé de ses étudiants, le géologue ne cartographie pas l’eau mais les aquifères. «Il s’agit de formations géologiques constituées de dépôts meubles – sable, argile, gravier –, se trouvant à plusieurs mètres sous la surface, qui contiennent l’eau souterraine», explique-t-il. L’objectif est de les caractériser et d’identifier les zones vulnérables à différentes formes de contamination. «Les cartes sont en quelque sorte des outils d’information permettant aux responsables des municipalités régionales de comté (MRC) et des Conférences régionales des élus (CRÉ) de prendre des décisions éclairées relativement à l’usage des eaux souterraines, mais aussi en ce qui concerne l’évaluation des risques de glissements de terrain et la réalisation de travaux d’excavation des routes», observe Michel Lamothe.

Ce type de cartographie est également utile aux hydrogéologues qui, à l’aide de programmes informatiques, modélisent la vitesse à laquelle l’eau des précipitations pénètre dans le sol pour régénérer les nappes d’eau souterraine. «Il existe une forme de synergie entre nos travaux et ceux de Marie Larocque, lesquels portent notamment sur la composition de l’eau souterraine, sur ses modes de circulation et sur ses interactions avec les eaux de surface, les milieux humides et l’environnement», note le chercheur.

Répondre à des besoins

Les informations colligées seront précieuses pour les agriculteurs, car les réserves d’eau souterraine servent à irriguer les cultures et à abreuver le bétail. Elles seront aussi utiles pour certaines industries qui s’alimentent à même ces réserves.

«Des compagnies reliées à l’industrie du gaz de schiste ont puisé dans des eaux souterraines pour faire du forage exploratoire. Avec une cartographie des réservoirs d’eaux souterraines, il sera plus facile d’autoriser ou d’interdire le forage de puits s’il est à proximité d’une source d’eau potable», souligne Michel Lamothe.

Reconnus comme des spécialistes dans le domaine au Québec, les chercheurs de l’UQAM en sciences de la Terre et de l’atmosphère font de la cartographie dans différentes régions depuis une dizaine d’années. «Nous contribuons à former une relève en intégrant des étudiants du baccalauréat, de la maîtrise et du doctorat dans la plupart des projets de recherche», conclut le professeur.