Le rythme effréné de nos vies est source d’anxiété. Le boulot, les enfants, les soucis financiers ou les horaires trop chargés causent leur lot d’inquiétudes. Ces sentiments, même s’ils sont désagréables, sont cependant très différents des troubles anxieux, qui perturbent grandement la vie des personnes qui en souffrent. Le trouble d’anxiété généralisée (TAG) et le trouble panique avec agoraphobie (TPA) sont les troubles anxieux les plus courants. D’une durée d’au moins six mois, le TAG se caractérise par une inquiétude exagérée et répétée concernant des événements et des activités de la vie quotidienne.
Comme son nom le suggère, le trouble panique (TP) se manifeste par des crises de panique répétées et inattendues, accompagnées de sentiments de peur intense. Au cours des attaques de panique, plusieurs symptômes peuvent être observés : palpitations, douleurs thoraciques, étourdissements, peur de devenir fou ou de mourir. Les craintes de faire une nouvelle crise sont souvent associées à des comportements d’évitement (éviter de prendre l’autobus ou d’aller au centre d’achat, par exemple). «Les cliniciens diagnostiquent alors un trouble panique avec agoraphobie (TAP)», explique André Marchand, professeur au Département de psychologie.
Un traitement combiné
La majorité des patients souffrant de troubles anxieux ont au moins un autre trouble concomitant. Ainsi, il arrive très fréquemment que le TAG et le TAP se développent simultanément. Pour traiter ces troubles anxieux séparément, certains traitements sont efficaces, dont «l’approche cognitive et comportementale, avec parfois une médication», note André Marchand. Mais depuis un an, le professeur mène une étude dont l’objectif principal consiste à vérifier l’efficacité d’un traitement combiné et adapté aux besoins de patients aux prises à la fois avec un TAG et un TAP.
D’une durée de cinq ans, cette recherche est subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). C’est Joane Labrecque, psychologue à la clinique des troubles anxieux de l’Hôpital Louis H.-Lafontaine, un des partenaires de l’étude, qui a mis au point le nouveau traitement, dans le cadre de sa thèse de doctorat menée sous la supervision du professeur Marchand. «Joane Labrecque a utilisé les techniques efficaces pour l’un et l’autre troubles et les a jumelées, en enlevant les stratégies d’intervention moins pertinentes et en rendant le traitement compréhensible pour les patients qui présentent les deux troubles simultanément», explique André Marchand. Le traitement, qui a déjà été testé sur un petit groupe de patients, s’avère très prometteur. Comparé à la thérapie pour un trouble anxieux, qui dure de 14 à 18 séances, le traitement combiné en exige seulement 14. «Il est plus rentable en termes de temps et nous pensons qu’il sera plus performant», affirme André Marchand. En effet, il faut prévoir au moins 28 séances pour traiter séparément les deux troubles et quand on traite seulement l’un des deux, les symptômes associés à l’autre s’atténuent un peu, mais ne disparaissent pas totalement.
Mélissa Martin, qui terminera cette année son doctorat en psychologie, coordonne le projet de recherche, qui regroupe plusieurs chercheurs provenant de six institutions qui constituent les sites où sera évalué le traitement.
Recrutement
Au total, 160 personnes de 18 à 65 ans sont recherchées pour prendre part à cette recherche pendant les trois prochaines années. Les personnes intéressées doivent d’abord être évaluées et si elles satisfont aux critères de l’étude, elles pourront bénéficier gratuitement d’une thérapie individuelle de type cognitive-comportementale. D’une durée de 14 semaines, à raison d’une heure par semaine, celle-ci sera offerte par un psychologue membre de l’Ordre des psychologues du Québec. Des évaluations psychologiques seront effectuées 16 semaines après le début de la thérapie et ensuite après une période de 3, 6 et 12 mois. Cette recherche aura très certainement des retombées dans le milieu de la santé, croit André Marchand. «Une thérapie qui traite deux troubles simultanément, c’est rare.»
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Informations : Mélissa Martin
Coordonnatrice du projet
(514) 987-3000, poste 6926