Voir plus
Voir moins

Évaluer l’implantation avant l’efficacité

Un programme de prévention des maux de dos chez les travailleurs de la santé est mal implanté, constate la professeure Diane Berthelette.

Par Pierre-Etienne Caza

9 janvier 2012 à 0 h 01

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Les maux de dos constituent la lésion numéro un du personnel soignant des établissements de santé québécois et entraînent des coûts importants. Ils affectent particulièrement les infirmières et les auxiliaires, chargés des manipulations et des transferts de patients. Heureusement, certains programmes de prévention ont été développés au fil des ans afin de réduire les risques de blessures.

C’est le cas du Programme de déplacement sécuritaire des bénéficiaires (PDSB). Implanté en 1985 par l’Association sectorielle pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires sociales (ASSTSAS), ce programme a été évalué dans le cadre d’une recherche exhaustive menée par la professeure Diane Berthelette, avec le soutien financier de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité au travail.

«J’espère que la communauté de chercheurs en ergonomie va se poser de nouvelles questions sur les interventions qui sont mises de l’avant, car il y a bel et bien un écart entre ce qui est prescrit et la façon dont les programmes de formation sont implantés, souligne la professeure du Département d’organisation et ressources humaines, qui a publié récemment un article sur le sujet dans le revue Applied Ergonomics, en collaboration avec ses collègues Nicole Leduc (Université de Montréal), Henriette Bilodeau (UQAM), et Marie-Josée Durand (Université de Sherbrooke), ainsi que le doctorant Cheikh Faye.

Les résultats de leur recherche indiquent en effet qu’à peine 5 % des formateurs ont réalisé toutes les activités initialement prévues par le PDSB. Pour en arriver à cette conclusion, Diane Berthelette et ses collègues ont visité 139 établissements du réseau de la santé. «Il nous fallait d’abord comprendre les objectifs de la formation de visu. Nous avons ensuite bâti un questionnaire que nous avons distribué aux formateurs afin de vérifier s’ils enseignaient le programme tel qu’ils devaient le faire.»

Brasser la cage!

Diane Berthelette était à Angers au début de décembre afin de participer à un séminaire sur l’évaluation des programmes en santé ou en sécurité au travail. «J’espérais brasser la cage un peu!» dit-elle en riant.

Est-ce que le programme fonctionne ou non? Voilà l’unique question qui préoccupe la plupart des chercheurs – épidémiologistes, médecins et hygiénistes industriels, note Diane Berthelette. «Avant de répondre à cette question, il importe de savoir si le programme a été implanté correctement. Or, cette façon de faire est novatrice dans le domaine de la santé au travail», ajoute la présidente-directrice générale du Centre de liaison sur l’intervention et la prévention psychosociales (CLIPP).

Sous la supervision de Diane Berthlette, le doctorant en administration Cheikh Faye, ergonome à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) du Québec, se penche sur l’efficacité du PDSB dans un centre d’hébergement. «Il a choisi un centre qui a bien implanté le programme afin de découvrir les méthodes qui ont permis d’en faire une réussite», conclut la chercheuse.