La professeure et historienne Marie Beaulieu, du Département de danse, est commissaire de Pas de deux… du conte au ballet, une exposition sur l’univers enchanteur de quatre ballets marquants de l’histoire des Grands Ballets Canadiens (Giselle, La Scouine, Cendrillon et Casse-Noisette) inspirés de contes traditionnels. «J’ai voulu montrer comment différents dispositifs (costumes, archétypes liés au conte ─ héros, sorcière, bon, méchant ─ décor et danse) peuvent servir à transposer le conte sur la scène et à transmettre son univers magique et son aspect féérique.»
L’exposition, qui s’adresse à un public de tout âge, présente plusieurs facettes de la création d’un ballet (chorégraphie, scénographie, costumes…) au moyen de reproductions d’esquisses et de croquis, de photos de costumes confectionnés par l’atelier des Grands Ballets Canadiens et d’archives audiovisuelles montrant des danseurs à l’œuvre, le tout puisé à même les collections d’archives de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), des Grands Ballets Canadiens et de la Bibliothèque de la danse Vincent-Warren. La firme Lupien + Matteau, dont le professeur Philippe Lupien, de l’École de design, est le cofondateur, en signe le design alors que le graphisme a été confié à Laurent Pinabel. «C’est une exposition très ergonomique. Un soin particulier a été apporté afin de créer des liens entre les différentes sections. Le but est de faire sentir le mouvement», dit Marie Beaulieu.
Les quatre œuvres choisies constituent des moments forts de l’histoire du ballet québécois. «Ce sont des pièces qui voyagent dans le temps et qui témoignent de la valeur du patrimoine de la danse au Québec. Casse-Noisette est présenté durant la période des Fêtes depuis 1964 au Québec!», rappelle la professeure, qui enseigne l’histoire de la danse au Québec et dans le monde occidental au 20e siècle. Le ballet La Scouine, chorégraphié par Fernand Nault d’après le récit d’Albert Laberge, est lié à la montée du nationalisme québécois dans les années 60 et 70, poursuit la professeure. «La chorégraphie, qui met en scène une femme rebelle vivant à la campagne, dresse un portrait bien sombre du monde rural.»
L’exposition rend hommage à la créativité de plusieurs chorégraphes dont Stijn Celis, Ib Andersen, Anton Dolin et Fernand Nault. «On doit à Fernand Nault la chorégraphie de Carmina Burana, d’abord présentée dans le cadre de l’Exposition universelle de 1967 à Montréal, celle de Tommy, le ballet rock du groupe The Who, et celle de Symphonie de Psaumes, un ballet présenté à l’Oratoire Saint-Joseph, en 1969, dit Marie Beaulieu. Il a apporté un vent de modernité au ballet québécois.» Des sections de l’exposition sont également dédiées aux créateurs de costumes (François Barbeau, Michèle Hamel, Georges Lévesque, Catherine Voeffray et John Dinning) et aux danseurs qui ont contribué à la renommée des Grands Ballets Canadiens.
«Le danseur est au centre de l’exposition, affirme Marie Beaulieu. C’est lui qui, grâce à son talent, incarne la magie sur scène et communique l’émotion aux spectateurs. C’est le danseur qui a la responsabilité de transmettre la vision du conte proposée par le chorégraphe.»
Une section de l’exposition, conçue par l’accessoiriste Michael Slack, propose quant à elle de gigantesques livres en relief. On peut y lire des résumés des contes à l’origine des spectacles. «Cette section permet de prendre conscience de la distanciation que peut parfois prendre un chorégraphe par rapport à l’œuvre originale. Le chorégraphe propose bien souvent une interprétation personnelle du conte, un point de vue différent de celui transmis par la littérature», complète la professeure.
L’exposition, qui se termine le 12 octobre 2014, est située au niveau 1 dans la section Arts et littérature de la Grande Bibliothèque.