Depuis de nombreuses années, les chercheurs croyaient que la perte de masse musculaire était le prédicteur par excellence du déclin des capacités fonctionnelles chez les personnes âgées. Ce phénomène porte même un nom : sarcopénie. Mais voilà que des recherches récentes pointent dans une autre direction. «Il semblerait que la force musculaire soit un meilleur prédicteur de la capacité fonctionnelle», affirme la professeure Mylène Aubertin-Leheudre, du Département de kinanthropologie.
La professeure faisait partie d’une poignée de spécialistes internationaux qui ont participé à une table ronde sur le sujet à Toulouse, en juin 2011, au cours de laquelle elle a amorcé le travail qui a mené à la publication récente d’un article dans Journal of Nutrition Health and Aging, intitulé «How to assess functional status : a new muscle quality index.» «Nous avons d’abord testé notre hypothèse à petite échelle, auprès d’un échantillon de 80 hommes et 80 femmes, ce qui nous a permis de rédiger l’article en question, explique la chercheuse. Nous avons ensuite élargi notre échantillon à 1 500 femmes âgées entre 60 et 90 ans, et les résultats pointent toujours dans la même direction.»
Applicabilité clinique
«Pour tester la force musculaire, il n’est pas nécessaire d’avoir des machines complexes, précise Mylène Aubertin-Leheudre. Nous souhaitions une applicabilité clinique qui permette aux médecins et aux infirmières d’effectuer le test en cinq minutes.» Un dynamomètre (le genre d’appareil utilisé dans les centres de conditionnement physique pour calculer la force de préhension), une balance pour le poids et une autre pour calculer la bio-impédance (la composition corporelle permettant d’estimer la masse musculaire) et le tour est joué! «Pour environ 600 $, on peut poser un diagnostic clinique et savoir si les gens sont ou non à risque de perdre des capacités fonctionnelles», poursuit la chercheuse.
D’autres études à venir…
La professeure ira présenter ses résultats de recherche en juillet dans le cadre d’un congrès international à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, ainsi qu’à Barcelone en septembre. «Je reçois chaque jour des demandes d’information à ce sujet, car les enjeux de mobilité et d’autonomie prennent de plus en plus d’importance dans nos sociétés vieillissantes et nos travaux indiquent une voie prometteuse pour l’évaluation de ces problèmes», ajoute-t-elle.
Les équipes de recherche auxquelles elle participe s’attarderont prochainement à trouver les meilleurs exercices à prescrire afin de contrer la perte de force musculaire. «Un article récemment paru a démontré l’effet bénéfique du taï chi sur la dynapénie – la perte de force musculaire –, et ce, en moins de douze semaines, note-t-elle. C’est intéressant, car il s’agit d’un exercice qui n’est pas très demandant physiquement et qui plaît aux femmes qui souffrent de bouffées de chaleur et qui ne veulent pas transpirer. En revanche, il faut un spécialiste pour l’enseigner.»
Une nouvelle étude, qui démarrera en septembre, testera des exercices plus faciles à assimiler et que pourront facilement enseigner les kinésiologues.