Les enfants exposés à la dépression maternelle qui fréquentent des services de garde seraient moins susceptibles de connaître des problèmes affectifs, révèle une étude longitudinale réalisée par des chercheurs du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, de l’UQAM et de l’Université de Montréal auprès d’une cohorte de près de 2 000 enfants.
L’étude, intitulée «Maternal Depressive Symptoms and Children’s Emotional Problems – Can Early Child Care Help Children of Depressed Mothers?», a été publiée le 19 juin dans la prestigieuse revue britannique JAMA Psychiatry. Elle s’appuie sur les résultats de l’étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ).
«Nous avons constaté que les enfants d’âge préscolaire exposés à la dépression maternelle étaient près de deux fois plus susceptibles de développer des problèmes émotifs et de l’anxiété de séparation, souligne Catherine Herba, première auteure de l’étude et professeure adjointe au Département de psychologie de l’UQAM. En revanche, la fréquentation régulière d’un service de garde, à raison d’au moins huit heures par semaine, serait bénéfique pour ces enfants, les rendant moins à risque de développer des problèmes émotifs et des symptômes de retrait social.»
Un milieu de vie structuré
Le fait de commencer à fréquenter un service de garde avant l’âge de 17 mois ou plus tard durant la période préscolaire aurait également des effets bénéfiques. Toutefois, c’est surtout le milieu de garde en tant que tel qui permettrait de réduire les risques de problèmes émotifs, plutôt que la fréquence et la durée du gardiennage, la clé résidant dans un service de garde de groupe réglementé, en milieu familial ou en garderie. La garde de l’enfant par un membre de la famille ou par une gardienne, généralement en garde individuelle au domicile de l’enfant, n’a pas été associée à une réduction du risque de développer des problèmes émotifs chez ces enfants.
«D’autres travaux doivent être réalisés pour que nous puissions comprendre les mécanismes précis à l’origine de cet effet, ajoute Catherine Herba, qui est aussi chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et professeure affiliée au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal. Néanmoins, nos résultats montrent clairement les bienfaits de services de garde de groupe réglementés chez les enfants d’âge préscolaire exposés à des symptômes de dépression maternelle. Ces bienfaits pourraient découler de la présence d’un cadre plus structuré, de professionnels qualifiés pour offrir les soins, du fait que l’enfant soit hors de son domicile ou qu’il soit en contact avec d’autres enfants de son âge.»
«Il importe que nous épaulions les jeunes familles, en particulier celles à risque, en leur donnant accès à des services de garde de qualité», note pour sa part la coauteure de l’étude, Sylvana Côté, chercheuse à Sainte-Justine et professeure au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal.
Cette étude a obtenu le soutien du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, du Fonds de recherche du Québec – Santé, du Fonds de recherche du Québec – Société et culture, du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, des Instituts de recherche en santé du Canada, du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal.