Céline Saint-Pierre ne pouvait pas être à l’UQAM quand la direction de l’Université lui a attribué le statut de professeur émérite en septembre 2011. Mais le 8 décembre dernier, elle était là, particulièrement émue, pour recevoir officiellement cet honneur dans le cadre du 25e anniversaire du Centre de recherche interuniversitaire en sciences et technologies (CIRST), qu’elle a contribué à mettre sur pied avec une poignée d’autres chercheurs.
Basé à l’UQAM, le CIRST est né de la fusion du Centre de recherche en évaluation sociale des technologies (CREST) et du Centre de recherche en développement industriel et technologique (CREDIT), tous deux créés en 1986. Aujourd’hui, il représente le principal regroupement interdisciplinaire de chercheurs au Canada dont les travaux sont consacrés à l’étude des dimensions historiques, sociales, politiques, philosophiques et économiques de l’activité scientifique et technologique.
«Nous rassemblons une quarantaine de chercheurs provenant d’une dizaine d’institutions et d’autant de disciplines – histoire, sociologie, science politique, philosophie, sciences économiques, gestion, communications – précise Pierre Doray, directeur du CIRST et professeur au Département de sociologie. Notre mission consiste à développer la recherche sur le rôle et les transformations de la science et de la technologie dans les sociétés contemporaines et à assurer la formation de jeunes chercheurs.»
Des travaux d’importance stratégique
Selon Pierre Doray, l’étude du développement des sciences, des technologies et des innovations revêt une importance stratégique sur les plans social et politique, en raison de leurs répercussions dans la vie quotidienne des individus. Plusieurs décisions politiques sont aussi fondées sur des résultats scientifiques, sans compter que des controverses autour de questions technologiques et scientifiques – réchauffement climatique, gaz de schiste – surgissent fréquemment dans l’espace public.
Former des chercheurs de haut calibre
Depuis 25 ans, le CIRST a apporté plusieurs contributions originales à l’avancement des connaissances et à la formation. «Depuis le début, nous nous sommes intéressés à l’implantation des technologies dans les milieux de travail et à leurs usages en général, dans le monde académique y compris, rappelle Pierre Doray. Nous avons aussi produit des analyses comparées des systèmes d’innovation, des études longitudinales de la condition étudiante et des recherches sur l’histoire récente de la science économique et des statistiques.»
Six chaires de recherche du Canada et une chaire institutionnelle sont aujourd’hui rattachées au CIRST, dont la Chaire en gestion des technologies de Jorge Niosi, la Chaire en histoire et sociologie des sciences d’Yves Gingras et la Chaire en philosophie de la logique et des mathématiques de Mathieu Marion.
Le Centre a créé par ailleurs une équipe unique au Canada, l’Observatoire des sciences et des technologies (OST). Depuis sa création, en 1997, l’Observatoire a construit plusieurs banques de données permettant aux chercheurs de mettre au point divers indicateurs de l’évolution de la recherche scientifique – publications, brevets, subventions, contrats – tant au Québec et au Canada qu’à l’étranger.
En matière de formation, le CIRST a été à l’origine de la création des programmes de maîtrise et de doctorat en sciences, technologies et société, qui visent à former des chercheurs de haut calibre. Ses chercheurs dirigent plus de 200 étudiants dans le cadre de la rédaction de leur mémoire ou de leur thèse, ou en tant qu’assistants de recherche. Les étudiants ont ainsi l’occasion de participer à des recherches et à des conférences, dont le colloque des cycles supérieurs du CIRST, qui leur permet de se familiariser avec la présentation de communications.
Le CIRST a plusieurs projets en chantier. «Nous voulons intensifier nos relations internationales en participant à la création d’un réseau de chercheurs sur la production et l’usage des statistiques, améliorer nos bases de données originales servant aux analyses bibliométriques du développement des sciences sociales et à l’analyse des parcours étudiants dans l’enseignement supérieur, et poursuivre l’élaboration d’indicateurs pertinents en matière d’évaluation de la recherche», conclut le directeur du Centre.