Une délégation haïtienne composée de membres du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) était en visite à l’UQAM, du 30 novembre au 6 décembre derniers, dans le cadre d’un vaste projet de radio éducative auquel participent également plusieurs professeurs et employés de l’Université. Invitée par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, la délégation a participé à une série d’ateliers sur la création de contenus pédagogiques adaptés pour la radio, ainsi qu’à l’enregistrement et à la réalisation de capsules radiophoniques.
Ce projet a vu le jour dans la foulée d’un colloque organisé en mars 2010 par le Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle (GRAHN). Réunissant une vingtaine d’organismes et de personnalités de la communauté haïtienne du Québec, le GRAHN avait pour mandat de trouver des solutions et un plan d’action pour la reconstruction du pays à la suite du tremblement de terre survenu en janvier 2010. Parmi les 175 projets soumis, une vingtaine portant sur l’éducation ont été jugés prioritaire par le GRAHN, dont celui du projet de radio-éducative. «Plus de 500 000 enfants haïtiens n’ont pas accès à l’école. Les jeunes forment près de la moitié de la population», note Frédéric Fournier, professeur en technologies de l’information et de la communication (TIC) au Département de didactique et coresponsable du projet. Le projet consiste d’abord à développer et à partager du matériel pédagogique radio pour les élèves du primaire et du secondaire, en collaboration avec le ministère de l’Éducation haïtien et l’Université d’État d’Haïti, entre autres. Guy Gendron, du Service de l’audiovisuel, et coresponsable du projet, le Service aux collectivités, ainsi que les professeurs Pierre Toussaint, du Département d’éducation et pédagogie, et Anik Meunier, du Département de didactique, participent également au projet.
Présentées sous forme de courtes histoires radiophoniques narrées en créole par des comédiens, les capsules sont ponctuées ici et là de musique et de chansons, afin de susciter l’intérêt des jeunes auditeurs. «D’une durée d’une vingtaine de minutes, ces mini radio-romans permettent aussi aux élèves d’interagir. Ils peuvent, par exemple, répondre à une question», explique Frédéric Fournier.
Selon le professeur, la radio est utilisée depuis près de 40 ans comme méthode d’éducation, en particulier dans les pays en voie de développement. «Une radio peut suffire à une classe d’une soixantaine d’écoliers, dit-il. C’est un médium plus flexible et beaucoup plus léger que les livres, souvent plus coûteux et difficiles à conserver.»
Il existe une demande pour des capsules d’information sur la santé (en prévention des MTS et du sida, notamment), pour des capsules d’éducation citoyenne (civisme, participation à la vie publique), ainsi que pour des capsules sur la formation professionnelle et la formation des enseignants. «Les enseignants haïtiens ne détiennent pas forcément un diplôme d’études secondaires», dit Frédéric Fournier.
Dans les régions où il n’y a pas d’écoles, les capsules, disponibles sur cédéroms ou sur clés USB, pourront être diffusées à la radio, dans des centres communautaires ou encore sur un site Internet en accès libre. «Le contenu doit aussi être fidèle à la réalité du pays et aux différences régionales, afin que les gens puissent se reconnaître», remarque le professeur.
Le but du projet est de former des enseignants et des professionnels en Haïti afin qu’ils puissent eux-mêmes développer du contenu pédagogique et des capsules radio. Au cours des prochains six mois, Frédéric Fournier se rendra sur place pour évaluer la portée des premières émissions de radio auprès des écoliers.