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Se balancer pour coopérer

Le projet 21 balançoires, issu d’un partenariat entre l’UQAM et le Quartier des spectacles, invite le public à se balancer afin de créer une œuvre musicale.

Par Valérie Martin

2 mai 2011 à 0 h 05

Mis à jour le 17 décembre 2019 à 17 h 12

Photo: Nathalie St-Pierre

Au premier coup d’œil, les 21 balançoires de l’installation en métal ressemblent à n’importe quelle autre balançoire. Mais lorsque l’on prend place dans l’un de ces engins, il se met à créer des sons. Imaginez la multitude de sons que l’on peut produire si plusieurs personnes viennent se balancer! «C’est une expérience collective, explique la diplômée Melissa Mongiat, du duo de designers Andraos & Mongiat, créateur de l’instrument de musique collectif de 30 000 pieds carrés. Plus il y a de gens qui participent, plus il y a de textures et de tonalités différentes. Les participants sont invités à jouer ensemble de manière à créer une œuvre musicale plus riche. La partition est entre leurs mains.»

Ce n’est pas tout! «Différents sons sont produits selon la manière de se balancer», ajoute la designer, également chargée de cours à l’École de design, au même titre que sa collègue Mouna Andraos. Aux passants donc de s’emparer de l’œuvre pour en découvrir toutes les subtilités!

Présentée jusqu’au 23 mai sur la toute nouvelle Promenade des artistes (à l’angle des rues Président-Kennedy et Jeanne-Mance), l’installation est le fruit d’un partenariat entre le Quartier des spectacles, l’UQAM, et ses facultés des sciences et des arts.

Coopération 101

Les balançoires n’ont pas pour seul but de nous faire retomber en enfance. Elles s’appuient sur une notion scientifique, la coopération, qui passionne Luc-Alain Giraldeau, vice-doyen à la recherche à la Faculté des sciences. Mis au parfum d’un éventuel partenariat entre l’UQAM et le Quartier des spectacles pour créer une œuvre à mi-chemin entre l’art et la science sur la Promenade des artistes, le professeur du Département des sciences biologiques a tout de suite proposé le thème de la coopération au duo de designers. «La coopération, c’est la somme des parties qui est plus importante que les parties, explique celui qui fait office de consultant scientifique sur le projet. Autrement dit, nous pouvons faire mieux ensemble que séparément.»

Selon le biologiste, la coopération est un phénomène rare dans la nature, surtout entre étrangers. «Les membres d’une famille ont tendance à coopérer entre eux de manière naturelle. Entre étrangers, c’est plutôt inusité. Les individus se méfient les uns des autres, ils ont peur de se faire avoir. Est-ce que l’art peut les motiver à coopérer pour mieux profiter d’une œuvre? C’est la question que nous posons avec cette installation.»

Une œuvre contemporaine

La notion de coopération s’inscrit tout naturellement dans la démarche artistique de Melissa Mongiat. Reconnue pour ses œuvres qui font participer le public, la designer a déjà présenté, dans le même quartier, une session de musique improvisée, Bloc Jam, en 2010, en compagnie de son acolyte, Mouna Andraos. La façade du pavillon Président-Kennedy était animée de projections colorées changeant aux rythmes de la musique créée par le déplacement des passants. «Nous entendons constamment parler de coopération : en économie, en politique… C’est dans l’air du temps, remarque Melissa Mongiat. L’installation des balançoires, c’est une façon poétique et ludique d’aborder ce thème.»

Andraos & Mongiat ont eu l’idée des balançoires pour offrir une pause aux passants et aux résidants du quartier. «Les gens qui fréquentent le lieu, principalement des étudiants du Complexe des sciences et des membres du personnel de la Place des arts, ne disposent pas de mobilier urbain où s’asseoir, explique Melissa Mongiat. Grâce à l’installation, les passants peuvent non seulement s’asseoir et prendre une pause, mais également habiter le lieu, s’engager, faire partie du décor.»

Scientifiques et artistes, même combat!

Selon Luc-Alain Giraldeau, il était tout naturel que la Faculté des sciences s’implique dans le projet. «Le Complexe des sciences est un acteur important du Quartier des spectacles, rappelle-t-il, puisqu’il abrite un important centre de vulgarisation scientifique, le Cœur des sciences. Ce dernier offre au grand public une programmation des plus variées : conférences, bars des sciences, films et autres événements culturels à teneur scientifique.»

Au même titre que les artistes, les scientifiques sont aussi des créateurs, estime le professeur. «Artistes et scientifiques se posent, chacun à leur manière, des questions sur le monde dans lequel nous vivons. La science peut également être créative et source d’émotion, les recherches en sciences ne génèrent pas que de l’utilitaire, mais aussi de la culture et de l’étonnement.»

21 balançoires, un exercice de coopération musicale est présenté jusqu’au 23 mai prochain sur la Promenade des artistes. L’installation est accessible tous les jours de 10 h à 23 h.