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Marcher, c’est la santé!

Les usagers du transport en commun marchent autant que ceux qui se rendent au travail à pied.

Par Pierre-Etienne Caza

14 mai 2012 à 0 h 05

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Trouver du temps chaque jour pour faire de l’activité physique représente un défi pour plusieurs personnes, même parmi les plus motivées. Si vous êtes de ces travailleurs qui utilisent le transport en commun, il est fort probable que vous soyez déjà sur la bonne voie sans le savoir! «Les gens qui utilisent les transports publics – autobus, métro ou train de banlieue – pour se rendre au travail marchent davantage que ceux qui utilisent uniquement l’automobile», souligne Ugo Lachapelle, professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’ESG UQAM.

Le jeune chercheur, embauché à l’UQAM en juillet dernier, est coauteur d’un article – «Does the commute mode affect the frequency of walking behavior? The public transit link» – publié récemment dans la revue Transport Policy. Cet article résume les résultats de ses recherches postdoctorales menées en collaboration avec le professeur Robert B. Noland de l’Université Rutgers, au New Jersey. «Je m’intéresse depuis quelques années aux bienfaits potentiels de l’usage du transport en commun, explique-t-il. Les gens qui utilisent les transports en commun ont trois fois plus de chance d’atteindre les recommandations d’activité physique suggérées par la Fondation des maladies du cœur, soit environ 30 minutes par jour, cinq jours par semaine.»

Une immense banlieue

L’étude, réalisée auprès d’un échantillon aléatoire représentatif de l’État du New Jersey, comptait 530 répondants, questionnés par téléphone sur leurs habitudes de navettage pour aller au boulot. «Le New Jersey est une immense banlieue située dans un axe de transport – le North East Corridor – qui relie New York, Philadelphie, Baltimore et Washington. Le système de train de banlieue y est particulièrement bien adapté», note le chercheur. Les participants de l’étude ont indiqué leur fréquence de marche dans une journée, ainsi que les caractéristiques de leur quartier, notamment la proximité des services (épicerie, restaurant, banque, bureau de poste, etc.).

Sans surprise, les usagers du transport en commun marchent davantage que ceux qui prennent leur automobile pour se rendre au travail. «En fait, ils marchent même presque autant que ceux qui se rendent au travail uniquement à pied, note le chercheur. Les usagers du transport en commun marchent pour se rendre à la station ou à l’arrêt d’autobus, mais aussi une fois le trajet effectué, car le travail n’est pas nécessairement à la sortie de la station ou au coin de la rue. Et c’est sans compter les trajets où ils doivent effectuer des transferts.»

L’étude du professeur Lachapelle a également mis en lumière le fait que les usagers du train de banlieue marchent davantage que ceux qui prennent l’autobus. «Lorsque le mode de transport est plus rapide, les gens sont prêts à marcher une plus grande distance pour s’y rendre, explique le chercheur. Ils acceptent souvent de marcher jusqu’à 1 km pour se rendre à la station de train/métro, tandis que les utilisateurs de l’autobus habitent généralement à moins de 500 mètres d’un arrêt.»

Une combinaison profitable

Si l’automobile offre peu d’occasions de marcher, le combo auto plus transport en commun le permet. «Nous n’avons pas décelé de différences significatives entre ceux qui utilisent les stationnements incitatifs et les autres usagers des transports en commun», souligne-t-il. Le park-and-ride (stationnement incitatif) ou le kiss-and-ride (lorsque le conjoint vous dépose à une station de métro/train!) solliciteraient donc aussi la marche à pied.

L’étude du professeur Lachapelle s’est également penchée sur les autres habitudes de marche. Sans surprise là non plus, les usagers du transport en commun sont parmi ceux qui marchent le plus pour aller à l’épicerie, au restaurant, visiter des amis ou se rendre à un rendez-vous médical. «Ces résultats viennent confirmer les études antérieures à propos de l’importance des environnements bâtis sur la marche à pied. Un plan d’urbanisme cohérent permet aux habitants d’une ville d’avoir accès à des services de proximité», souligne le jeune chercheur.

Tout en offrant l’occasion d’effectuer de l’activité physique sur une base quotidienne, l’utilisation des transports en commun contribue à diminuer les émissions globales de gaz à effet de serre. L’étude d’Ugo Lachapelle ne précise pas le nombre de minutes exactes que les usagers consacrent chaque jour à la marche, mais cela pourrait très bien être le sujet d’une étude ultérieure. «Je me pencherai cette fois sur le cas de Montréal et des autres grandes villes canadiennes», conclut le chercheur de l’ESG.