Laurence Brière n’a pas un parcours typique de chercheuse et ne se destinait pas à priori à la recherche, mais plutôt à «l’action sur le terrain». Au cours de sa jeune carrière, elle a travaillé sur plusieurs dossiers relatifs à l’environnement, aux transports urbains et écologiques et à l’accueil des immigrants. Détentrice d’un baccalauréat en kinésiologie de l’Université Concordia et d’un diplôme d’études supérieures spécialisées en santé communautaire de l’Université de Montréal, elle entreprend en 2009 un programme court en éducation relative à l’environnement à l’UQAM et se joint, à titre d’agente de recherche, à la Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l’environnement (maintenant le Groupe de recherche et d’intervention en éducation et formation relatives à l’environnement-ERE UQAM). C’est au sein de la Chaire qu’elle prend goût à la recherche tout en trouvant un sens plus profond à son engagement social.
La doctorante en sciences de l’environnement a reçu, le 27 avril dernier, le Prix d’excellence des administratrices universitaires du Canada 2012. C’est la première fois que ce prix, assorti d’une bourse de 3 000 $, est décerné à un étudiant de l’UQAM. Le prix souligne l’excellence des résultats académiques et le leadership de la jeune femme.
Au sein de l’ERE UQAM, Laurence Brière travaille aujourd’hui à la coordination de la revue Éducation relative à l’environnement : Regards – Recherches – Réflexions et s’occupe de l’encadrement des étudiants boliviens du programme court de deuxième cycle en éducation relative à l’environnement, une formation à distance, dans le cadre du projet de coopération internationale Ecominga Amazónica – Écodéveloppement communautaire et santé environnementale en Bolivie. Le projet de l’UQAM, mené en collaboration avec trois universités de l’Amazonie bolivienne, vise notamment à former des leaders communautaires dans les communautés autochtones. Très impliquée, Laurence Brière est membre du comité exécutif de l’Association des étudiants au doctorat en sciences de l’environnement. Elle est aussi représentante de l’association au sein du Comité de programme du doctorat en sciences de l’environnement.
Le projet Turcot
Laurence Brière s’intéresse à l’éducation à l’écocitoyenneté et aux enjeux socio-écologiques liés au transport. Pour son sujet de thèse intitulé «Les dynamiques d’acteurs et les processus d’apprentissage au sein d’espaces délibératifs portant sur des enjeux de transport urbain. Le cas de l’échangeur Turcot à Montréal», sous la direction de la professeure Lucie Sauvé, du Département de didactique, elle compte interroger une vingtaine d’acteurs, opposés ou non au projet de réfection du complexe Turcot. «Beaucoup de gens se sont impliqués dans ce dossier : des citoyens, des professeurs, des employés de la Direction de la santé publique, des coordonnateurs d’organismes communautaires, note-t-elle. Je cherche à comprendre leur manière d’obtenir de l’information et de la transmettre, de bâtir un argumentaire, pour voir quels sont les valeurs et les enjeux auxquels ils accordent de l’importance». La doctorante cherche également à comprendre «comment ces connaissances et ces compétences s’inter-influencent et peuvent parfois aboutir à des solutions novatrices.»
Dans ce dossier, tous les acteurs s’entendent sur l’importance de construire un nouvel échangeur, mais plusieurs dénoncent le projet mis de l’avant par le ministère des Transports. «Même si le ministère en est venu à mettre en place une voie réservée pour le transport en commun en direction du centre-ville, des acteurs du milieu dénoncent le projet puisque, selon les derniers plans, le parcours vers l’ouest passe par des rues locales et est plus long! Sans parler de tous les autres désagréments pour les citoyens», regrette Laurence Brière.
La doctorante souligne que le projet de reconstruction de l’échangeur Turcot n’a pas seulement donné lieu à des revendications. Des propositions ont aussi été mises sur la table. Ainsi, Pierre Brisset, architecte au sein du Groupe de recherche urbaine Hochelaga-Maisonneuve, et Pierre Gauthier, professeur à l’Université Concordia, ont présenté Turcot 375, un projet de revitalisation urbaine qui fait une large part à la vie de quartier, au transport durable et à la préservation du patrimoine urbain.
Pratiques de gouvernance
Le 9 mai dernier, la jeune chercheuse a présenté une communication sur l’émergence des pratiques de gouvernance dans la planification des transports urbains dans le cadre du colloque de l’Acfas Au cœur des questions sociétales : les enjeux d’identité et d’engagement en éducation relative à l’environnement, sous la responsabilité de la professeure Lucie Sauvé. «En contexte de gouvernance, la société civile prend de plus en plus de pouvoir. Mais le pouvoir n’est pas le même que l’on soit membre d’une ONG ou d’une corporation. Or, l’approche de gouvernance fait fi de ces inégalités tout en donnant beaucoup de place aux intérêts particuliers, soutient la doctorante. Ce qui est dommage, c’est qu’on perd ainsi facilement de vue l’intérêt général.»