Voir plus
Voir moins

25 ans de formation professionnelle

Le forum Vision 2012 vise à prendre le pouls de la formation professionnelle.

Par Valérie Martin

16 avril 2012 à 0 h 04

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

Au milieu des années 80, le ministère de l’Éducation a dû revoir ses méthodes d’enseignement dans le secteur de l’enseignement professionnel au secondaire, responsable de la formation en assistance dentaire, en ébénisterie, en soudure ou en coiffure, par exemple. Cette réforme a non seulement permis d’uniformiser la formation et d’en assurer la qualité, mais elle a aussi renvoyé les enseignants du secteur professionnel sur les bancs d’école, les obligeant à détenir un baccalauréat de premier cycle en enseignement (formation professionnelle et technique), un programme offert notamment à l’UQAM. «Ces étudiants mettent 7 à 10 ans avant de compléter leurs études puisqu’ils continuent d’enseigner pendant l’année scolaire», dit Henri Boudreault, professeur au Département d’éducation et formation spécialisées.

Pour célébrer les 25 années du milieu de l’enseignement professionnel, l’UQAM et ses partenaires organisateurs – dont le Centre de recherche appliquée en instrumentation de l’enseignement (CRAIE) et la Commission scolaire de Montréal – ont mis sur pied le forum Vision 2012 afin de réunir les acteurs du milieu (enseignants, conseillers pédagogiques et directeurs d’établissements) dans le but de faire le point sur la réforme et de réfléchir aux enjeux de l’avenir. En parallèle, Henri Boudreault a mené un sondage auprès de ces divers acteurs pour recueillir leurs perceptions sur les points forts et les aspects à améliorer de la réforme. «La réponse a été formidable, nous avons eu près de 200 répondants, dont près de 80 % se disent heureux d’enseigner», note Henri Boudreault.

Le forum Vision 2012 se déroulera le 20 avril prochain à l’agora Hydro-Québec du Complexe des sciences. «Ce sera un lieu d’échanges où nous pourrons discuter de nos acquis des 25 dernières années, des prochains enjeux et des actions que nous voulons mener», dit Henri Boudreault, lui-même ancien enseignant au secondaire professionnel dans le domaine de l’ébénisterie et détenteur d’un doctorat en éducation sur la formation des enseignants en formation professionnelle.

En avant-midi, les participants au forum pourront participer à des jeux et à des questionnaires au sujet des événements importants qui ont marqué les 25 dernières années. En après-midi, des débats sur des sujets d’actualité (insertion des professeurs en milieu professionnel, référentiels communs en formation professionnelle, etc.) et sur les prochains défis de la formation prendront place. «Le gouvernement voudrait que chacune des écoles secondaires prépare ses examens. On continuerait à dispenser la même formation professionnelle partout au Québec, mais les sujets d’examens seraient différents en fonction des réalités de chacun. Est-ce une bonne chose? Qu’en pensent les enseignants?» Un mémoire présentera les grandes lignes du forum.

Encore des préjugés

Malgré la qualité de la formation, un haut taux de placement et d’excellents salaires, le secteur des métiers souffre encore de préjugés. «Tous les chefs d’entreprise vantent le travail des diplômés de la formation professionnelle, mais les parents et même la société valorisent davantage l’éducation universitaire. La société a aussi besoin d’infirmiers auxiliaires, d’assistantes dentaires et de préposés aux bénéficiaires.» Selon le professeur, il est faux de penser que le secteur professionnel n’est qu’une porte de sortie pour les cancres et les raccrocheurs. «Un jeune qui veut étudier au professionnel doit d’abord satisfaire aux exigences du programme, souligne Henri Boudreault. Aujourd’hui, être plombier ou mécanicien fait appel à plusieurs compétences. Prenez le cas d’un plombier entrepreneur, il doit aussi développer des talents de gestionnaire.»

D’ici 5 à 10 ans, on prévoit une pénurie de main d’œuvre dans le secteur des métiers. «Il nous faudra un demi-million de personnes pour combler les postes laissés vacants par les départs à la retraite», rappelle Henri Boudreault.