Près d’une cinquantaine de professeurs et de chercheurs de l’UQAM, dont Luc-Alain Giraldeau, vice-doyen à la recherche de la Faculté des Sciences, Yves Gingras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences, Donna Mergler, professeure émérite au Département des sciences biologiques et Louise Vandelac, professeure au Département de sociologie, ont signé un manifeste sur la question du gaz de schiste au Québec.
Le nouveau collectif scientifique, qui regroupe en tout quelque 80 chercheurs et universitaires, croit qu’il est urgent de décréter un moratoire sur le développement de l’industrie du gaz de schiste et demande que le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) récemment déposé au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs soit rendu public le plus rapidement possible. L’initiative du Collectif scientifique sur le gaz de schiste revient à la Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l’environnement, dirigée par sa titulaire, la professeure Lucie Sauvé.
Le manifeste estime que le développement du gaz de schiste ne repose sur aucune étude préalable ou débat public et que le gouvernement du Québec, dans cette affaire, cède les ressources de la province à des entreprises privées et impose à la population des risques écologiques, sanitaires et économiques, «à l’encontre du bien commun».
«Malgré le manque de transparence des promoteurs et la piètre qualité de leurs données initiales, le vaste débat social qui s’est animé au cours des 12 derniers mois a permis de mettre en lumière ou de construire et de partager de larges pans de savoirs sur la question. L’information dont nous disposons actuellement sur le projet du gaz de schiste et sur l’alternative énergétique nous amène à statuer sur la non pertinence du développement de cette filière gazière. Il s’agit en effet d’une entreprise extensive et invasive, dont les impacts se feront sentir sur un très large territoire et à long terme. Une telle industrie – en pleine zone agricole – porte atteinte à la qualité de l’eau et de l’air et pose des risques pour la santé et la sécurité des populations et des écosystèmes. Elle s’avère peu rentable et pourra même coûter cher à notre société en termes d’externalités», peut-on lire dans le communiqué.
Selon le collectif, le projet de développement du gaz de schiste présente plusieurs problèmes : changement de stratégie énergétique – sans débat social – avec l’entrée en scène du Québec dans la production et la consommation accrue d’hydrocarbures, alors qu’il importe de réduire les émissions de gaz à effet de serre; basculement du mode de gestion de nos ressources énergétiques vers le privé; et atteinte à la démocratie participative avec le maintien des dispositions aliénantes de la Loi sur les mines.
Les signataires demandent que soit stoppé le projet de développement du gaz de schiste, qu’il soit étudié sous toutes ses facettes — sociales, environnementales et économiques – «et que soient mises en place les conditions d’un processus démocratique conduisant à l’émergence d’une véritable stratégie énergétique axée sur l’efficacité et les énergies renouvelables, à la hauteur des aspirations, de la capacité inventive et des compétences existantes au sein de notre société québécoise.»
Pour plus d’informations sur le sujet: http://www.uqam.ca/entrevues/entrevue.php?id=879